Par Vincent Baillargeon Crédit photo : Véronique Laflamme C’est le 16 octobre dernier que Serge Roy, qui a occupé la présidence du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) de 1996 à 2001, a lancé son nouveau livre à la librairie Saint-Jean-Baptiste. Entouré d’une trentaine de personnes, le militant de longue date du Comité populaire nous a présenté Services publics : matériaux pour une société solidaire. Dans une écriture aussi accessible que théorique, Serge Roy nous expose en quoi la défense et l’appropriation des services publics ont une importance pour arriver à une société plus juste et équitable. Débutant en douceur avec la présentation d’un historique du néolibéralisme et des services publics, l’auteur nous amène rapidement dans un parcours des luttes passées. C’est ainsi qu’on nous brosse un portrait des luttes dans l’administration publique et, plus globalement, dans d’autres champs d’action, notamment féministes, syndicalistes, étudiants, environnementaux, ainsi que juridiques (notamment pour le droit au logement). Le chapitre quatre marque un tournant du livre. Si les trois premiers chapitres peuvent être un rappel pour plusieurs camarades, le chapitre « Les services publics comme rempart et outils de construction d’une société libertaire » présente une façon inédite de voir la place et le rôle de ces derniers dans la lutte pour une nouvelle société. La capacité et l’importance de nos services sont mises en évidence pour la réduction des inégalités et des discriminations, en plus de faciliter l’accès aux services de santé, d’éducation, d’eau potable et des transports. Par la suite, l’auteur revient sur une contradiction soulevée par plusieurs : la défense des services publics dans une posture libertaire* est contre-intuitive et contre-productive. Cependant, l’analyse de l’auteur nous amène à bien différencier services publics et État libéral, et c’est là toute la nouveauté. Il s’agit de se réapproprier par différents moyens l’appareil administratif et non plus le laisser entre les mains de l’État, qui aujourd’hui est considéré comme l’instrument du grand capital. Les expériences des cliniques médicales autogérées dans les années 1970 dans le quartier Pointe-Saint-Charles et Saint-Jacques à Montréal, le fonctionnement des CPE que l’on connait aujourd’hui, la lutte pour le logement avec les expériences de réappropriation des terrains et immeubles, comme la bataille de l’îlot Berthelot dans notre quartier, et les reprises d’usines en Abitibi sont quelques exemples de la capacité de la population de prendre le contrôle de son milieu de vie, et ainsi de créer un espace commun pour toutes et tous. L’auteur nous propose une conquête populaire des services publics pour parvenir à un idéal collectif. L’unité sociale, l’universalité, la gratuité, la gestion démocratique doivent être mises de l’avant pour atteindre ce nouveau régime qui serait en rupture avec le régime actuel. Dans cette pensée libertaire, le militant propose quelques pistes de solutions et d’actions dont certaines sont surprenantes et d’autres, tellement évidentes, que nous devrions les mettre en place dès aujourd’hui. Dans le but de ne pas vous enlever le plaisir de la lecture du livre, laissons l’auteur lui-même conclure cette présentation : « De nos jours, le pouvoir financier exerce sa domination sur l’ensemble des sociétés de notre planète. Les États ont été pris d’assaut par les politiciens qui tiennent à nous ramener aux vieux principes libéraux du XIXe siècle. Il y a donc un devoir de résistance pour préserver les services publics, les renforcer et les sortir des griffes du pouvoir d’un État " au service de la classe dominante ". » *libertaire : synonyme d’anarchiste Le livre : Serge Roy, Services publics : matériaux pour une société solidaire, Montréal, Écosociété, 2017.

Un autre avenir est possible, selon Serge Roy