Libérer la parole

Vendredi, 18 novembre, Cégep de Limoilou, campus de Charlesbourg. La scène est plutôt rare : un peu plus d’une centaine de personnes de tous les âges sont réunies pour entendre parler des menaces qui pèsent sur le service public d’éducation. C’est l’assemblée d’ouverture des États généraux des mouvements sociaux des régions de Québec et Chaudière-Appalaches, qui se sont tenus sur deux jours.

La Coalition régionale opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, qui a pris l’initiative d’organiser l’évènement, voulait un projet collectif mobilisateur qui permette de rompre l’isolement relatif des différents mouvements et qui offre un contrepoids à l’unification de la droite. Avec une centaine de délégués provenant d’une trentaine de syndicats, de groupes populaires, d’associations étudiantes et de groupes de femmes, on peut dire « mission accomplie ».

La rencontre a permis de constater que la forte présence de la droite, notamment dans les radios poubelles, traumatise et paralyse (un peu) les mouvements sociaux. On pourrait parfois croire que les militants de la région sont timorés et très modérés. Or, il n’en est rien. Face à l’adversité, les gens ont simplement développé une mentalité d’assiégés et n’osent plus déployer leur audace et leur créativité.

Les États généraux ont permis, l’espace d’une fin de semaine, de créer un climat respectueux et sécuritaire. Les langues se sont déliées et la parole a été libérée. On a pu constater que des gens qui ne se connaissaient pas et qui, parfois, ne se faisaient pas confiance a priori, avaient finalement des valeurs et des préoccupations très proches. S’il fallait résumer en une phrase la volonté commune qui ressort de l’exercice, ce serait sûrement l’urgence de défendre, au nom de la justice sociale, des services publics accessibles, universels et gratuits.

L’autre grand constat qui ressort des États généraux est que les militantes et les militants ont encore envie de se battre. La solution à nos problèmes ne viendra pas d’un sauveur, mais de nous-mêmes : de notre capacité à nous organiser pour faire barrage à la droite et aux nantis et de notre capacité à « faire mouvement ». Lors de la séance de clôture, les délégués se sont donné le mandat de retourner à la base et de continuer le dialogue pour recréer une culture de mobilisation à Québec.

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Extrait du numéro d'hiver 2011 du journal l'Infobourg

Succès des états généraux des mouvements sociaux