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Par Mathieu Nicolet Le 15 juin dernier, nous apprenions le décès de Gilles Lamontagne, ancien maire de Québec de 1965 à 1977. Certains en ont profité pour saluer un homme qui a beaucoup fait pour la ville. En creusant davantage dans ses réalisations en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire, son héritage est moins brillant. L’occasion, ici, de rappeler toutes les terribles erreurs commises sous son administration, dont certaines ne pourront malheureusement jamais être corrigées. Le monstrueux complexe G, l’aménagement infâme de la colline Parlementaire et la destruction de nombreuses demeures victoriennes historiques, l’élimination d’un quartier entier, le faubourg Saint-Louis, ainsi que le bétonnage de la rivière Saint-Charles porte la marque d’un élu prétendument visionnaire. Un héritage qui s’apparente à un véritable génocide culturel et patrimonial. Plus proche du quartier Saint-Jean-Baptiste et ayant un impact direct dans la vie de ce dernier, la construction de l’autoroute Dufferin-Montmorency constitue une erreur historique dans l’histoire de l’urbanisme. Une autoroute surdimensionnée créant une gigantesque saignée en basse-ville, générant une pollution sonore, atmosphérique et visuelle rarement égalée, éventrant un quartier tout entier et privant la population d’un accès naturel et aisé à la baie de Beauport. Une catastrophe dont le défunt faubourg Saint-Louis en porte encore les stigmates. Un héritage qui s’apparente à un véritable génocide culturel et patrimonial Ses intentions n’étaient certes pas mauvaises en soi. Les années 1960 et 1970 étaient une époque où la liberté individuelle et l’automobile furent érigées sur un piédestal. Le développement anarchique d’infrastructures, sans aucune reflexion globale ni études d’impact, était la norme et garant du développement économique, donc de la richesse. Cette politique en matière d’urbanisme a provoqué des désastres majeurs à l’échelle de l’ensemble des pays industrialisés. Cependant, force est d’admettre que les cicatrices laissées par ses décisions insensées ont causé un tort faramineux à la ville de Québec. Le roi du bulldozer et du béton a non seulement créé un grand traumatisme aux victimes de sa politique, mais il est directement responsable de fautes ahurissantes dont les citoyennes et citoyens des quartiers populaires de la Basse-Ville et de la Haute-Ville – Saint-Jean-Baptiste en tête – payent encore le prix fort. Chaque consultation d’archives rouvre la blessure d’un carnage total, et cela fait aujourd’hui toujours aussi mal. Pour rappel, l’ambition des décideurs d’alors était de transformer le quartier Saint-Jean-Baptiste en un gigantesque stationnement à ciel ouvert serti de blockhaus austères à l’image de l’hideux calorifère de la Grande-Allée. Cela a impliqué une stratégie inique visant à empêcher les propriétaires des maisons du quartier d’entretenir leurs maisons afin de pouvoir faire chuter leur valeur, ouvrant ainsi la voie à leur rachat ou à l’expropriation de gens déjà dans une grande pauvreté. Ce qui ouvrait une voie royale à la démolition des demeures. Un nettoyage qui avait pu être évité du mieux possible par une mobilisation citoyenne exemplaire et la création du Comité Populaire. Chaque consultation d’archives rouvre la blessure d’un carnage total, et cela fait aujourd’hui toujours aussi mal Aujourd’hui, une majorité de gouvernements a pris conscience de l’irresponsabilité des anciens dirigeants et s’attelle à corriger les choix terribles qui avaient été faits. Il faudra beaucoup de temps, énormément d’argent et d’énergie avant de guérir les blessures dans la mesure du possible. Dans ce contexte, il serait très malvenu d’accorder des funérailles civiques pour un ancien maire qui aura été davantage un destructeur qu’un bâtisseur. == Extrait du numéro de juillet 2016 du journal l'Infobourg