Québec, le 11 février 2009 - La situation générale des locataires s’est davantage améliorée à Québec que dans le reste de la province entre les recensements de 2001 et de 2006. Cette amélioration est toutefois compromise par l’effet combiné de la crise économique et de la pénurie de logements locatifs qui continue de frapper très durement la municipalité. C’est à ces conclusions qu’en sont arrivés le Front d’action populaire en réaménagement urbain et trois de ses groupes membres de Québec, lors de la présentation des données locales du Dossier noir sur le logement et la pauvreté au Québec que le FRAPRU vient de publier.

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Écoutez la présentation de François Saillant

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Ce dossier montre que le nombre de ménages locataires consacrant plus que la norme de 30 % de leur revenu au loyer à Québec est passé de 40 485 en 2001 à 37 905 en 2006. Quelque 34,8 % des locataires de la Capitale vivent tout même encore cette situation critique. Parmi ceux-ci, 17 340 engouffrent plus de 50 % leur revenu en loyer dont 7030 plus de 80 %, ce qui ne peut se faire qu’au détriment des autres besoins essentiels, au premier chef la nourriture. Selon les organismes, la diminution du nombre de ménages locataires en difficulté s’explique par la hausse appréciable du revenu de la majorité des locataires de Québec entre 2001 et 2006. Le revenu médian des locataires de la ville est passé de 25 574 $ à 29 929 $ entre les deux recensements, pour une augmentation de 17,0 %. Cette hausse a été de 12,8 % à l’échelle du Québec. Cette augmentation due à la croissance de l’emploi a diminué l’impact de la hausse des loyers qui a été de 15,8 %, ce qui est bien supérieur à la progression de l’Indice des prix à la consommation qui a été de 11,6 %. Le loyer médian qui était de 493 $ à Québec en 2001 atteignait 571 $ en 2006. Les augmentations ont été encore plus sévères dans certains secteurs de Québec. Nicolas Lefebvre Legault, du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, fait remarquer qu’elle atteint 20,4 % dans ce quartier de la Haute-Ville : « En 2001, le loyer était à peu près le même dans Saint-Jean-Baptiste qu’à l’échelle de la ville. Il est maintenant de 25 $ de plus par mois ! Pourtant, les locataires du quartier demeurent généralement plus pauvres que ceux de l’ensemble de la ville ». Crise économique et pénurie de logements : un cocktail dangereux Tout en admettant que la longue période de croissance économique vécue à partir du milieu des années 1990 a généralement profité aux locataires de la Capitale, François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, s’inquiète des effets de la récession économique : « Si elle s’avère aussi sérieuse que prévu, la crise entraînera son lot de pertes d’emplois qui feront chuter le revenu médian des locataires. C’est ce qui est arrivé au début des années 1990 alors que la récession a fait augmenter de 36,8 % le nombre de locataires consacrant plus de la moitié de leur revenu au loyer à Québec ». Les organismes s’inquiètent d’autant plus des effets de la crise que celle-ci survient dans un contexte de pénurie extrême de logements locatifs. Le dernier Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement indique que le taux de logements inoccupés a atteint 0,6 % dans la région métropolitaine de Québec à l’automne 2008, ce qui représente le plus bas taux depuis 2003 alors qu’il était de 0,5 % et que tous les intervenants s’entendaient pour parler de « crise du logement ». Cheryl-Ann Dagenais, du Comité logement d’aide aux locataires de l’ouest de Québec fait remarquer que la rareté de logements locatifs est encore plus grande dans le cas des logements familiaux : « Dans le secteur Sainte-Foy, Sillery, Cap-Rouge et Saint-Augustin, le taux de logements inoccupés des logements de trois chambres à coucher et plus est de 0,1 %. La situation pourrait difficilement être plus critique ». Chantal Gariépy, du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, évalue pour sa part que cette rareté pourrait à nouveau se répercuter sur le coût des loyers. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit depuis le recensement alors que le loyer moyen a augmenté de 5,2 % de plus à l’échelle de la région métropolitaine. « Quand il manque de logements, comme c’est le cas présentement, ce sont les propriétaires qui ont le gros bout du bâton. Or, rien n’indique que la situation soit à veille de s’améliorer ». Selon le FRAPRU et ses groupes membres de Québec, le contexte actuel de crise économique et de pénurie de logements locatifs devraient inciter le gouvernement québécois à redoubler d’efforts du côté du financement de nouveaux logements sociaux dans son prochain budget prévu pour mars.

Logement et pauvreté à Québec : des progrès déjà menacés