Photo: Étienne Grandmont Par Nicolas Lefebvre Legault Près de 1 000 locataires ont défilé à Québec le 19 février dernier, à l’occasion de la manifestation de clôture de la Caravane du FRAPRU « en route pour le logement social ». Le mouvement pour le droit au logement veut un budget sur cinq ans pour construire 50 000 nouveaux logements sociaux dans la province. La mobilisation se poursuit le 12 mars prochain, à Montréal, avec les autres mouvements sociaux. Prendre la route pour le logement social Jeudi le 17 février, une dizaine de locataires de Québec est allée rejoindre le FRAPRU à La Tuque pour transformer symboliquement le bureau de comté de la ministre de la solidarité sociale en coopérative d’habitation. Ils et elles se joignaient ainsi à la Caravane du FRAPRU, qui sillonnait déjà le Québec depuis le 14 février. Sur la route, les militants et militantes du regroupement national ont « exproprié » des terrains, « acquis?» des immeubles à vendre en posant des panneaux, squatté un éléphant blanc (l’îlot Voyageur, à Montréal), organisé marches et actions (parfois deux par jour !), et ce, aux quatre coins de la province. Le soir venu, les locataires et leurs alliés locaux se sont instruits sur les squats, sur l’histoire des conditions du logement populaire et sur les orientations budgétaires du gouvernement. Ils ont mangé, fraternisé et dansé. À Québec, le 18 février, on a rebaptisé le boulevard Charest le « boulevard des 50 000 » et la rue de la Couronne, la « rue de la Crise du logement », on a parlé d’écoquartier en soirée et on a dansé jusqu’aux petites heures. Le lendemain, nous étions 1 000 à arpenter la Grande Allée. C’était ça, la Caravane ! L’idée de cette campagne pré-budgétaire originale est née l’été dernier durant les réflexions précédant le congrès du FRAPRU. Dans toutes les régions, on fait le même constat : avec une crise du logement qui se banalise et devant un gouvernement qui ne parle que de couper et de nous serrer la ceinture, on ne peut pas se permettre de s’en remettre aux traditions. Il est passé le temps des campagnes de lettres d’appui, des demandes de résolution au conseil de ville, des actions molles et des manifestations sans lendemain. L’heure est aux occupations et aux campagnes d’envergure pour marquer l’opinion publique. Et c’est comme ça que le 9 décembre 2010, Laurent Lessard, le ministre responsable de l’habitation (qui ignorait le FRAPRU depuis des mois), s’est retrouvé avec des locataires occupant ses bureaux dans trois villes différentes. Quelques jours plus tard, le FRAPRU obtenait une rencontre avec lui et une autre avec son collègue des finances le mois suivant. Pour sortir de la crise du logement Il y a 261 000 ménages qui ont un « besoin impérieux de logement » dans la belle province. Ce n’est pas le FRAPRU qui le dit, ce sont les chiffres du gouvernement fédéral. Les loyers sont rares et coûtent de plus en plus cher. À Québec, le deuxième centre urbain au Canada où il y a le moins de logements disponibles (le premier étant Victoria, sur la côte ouest), il manque 2 600 logements pour revenir à un marché équilibré. Nous sommes chanceux et chanceuses dans la vieille capitale, l’administration Labeaume a un préjugé favorable pour le logement social. Le maire a réussi à obtenir pour Québec plus d’unités de logement social que toutes les administrations précédentes. Il n’empêche que même avec 500 logements par année, il faudra encore cinq longues années avant de sortir de la pénurie de logement ! Il faut accélérer le pas et pour ce faire, le gouvernement provincial doit financer la construction d’un plus grand nombre de logements. En prenant la route pour le logement social, le FRAPRU revendique deux choses très importantes. La première a trait à l’obtention d’un budget récurrent sur cinq ans. Le Parti libéral l’avait promis lors de la dernière campagne électorale et l’a fait tout au long de son premier mandat. Sans budget récurrent, il est difficile de planifier le développement. Cela crée une compétition malsaine entre les promoteurs qui coursent contre la montre pour obtenir les précieuses unités. Et c’est épuisant pour les groupes du FRAPRU de devoir reprendre le bâton de pèlerin à tous les hivers pour obtenir la reconduction du programme de développement de logement social dans le budget. L’autre grande revendication est l’augmentation du nombre de logements. Depuis quelques années, on ne finance que 3 000 nouvelles unités par année dans la province. C’est un début, mais c’est nettement insuffisant puisque ça ne permet pas de garder la tête hors de l’eau. Si le gouvernement veut obtenir des résultats et espérer un jour sortir le Québec d’une décennie de crise du logement, il faudra faire beaucoup plus. Il devra créer au moins 50 000 logements… pour commencer. == Extrait de l'édition de mars 2011 du journal l'Infobourg

Le FRAPRU se mobilise : « Un budget sur cinq ans, 50 000 c’est urgent! »