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Par Marianne Taillefer, des AmiEs de la Terre de Québec Crédit photo : AmiES de la Terre de Québec Dans le cadre de la Journée mondiale contre Monsanto, 150 personnes se sont rassemblées lors des funérailles de la biodiversité organisées à Québec le samedi 19 mai, afin de dénoncer le contrôle par les grandes entreprises de notre agriculture et de notre alimentation, ainsi que l’utilisation de plus en plus importante de pesticides au Québec et au Canada. L’agriculture industrielle tue en silence : une tenue de deuil en guise de sonnette d’alarme Les citoyennes et citoyens étaient nombreux à porter une tenue de deuil pour envoyer un message fort aux membres élus, au provincial comme au fédéral. La biodiversité ne cesse de s’effondrer et les scientifiques nous alertent : la sixième extinction de masse est en cours. Seulement au Canada, la moitié des espèces de vertébrés contrôlées a connu un déclin de 83 % en moyenne entre 1970 et 2014 (1). « Nous sommes à un moment décisif où l’agriculture industrielle tue en silence. Les pesticides, les monocultures extensives, dont les cultures d’OGM, et les élevages intensifs sont responsables de la contamination de nos cours d’eau et de nos sols. Cela détruit les écosystèmes et les espèces bénéfiques à l’agriculture même ! », déclare Pascal Priori, président de Vigilance OGM. Concernant la santé humaine, de plus en plus d’études montrent la hausse fulgurante de nombreuses maladies, comme les cancers, les troubles du spectre de l’autisme ou des maladies neurodégénératives telles que le Parkinson. Les premières victimes sont les agriculteurs et leur famille, mais cela touche aussi toute la population (2, 3, 4). Bayer-Monsanto : symbole des dérives de l’agriculture industrielle L’acquisition de Monsanto par Bayer vient intensifier la concentration des entreprises agrochimiques. Avec Dow/DuPont et ChemChina/Syngenta, deux autres grandes sociétés récemment fusionnées, le trio contrôle à présent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales (5). Nous acceptons de perdre le contrôle sur notre alimentation au profit de grands groupes qui ne se préoccupent pas de la survie d’une agriculture familiale et qui ne respectent ni notre santé, ni celle de l’environnement (6). « C’est du jamais vu en terme de contrôle sur l’agriculture à travers les semences et pesticides. Les agriculteurs sont limités en terme de choix et deviennent, par le fait même, de plus en plus dépendants », déclare Maxime Laplante de l’Union paysanne. Un manque de vision politique alors que les solutions existent La population souhaite davantage de productions biologiques. Pourtant, le gouvernement du Québec comme celui du Canada continuent de subventionner davantage l’agriculture industrielle, tandis que les consommateurs n’ont d’autre choix que de se rabattre sur des produits importés. « La nouvelle Politique bioalimentaire présentée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec en avril dernier rate encore une fois l’opportunité de proposer un virage pour soutenir la transition vers une agriculture durable. Pourtant, l’inaction coûtera plus cher que la transition. Plusieurs partis politiques ne semblent pas avoir de vision sur la question de la concentration des entreprises agroalimentaires et sur les pesticides. Aujourd’hui, le PLQ, la CAQ et le PQ ne proposent aucune nouvelle solution », ajoute Pascal Priori. Les organisateurs appellent donc tous les partis politiques à se saisir de ces enjeux pour garantir une souveraineté alimentaire durable au Québec et au Canada. Il s’agirait, en particulier, de financer la transition vers une agriculture durable, soutenir une agriculture à petite échelle, mettre en place l’étiquetage obligatoire des OGM et des pesticides, interdire l’acquisition de Monsanto par Bayer, bannir tous les pesticides dangereux (glyphosate et tous les néonicotinoïdes) ainsi que de redéfinir le cadre d’homologation de tous les pesticides. Références: (1) Pour la moitié des espèces de vertébrés contrôlées, l’indice Planète vivante (WWF) révèle, en moyenne, un déclin de 83 % entre 1970 et 2014 (WWF, 2017). (2) Alors que l’industrie des pesticides affirme que ses produits sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale en pleine croissance, un rapport de l’ONU conclut qu’il s’agit carrément d’un mythe (Rapport de l’ONU 2017, dans Le Devoir, 9 mars 2017). (3) Parmi les pesticides sur le marché, on trouve des produits classés cancérigènes, mutagènes (pouvant produire ou augmenter la fréquence de défauts génétiques héréditaires) ou reprotoxiques (nocifs pour la fertilité), ainsi que de possibles perturbateurs endocriniens, capables d’interférer avec le système hormonal, même à des niveaux d’exposition très faibles (Le Monde, 3 février 2016). (4) L’incidence de la maladie de Parkinson est 10 % plus élevée dans les cantons viticoles français par rapport aux cantons sans viticultures (La Presse, 10 avril 2018) (5) Trois grandes sociétés nouvellement formées contrôlent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences (IPES-Food, 2017). (6) Les « Monsanto papers » ont permis de révéler les pratiques extrêmes de Monsanto (Le Monde, 18 mars 2017)