par Marline Côté Enfourcher son vélo pour aller au travail, le garer en toute sécurité à l’épicerie, remonter tranquillement la rue Saint-Jean et le laisser finalement dans sa cour intérieure, l’esprit tranquille, fier-e d’avoir épargné un kilo de gaz carbonique à l’atmosphère et d’avoir dépensé quelques centaines de calories : peu de gens peuvent se vanter d’un tel exploit, pourtant bien simple. C’est que les infrastructures pour faciliter le vélo utilitaire dans le quartier sont peu nombreuses, voire inexistantes. Mais les commerçant-es du quartier pourraient bien prendre le taureau par les cornes. Devant la lenteur administrative de la Ville, Pierre Bernier, de Muséo Vélo, lance aux commerçant-es l’invitation de mener eux-mêmes à bien certaines initiatives. « Mes propositions, même les plus audacieuses, ont reçu un accueil assez positif à l’Association des gens d’affaires du faubourg (AGAF) », explique M. Bernier. Une voie cyclable à contresens pourrait ainsi voir le jour sur la rue Saint-Jean, dans la zone grise utilisée par les camions de livraison. « Cette piste cyclable aurait l’avantage additionnel de diminuer la vitesse des automobilistes, qui n’auraient plus qu’une voie pour circuler », commente M. Bernier. À sa suggestion, RONA a aussi installé une barre de métal pour garer les vélos sur l’un de ses murs extérieurs. D’autres commerces pourraient emboîter le pas. « Le manque de supports est criant », indique M. Bernier. À l’heure actuelle, il n’y a qu’une dizaine de supports à vélo dans le quartier. À la Ville, le conseiller Pierre Maheux reconnaît l’urgence du problème et rappelle qu’un plan directeur du réseau cyclable est en cours de rédaction à la Ville. « Le problème du quartier Saint-Jean Baptiste est le manque d’espace. Pas juste pour le vélo. Pour tout. Il faut trouver de l’espace pour les vélos sans contrer la circulation piétonne. C’est pas évident », explique M. Maheux. Bien sûr, rien, dans la réglementation de la Ville, n’interdit de garer sa bicyclette contre les parcomètres. « Mais rien n’empêche non plus de couper un cadenas et de déplacer un vélo si nous devons effectuer des travaux routiers ou si un vélo est considéré comme nuisible là où il est garé », indique-t-on à la police de Québec. Il faudrait aussi accroître la sécurité dans le quartier, selon M. Bernier. La police de Québec a reçu 240 plaintes de vols de vélo en 2005 pour l’arrondissement de La Cité et une cinquantaine depuis le début de l’année. « J’offre à certain-es de mes client-es d’entreposer leur vélo quelques heures pour faire des courses, mais le mieux serait d’avoir des supports à vélo dotés de systèmes de cadenas spéciaux, permettant de barrer les deux roues et le vélo ensemble», poursuit M. Bernier. Pascal Laliberté, de Vélo-Ville, se réjouit des initiatives de M. Bernier et de l’AGAF : « Il y a beaucoup, beaucoup de travail à faire dans le quartier Saint-Jean Baptiste. Heureusement, on sent que les choses vont bientôt commencer à bouger. » M. Laliberté suggère aussi de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, comme à Montréal, où des quartiers aussi densément peuplés ont réussi à mener à bien d’intéressantes initiatives en matière de vélo utilitaire. == Extrait du numéro d'été 2006 du journal l'Infobourg.

Vélo utilitaire - Des commerces prennent le taureau par les cornes