Un air de déjà vu… Par Nicolas Lefebvre Legault Cet été, le centre-ville de Toronto sera coupé en deux pendant près de trois semaines par une imposante clôture protégée par quelque 15 000 policiers et militaires. Ça vous rappelle quelque chose? C’est normal puisque comme Québec en avril 2001, la « Ville-Reine » accueillera les 25, 26 et 27 juin une rencontre internationale d’importance : le G20. C’est la première fois depuis le fiasco de Gênes, où il y avait notamment eu un mort dans une manifestation, qu’un tel sommet se tient dans une grande ville. Un grand sommet capitaliste Le G20 a été créé en 1999, après la succession de crises financières qui ont frappé le monde durant les années 1990. Il s’agit en fait d’un G8 élargi pour cause de perte de crédibilité. Le G20 regroupe 19 pays riches et émergents, ainsi que l’Union européenne et des représentants de la Banque mondiale, du FMI et de l’OMC. Sont présents autour de la table des économistes et des banquiers des institutions internationales, les ministres des Finances des pays membres, ansi que les dirigeants des banques centrales et, depuis peu, les chefs d’État. Ensemble, les membres du G20 « représentent » 80% du commerce international, les 2/3 de la population du globe et 90% du Produit mondial brut. Partie de l’économie, le G20 se veut aujourd’hui un organe de gouvernance global d’obédience néolibérale (c’est-à-dire pour la dérégulation et la libéralisation des marchés). Depuis l’an dernier, le G20 est appelé à remplacer le G8 comme groupe principal s’occupant d’économie à l’échelle internationale. À ce titre, la rencontre de cette année veut relancer l’économie et la croissance mondiale. Pour se donner bonne conscience, les « leaders » parlent aussi d’environnement, entre autres, sans voir qu’il y a là une belle contradiction, comme l’illustre à merveille l’hypocrisie du pays hôte de la rencontre (qu’on pense au développement des sables bitumineux). Les décisions prises lors des rencontres du G20 ne sont pas nécessairement suivies d’actions, faute d’une mécanique administrative, mais elles ont un grand pouvoir d’influence sur les politiques nationales et internationales. Un contre-sommet populaire Depuis Seattle, et même avant, qui dit « Sommet », dit nécessairement « Contre-Sommet ». Toronto n’échappera pas à la règle. Un Sommet des peuples précèdera de peu le Sommet du G20 et sera suivi d’une grande « convergence communautaire et anticapitaliste » à l’appel du Toronto Community Mobilisation Network (une coalition de groupes communautaires, de syndicats, d’artistes et d’ONG, notamment). Ceux et celles qui appellent à la mobilisation contestent en fait la légitimité des « leaders » et leur bilan qui ne fait qu’accroître les inégalités. Le G20 ne représente pas les intérêts des peuples et de l’environnement, mais bien ceux des grandes corporations. Le réseau s’oppose également aux politiques d’ajustements structurels et aux plans d’austérité imposés par certains participants (FMI, Banque mondiale) aux pays en difficulté. Le réseau s’oppose de plus à l’utilisation du G20 comme outil de marketing par le Canada. Ce n’est pas vrai que tout va bien dans ce pays où la pauvreté est en progression, où les coupures dans les programmes sociaux sont la norme, où l’on réprime à qui mieux mieux et où l’on détruit l’environnement. Sans parler du nouvel ordre moral qui se pointe le bout du nez dans la décision controversée de ne pas inclure le planning des naissances dans l’initiative canadienne sur la santé maternelle et infantile. En opposition au monde sordide que le G20 nous impose, le réseau se prononce pour un système économique juste, permettant à la diversité de s’épanouir, un système démocratique dans lequel les communautés ont leur mot à dire sur les politiques qui les affectent, un système où « justice sociale » et « éducation » ne seraient pas des vains mots. Un peu comme à Québec en 2001, finalement…


Au programme de la résistance Si l’ordre du jour de réunions du G8 et du G20 est plus ou moins secret, celui de la résistance est on ne peut plus public. En voici les grandes lignes : 18 au 20 juin : Sommet des peuples 2010 25 juin : Journée d’action communautaire 26 juin : Grande manifestation unitaire (des syndicats aux anticapitalistes), suivie d’une convergence anticapitaliste, « Get off the fence », organisée par le Southern Ontario Anarchist Resistance, elle-même suivie d’un grand party de rue anticapitaliste en soirée. 27 juin : Journée d’actions directes À noter : Le Toronto Community Mobilisation Network a produit une importante Déclaration de respect et de solidarité dans laquelle sont réaffirmés les principes de « diversité des tactiques ». Comme à Québec en 2001, la ville et les actions seront divisées en zones, selon le degré de risque encouru par les participants et participantes. Le principe est amené un tout petit peu plus loin dans le cas de Toronto puisque les résistants et résistantes du réseau s’engagent formellement à respecter l’intégrité et la propriété privée des gens de Toronto.


Pour se rendre à Toronto Nostalgiques du Sommet des Amériques? Vous aimeriez revivre l’expérience? Un groupe de Québec, Actions anti-G20 Québec, se mobilise et organise un transport collectif en autobus vers Toronto. Sur place, le Toronto Community Mobilisation Network organise un hébergement collectif. Vous pouvez obtenir plus d’information (et réserver une place dans l’autobus de Québec) en écrivant à l’adresse courriel suivante : qcvsg8g20@gmail.com.


Pour en savoir plus Ce texte a été préparé à l’aide de Coup de semonce, le journal de la Convergence des luttes anticapitalistes 2010. On peut le télécharger en visitant le site suivant : a href=http://www.clac2010.net>www.clac2010.net<ùa> == Texte extrait du numéro de juin 2010 du journal l'Infobourg

Rencontres au Sommet à Toronto