Par Andrée O'Neill Crédit photo : Pascaline Lamare « Se renouveler sans perdre son âme » : c’est le souhait qu’a formulé pour la rue Saint-Jean Louis Dumoulin, président du conseil de quartier Saint-Jean-Baptiste, le mardi soir 3 avril, à la séance de consultation sur les changements projetés pour le zonage des commerces de la rue Saint-Jean, entre les avenues Honoré-Mercier et de Salaberry. Répondant aux attentes des membres de la Société de dévelop- pement commercial (SDC) du Faubourg Saint-Jean, qui esti- ment que le zonage actuel freine l’implantation de nouveaux commerces dans les grands locaux vacants, dont des commerces de bouche et des commerces spécialisés comme des microbras- series, la modification au zonage prévoit, entre autres, le remplacement du contingentement en distance par un contingentement en nombre pour les bars, et l’extension de la superficie maximale autorisée (de 100 m2 à 500 m2) pour les restaurants. Caroline Houde, coordonnatrice-urbaniste à l’arrondissement, a souligné dans la présentation des modifications le besoin d’un juste équilibre entre l’absence totale de contingentement — notamment pour les bars, ce qui pourrait générer de très fortes nuisances comme dans le secteur de la Grande Allée, entre De Sénezergues et D’Artigny — et un zonage trop restrictif, qui mène trop souvent au refus des demandes pour l’ouverture de commerces novateurs ou de proximité. Les quelque 40 citoyens, citoyennes, commerçants et commerçantes de l’assistance se sont pour la plupart montrés en accord avec le projet, finalisé à la suite d’une réunion de concertation et de réflexion tenue le 14 juin dernier. Comme lors de la consultation préliminaire de juin, des participants et participantes ont réaffirmé l’importance de préserver les commerces de proximité et d’éviter l’invasion des grandes chaînes. Vincent Baillargeon, représentant du Compop, a fait valoir la nécessité de protéger et même d’agrandir le parc de logements existants dans Saint-Jean-Baptiste. Il a soutenu qu’il est primordial que l’assouplissement du zonage des commerces ne se fasse pas au détriment de celles et ceux qui habitent le quartier. Le conseil de quartier a donc approuvé le projet de modification au zonage et recommandera son adoption au prochain conseil d’arrondissement, avec une seule modification : l’inclusion dans la zone commerciale du Pub Nelligan’s (qui bénéficiait jusqu’à présent d’un droit acquis), ce qui porterait le nombre de bars permis à 11. La consultation a été suivie de l’assemblée générale annuelle du conseil de quartier, au cours de laquelle Jean-Michel Munger, du groupe Genius, partenaire de Quanta Architecture, a présenté la version finale du projet immobilier qui remplacera l’ancienne boucherie Bégin (un ou plusieurs commerces au rez- de-chaussée et dix unités de logement réparties sur les trois étages supérieurs). Sa présentation a suscité peu d’interventions. Une participante a déploré la mode florissante des fenêtres panoramiques dans les nouvelles constructions, qui transforment pratiquement en studios de télé-réalité les habitations, comme celles du futur 500, rue Saint-Jean. Un résident a pour sa part insisté sur l’urgence de démolir l’ancienne boucherie et de procéder au plus vite à la construction du futur immeuble. Au début mai, aucune démolition n’était encore commencée alors que le promoteur avait avancé à de nombreuses reprises que celle-ci serait effectuée en mars. Soulignons toutefois la rapidité avec laquelle ce dernier s’empresse d’effacer toute trace de l’expression artistique de celles et ceux qui s’opposent à ce projet.

Conseil de quartier : une consultation sans grands remous