Il y a 10 ans, le Comité populaire soumettait un plan d'aménagement alternatif pour le site de l’ancien patro SaintVincent-de-Paul. Illustration : Marc Boutin

Retour sur la séance de travail collective

Par Pascaline Lamare Le Comité populaire organisait le 16 novembre dernier une séance de travail collective dans le but de recueillir les besoins, avis et propositions des citoyens et citoyennes à la suite des résultats de la consultation populaire, relative au terrain de l'ancien patro Saint-Vincent-de-Paul (voir L’Infobourg de l'automne). Ces informations permettront d'établir des critères précis, qui pourront être défendus auprès de la Ville, ou utilisés dans le cadre d'un concours d'architecture.

Marc Boutin, géographe et ancien responsable du ComPop, a ouvert la soirée en faisant un bref historique du patro et de sa place centrale dans la vie et l'histoire du quartier. L'imposant édifice servait de pivot à la vie communautaire, jusqu'à ce que des bâtiments soient progressivement détruits et que la paroisse ferme ses portes. À l'époque, le ComPop y voyait une succursale de la Cinémathèque. De fil en aiguille, après un changement de zonage du terrain et son rachat par Jacques Robitaille (fondateur des hôtels Jaro), le terrain (d’environ 5 000 m²) est resté vague pendant plusieurs années, jusqu'à la destruction de sa façade et sa transformation en stationnement illégal. Dix ans après la démolition, et nonobstant les annonces annuelles de la part du propriétaire actuel, deux raisons poussent le ComPop à agir, en cette période pré-électorale. La première tient à l'actuel projet de loi sur la Capitale-Nationale (et le pouvoir d'expropriation donné à la Ville), la seconde à la possible réouverture du plan particulier d'urbanisme (PPU) pour y inclure six sites patrimoniaux, dont celui du patro. Sans surprise, les répondants et répondantes au sondage ont fait savoir leur opposition à la construction d'un hôtel et demandent plus de verdissement. Un avis partagé par la dizaine de citoyens et citoyennes présents à cette soirée, bien que les avis divergent sur la façon ou les moyens d'y arriver. L’atelier participatif, animé par Anabelle Drolet, membre du comité aménagement du ComPop, a permis de faire émerger quelques idées et d’en déconstruire d’autres. Parmi les diverses propositions faites par les citoyens et citoyennes, plusieurs concernent le verdissement, ce qui apparaît logique pour cet espace qui est une porte d'entrée vers la Haute-Ville. On pourrait y retrouver diverses essences d'arbres, créant ainsi un véritable poumon d’air pour cette zone à l’indice de canopée très faible, et en faire une esplanade où les gens pourraient se poser, boire un café et admirer la vue. Cet espace vert pourrait être au-dessus d’un stationnement, ce qui permettrait d’en assurer la rentabilité à long terme. On pourrait également y ériger plusieurs bâtiments à vocations multiples. Reste à déterminer quel pourcentage de la surface devrait être consacrée au verdissement. Un projet réalisé il y a quelques années par Renaud Corbeil, dans le cadre de ses études en architecture, a d’ailleurs été présenté aux participants et participantes. Le concept permettait de voir qu’il est possible d’arrimer plusieurs fonctions sur ce terrain, d’y construire des logements (notamment pour des familles), des espaces communautaires ou des bureaux, tout en le végétalisant et en conservant les percées visuelles. Deux écueils demeurent et sont externes au terrain du patro en lui-même. Le premier est son enclavement : la zone est isolée du reste du quartier par la côte d’Abraham et l’avenue Honoré-Mercier (avec le flot ininterrompu de circulation et le bruit occasionné), peu accessible aux piétons en l’état. Pour que les citoyens et citoyennes s’approprient ce qui sera fait à cet endroit, cela prendra des réaménagements importants, à la fois en terme de circulation automobile et d’accessibilité (faut-il prévoir une passerelle, ou réaménager l’accès plus naturel qui va de Saint-Augustin vers l’escalier Lépine ?) Le second concerne les potentielles constructions : peu importe ce qui sera érigé sur ce terrain, il faudra prendre garde que sa jouissance ne soit pas exclusivement réservée aux résidants et résidantes de la zone. Plus qu’une condition d’acceptabilité sociale, l’enjeu est également de pouvoir redonner à ce lieu sa qualité de pivot de la vie communautaire.


Le Compop interpelle la Ville : un permis d’hôtel, c’est non ! (La rédaction) Après avoir appris que le promoteur Jacques Robitaille s’était inscrit au registre des lobbyistes pour obtenir un permis de construction pour ériger un projet d’hôtel et d’unités d’habitation sur le site de l’ancien patro, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste exhorte la Ville à la patience. En effet, en septembre dernier, l’administration annonçait la réouverture du programme particulier d’urbanisme (PPU) de la colline Parlementaire afin d’ajouter des dispositions et des objectifs liés au développement de certains sites, dont celui de l’ancien Patro. Le Comité populaire presse le maire Labeaume d’entamer cette démarche avant d’octroyer quelque permis que ce soit, démarche qui obligerait la municipalité à faire un processus de consultation auprès des citoyens et des citoyennes. == Extrait du journal l'Infobourg de décembre 2016

Le patro, on en fait quoi ?