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Par Marie-Ève Duchesne
Inspiré par des démarches d’autres villes au Québec et ailleurs dans le monde, le comité Aménagement urbain du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste souhaite lancer cet hiver une campagne afin d’imposer une réduction de la vitesse automobile à 30 km/h pour l’ensemble du faubourg Saint-Jean. On le sait, la circulation de transit est un irritant majeur pour les gens du faubourg. Enfants, parents avec poussette, personnes âgées, personnes à mobilité réduite, cyclistes, piétons, chacun et chacune a droit à la ville. Un usage responsable de l’automobile en est la condition, en particulier grâce à une modération des vitesses. Bien que la solution de réduire la vitesse à 30 km/h ne sera pas à elle seule la panacée pour régler ce fléau, elle demeure néanmoins un premier pas pour mettre un frein à la circulation de transit. 30 km/h : un maximum en milieu urbain.
La vitesse oblige le conducteur ou la conductrice à porter son regard loin devant, essentiellement sur la chaussée, l’isolant de son environnement immédiat, en particulier de ce qui se passe sur les côtés. La ville disparait au profit de la route et les usagères et usagers locaux en sont réduits au statut d’obstacles. C’est ainsi que l’enfant qui joue sur le trottoir et risque de s’élancer pour traverser la rue n’est pas vu. Plus le véhicule roule vite, plus sa distance d’arrêt s’allonge. L’accident devient donc presque inévitable. Or, s’il y a de fortes chances de s’en sortir à moins de 30 km/h, le piéton est tué à coup sûr avec un choc à 50 km/h. De plus, les nuisances sonores baissent également avec la réduction de la vitesse. En ville, tous ces bénéfices s’obtiennent contre un léger allongement de quelques secondes par kilomètre parcouru, négligeables à l’échelle d’un trajet complet. La limitation à 50 km/h doit donc devenir l’exception au lieu de la règle. Et pour le quartier Saint-Jean-Baptiste ? Le plan d'urbanisme à l’origine de la structuration du faubourg actuel a été conçu avant l'avènement de l'automobile.
Au départ, vu l'absence de trottoirs, les piétonnes et piétons se déplaçaient volontiers au milieu de la chaussée des rues résidentielles. Déjà à l'époque, les rues du quartier étaient partagées (piétons, vélos et chevaux). Avec l'automobile, qui fait figure d'intruse, piétons, piétonnes et cyclistes doivent s’effacer. On se retrouve aux prises avec l’encombrement des trottoirs et soumis aux dangers qui en découlent. L'éclairage, de type réverbère romantique, est remplacé par de puissants projecteurs qui inondent autant les façades que la chaussée. Si en 2017 l'automobile ne domine pas « encore » complètement le quartier, on peut dire qu'elle impose de plus en plus sa présence, et ce de façon souvent insidieuse avec une volonté toujours plus grande d’ajouter des espaces de stationnement ou de négliger le déneigement des trottoirs, par exemple. Le tout, avec l'aval des responsables de la voirie municipale. Plusieurs inconvénients majeurs de la circulation de transit aux heures de pointe sur des rues résidentielles, comme Sainte-Marie, Lavigueur et d'Aiguillon, sont régulièrement rapportés au Compop. Une situation que la population citoyenne « normale » tolère de moins en moins et que la Ville favorise.
Ce que nous voulons
Lors de l’assemblée générale du Comité populaire en septembre 2016, les membres ont adopté la proposition suivante : que l’organisme poursuive ses démarches afin de combattre les effets négatifs de la présence accrue de l’automobile dans le quartier et qu’il fasse campagne pour limiter la vitesse dans le faubourg à 30 km/h. Guidé par cette proposition, le comité Aménagement urbain s’est saisi de ce mandat et désire par cette campagne attirer l’attention de la Ville sur la diminution de la vitesse dans le faubourg. En attendant d’avoir un faubourg avec des rues pleinement partagées à 20km/h, nous souhaitons demander la réduction immédiate de la vitesse à 30 km/h (sauf pour la rue Sainte-Claire déjà à 20km/h) :
• Parce qu’il s’agit d’une question de sécurité pour les résidents et résidentes ;
• Parce que les rues de notre quartier sont d’abord et avant tout résidentielles et ne sont pas conçues pour permettre aux automobilistes de rouler à 50 km/h ;
• Parce que nombreux obstacles ornent les trottoirs obligeant plusieurs d’entre nous à marcher directement dans les rues ;
• Parce que cette mesure pourrait contribuer à diminuer la circulation de transit, véritable fléau dans le quartier ;
• Parce que notre vision du quartier Saint-Jean-Baptiste ne passe pas par l’automobile, mais bien par l’aménagement d’un quartier à échelle humaine ;
• Parce que d’autres villes comme Montréal ont déjà emboité le pas et que d’autres quartiers résidentiels de la Ville de Québec ont aussi leur vitesse limitée à 30 km/h ;
• Parce qu’il s’agit simplement d’une question de choix politique.
Un point de presse sera prévu pour l’hiver 2018 et un rassemblement devrait avoir lieu au printemps. D’autres actions sont aussi à l’ordre du jour.