Des militant-e-s du FRAPRU se sont rendu aux bureaux de comté des ministres Bolduc et Blais pour leur faire une démonstration sur l'importance du seul programme de développement de logement social québécois : AccèsLogis.

La Société d’habitation du Québec et son programme phare de construction de logement social se retrouvent dans la tourmente. Coupures, démissions, remises en question, l’austérité n’augure rien de bon pour les locataires.

Par Nicolas Lefebvre Legault

Une vingtaine de militantes et de militants de Québec se sont rendu le 22 janvier dernier aux bureaux de comté du ministre de l’éducation, Yves Bolduc, pour lui expliquer l’importance du programme AccèsLogis. Après avoir laissé un tableau synthèse à son attachée politique, la caravane s’est rendue à Charlesbourg pour essayer de sensibiliser son collègue François Blais, ministre de l’emploi et de la solidarité. C’est une dizaine de ministres que des membres du FRAPRU ont rencontré ainsi aux quatre coins de la province.

Inquiétude du FRAPRU

Le FRAPRU ne cache pas sa profonde inquiétude quant à l’avenir d’AccèsLogis, le seul programme permettant encore le financement de nouveaux logements sociaux. Les mesures d’austérité appliquées par le gouvernement Couillard, de même que les contacts peu rassurants que l’organisme a eus avec des membres de la députation libérale et des hauts responsables de la Société d’habitation du Québec (SHQ), lui laissent craindre le pire.

« Au cours des dix dernières années, il ne s’est pas passé un seul budget sans que de nouveaux logements sociaux soient annoncés au Québec. Celui de juin 2014 a annoncé le financement de 3000 logements sociaux dont 1100 se réaliseront à Montréal et 440 à Québec. Le budget de 2015-2016 ne doit pas mettre fin à un tel financement et il ne doit pas non plus se réduire à une peau de chagrin, alors qu’il est déjà nettement insuffisant face à l’ampleur des besoins », explique François Saillant, coordonnateur du FRAPRU.

Démissions à la SHQ

Au moment où le FRAPRU tirait la sonnette d’alarme, le Presse canadienne révélait que deux membres du conseil d’administration de la Société d’habitation du Québec (SHQ) ont remis leur démission, citant l’ingérence politique dans la gestion de la société d’État. Selon l’un des démissionnaires, le c.a. de la SHQ est tenu dans le noir quant aux intentions gouvernementales. Ainsi, c’est dans les journaux que les administrateurs ont appris les plus récentes modifications au programme AccèsLogis.

Le FRAPRU ajoute que, suite aux compressions annoncées pour 2014-2015 à la Société d’habitation du Québec, celle-ci a dû suspendre tous ses programmes de rénovation domiciliaire, incluant ceux pour les propriétaires occupants à très faible revenu. À la mi-janvier, la SHQ a également modifié certaines modalités de financement du programme AccèsLogis, ce qui aura pour effet de compromettre plusieurs projets de logements coopératifs et sans but lucratif en voie de réalisation.

Le ministre réagi

En réaction à la tournée du FRAPRU, le ministre responsable de l’habitation, Pierre Moreau, n’a rien trouvé de mieux à dire que de vanter dans un communiqué le bilan passé de la SHQ sans toutefois s’engager pour l’avenir. « Dans le cadre de la révision des programmes, j’ai donné à la SHQ le mandat d’étudier différentes avenues qui permettraient de répondre efficacement aux besoins d’un plus grand nombre de personnes vulnérables tout en respectant la capacité de payer des Québécois. Nous n’avons certainement pas à rougir de notre bilan et nous continuons de travailler pour venir en aide aux personnes les plus démunies », a conclu le ministre Moreau. Voilà qui est bien insuffisant pour rassurer le FRAPRU.

À la défense du programme AccèsLogis