Par Mathieu Houle-Courcelles Régis Labeaume a beau être assez riche pour se payer une campagne électorale, il peut maintenant compter sur l’appui financier du gratin de la ville de Québec pour assurer sa réélection. Une petite recherche à travers le rapport officiel des contributions reçues par l’Équipe Labeaume en 20081 révèle que plusieurs groupes d’intérêt ont contribué généreusement à la caisse de ce parti. Le portrait que l’on peut en tirer permet de mieux identifier ceux et celles qui tentent d’acheter un peu d’influence du côté de l’hôtel de ville. Des ingénieurs, des avocats, des promoteurs… Quelques compagnies se dégagent du lot. Prenez par exemple la firme BPR, un bureau d’ingénieur-conseil qui a été mêlé au cours des deux dernières années à plusieurs affaires de trafic d’influence dans le monde municipal2. Une demi-douzaine de ses cadres (et leurs conjoints et conjointes) ont versé une somme d’au moins 7 500$ à l’Équipe Labeaume l’année dernière. Un partenaire de BPR dans plusieurs contrats controversés, la firme Dessau, a également mis la main dans sa poche. Ses représentants ont donné au moins 4 500$ au parti de Régis Labeaume en 2008. Le groupe d’hommes d’affaires derrière le projet du nouveau Colisée s’est montré généreux. Quatre d’entre eux ont donné l’équivalent de 3 000$ à l’équipe du Maire. Rappelons que le don maximum autorisé est de 1000$ par année pour chaque électeur. D’autres contributeurs ont un lien direct avec les enjeux soulevés par le Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la colline Parlementaire. Ainsi, le lobbyiste Jean Lemay (qui travaille pour le consortium formé par l’homme d’affaires Tony Accurso et le Fonds de solidarité de la FTQ afin de permettre l’agrandissement de Place Québec), la vice-présidente du groupe La Capitale (qui va doubler la superficie de son siège social derrière le complexe G) et Jean Baillargeon (qui préside les consultations publiques sur l’avenir du Manège militaire) ont chacun versé de l’argent à la caisse électorale d’Équipe Labeaume, tout comme plusieurs firmes d’architectes, de construction et d’ingénierie. Les règles de financement des partis politiques ont beau interdire les contributions des entreprises, elles n’empêchent pas à ces mêmes compagnies d’obtenir le même résultat de façon indirecte, un don personnel à la fois. On n’a qu’à voir la levée de fonds organisée le printemps dernier par Équipe Labeaume : plus de 50 000$ amassés lors d’un cocktail tenu dans un local du Port de Québec où le « Who’s who » s’était rassemblé pour acclamer le nouvel homme fort de la Vieille-Capitale. À côté de cela, le RMQ et le Défi Vert font figure de parents pauvres… du moins jusqu’au jour où ils réussiront, à leur tour, à (re)prendre le contrôle de l’hôtel de ville. C’est bien connu : l’argent aime le pouvoir (et vice versa). 1 Au total, l’Équipe Labeaume a récolté 87 750$ entre le mois de juin et le mois de décembre 2008. Les rapports financiers des partis politiques municipaux sont disponibles en faisant la demande à la Ville de Québec. 2 Pensons seulement au scandale des compteurs d’eau à Montréal ou encore à l’embauche de l’ex-maire de Rivière-du-loup, Jean D’Amour, comme lobbyiste auprès de la municipalité qu’il dirigeait. 3 Le nom de Régis Labeaume n’apparaît pas dans la liste des donateurs de son propre parti, pas plus que celui des autres membres du comité exécutif. == Et les autres partis? En 2008, le Renouveau municipal de Québec (RMQ) a recueilli la somme de 76 430$ en contributions. Contrairement à l’Équipe Labeaume3, les principaux donateurs sont avant tout les personnes élues du parti et leurs proches. Quelques noms se démarquent du lot, comme l’ancienne chef Ann Bourget, la députée Agnès Maltais, le restaurateur James Monti ou encore le propriétaire immobilier Bertin Vachon. Du côté du Défi Vert, c’est un maigre 517$ qui a été récolté… grâce aux dons du chef, Richard Domm, et du président, François Bédard. == Extrait du numéro d'octobre 2009 du journal l'Infobourg.

Financement électoral - Équipe Labeaume Inc.