- Accueil
- À Propos
- Journal l'Infobourg
- Campagnes- Rue Saint-Jean
- Urgence d'occuper !
- 30 km/h dans le Faubourg Saint-Jean-Baptiste
- Rues partagées
- Patro Saint-Vincent-de-Paul
- Tourisme et Airbnb
- Coopérative d'habitation La Contrescarpe
- (Archives) Rues partagées : rue Sainte-Claire
- (Archives) Boucherie Bégin
- (Archives) Coopérative La face cachée
- (Archives) Défendons nos logements sociaux
- (Archives) Pédaler dans le quartier
- (Archives) Circulation de transit D'Aiguillon
- (Archives) Coop l'Escalier
 
- Nouvelles
- Soutien aux initiatives
- Documentation

Crédit photo : George Lefebvre
Par George Lefebvre
Cet article a été écrit avant la mise de côté du projet de loi par François Legault le 25 septembre dernier. La rédaction a tout de même pris la décision de conserver le texte afin de faire honneur aux luttes menées et pour garder en tête les enjeux problématiques de ce projet de loi qui pourraient revenir sous une nouvelle mouture dans les prochains mois.
En août dernier, je suis allé faire du camping sauvage avec une de mes meilleures amies.
Euh, non, en août dernier, je suis allé au Camp Souveraineté, au kilomètre 134 du chemin Parent, quelque part à quelques heures de chemins forestiers de distance de la Tuque, avec une de mes meilleures amies.
Le checkpoint Parent, c’est un blocage forestier tenu par les chefs héréditaires et les gardien·ne·s du territoire afin de protéger les territoires ancestraux de la Nation Nehirowisiw Aski du nouveau projet de loi 97, « loi visant principalement à moderniser le régime forestier », la nouvelle idée de marde de François Legault et sa gang de gestionnaires.
Quand on m’a demandé d’écrire un texte sur la lutte contre le PL-97, j’ai hésité quelques jours, et je me suis beaucoup questionné si c’était vraiment ma place de prendre la parole sur cet enjeu. En tant que militant allochtone, en tant que personne qui vit au centre-ville de Québec, qui n’habite pas le territoire en question, qui n’est pas vraiment en échange avec la forêt, qui n’est pas directement concerné, en tant que personne qui comprend peu le jargon légal des propositions de projets de loi et qui a une compréhension limitée de l’industrie forestière, qu’est-ce que je pourrais vraiment apporter à la conversation ? Il y a tellement de voix plus pertinentes que la mienne sur le sujet, mais en y pensant, j’ai réalisé que ce que ces voix disaient, c’était d’en parler, d’être solidaires, de s’informer sur le sujet. Et, en tant que citoyen, en tant que militant pour la justice climatique et sociale, en tant que personne qui aime la forêt et les animaux et la biodiversité et qui voudrait qu’il en reste pour les générations à suivre, en tant qu’humain, qui s’oppose à la privatisation du territoire et qui défend les droits et pratiques ancestrales des premières nations, c’est définitivement ma place d’en parler. C’est notre place à toustes d’en parler, parce que ce projet-là, ce plan de destruction de notre habitat, il concerne tout le monde.
Le PL-97, pour résumer, propose de diviser le territoire québécois en trois zones :
- les zones prioritaires (zones de coupe quasi-totale ou les lois environnementales ne s’appliqueraient pas, allant jusqu’à interdire de désigner des aires protégées, des refuges biologiques, des réserves de biodiversité, etc., peu importe ce que les compagnies forestières trouvent sur leur chemin) ;
- les zones multiusages (zones partagées entre la coupe et les autres utilisateur·rice·s, mais où l’industrie forestière serait responsable de gérer les activités sur le territoire et de consulter les autres utilisateur·rice·s du territoire) ;
- les zones de conservation (zones identifiées non pas par des experts de la biodiversité, de la protection de la forêt ou des territoires autochtones ancestraux, mais bien par des gestionnaires haut placés, forestiers en chef et ministres, sans réelle consultation (à huis-clos, sur invitation seulement et fermée au public) avec la population, les nations occupant le territoire ou encore les syndicats représentants les travailleurs de l’industrie).
Bref, ce projet de loi qui prétend être une réponse à la crise climatique (wow bravo on protège le tiers des forêts), n’est en fait qu’un show de boucane prévoyant complètement donner la priorité à l’industrie, ignorant la recherche scientifique et les données probantes, allant jusqu’à redéfinir des concepts comme la gestion écosystémique (qui propose la forêt naturelle comme cadre de référence, visant à maintenir les écosystèmes et la biodiversité en diminuant les différences entre la forêt aménagée et la forêt naturelle), choisissant d’ignorer les inquiétudes des groupes de défenses des droits autochtones, des groupes de défense environnementaux et des citoyen·ne·s, bloquant les processus démocratiques de questionnements de la population québécoise et de résistance face au projet de loi.
Le Camp Souveraineté n’est pas unique dans son initiative, loin de là. Depuis le mois de mai, différents blocages et campements ont vu le jour un peu partout au Québec, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes, des pétitions signées, tout ça dans le but que le projet de loi ne voit jamais le jour. Au moment où j’écris ces lignes, plusieurs initiatives de solidarité allochtone sont en marche, et différents événements auront lieu cet automne pour manifester contre ce projet de loi aberrant. Les gardien·ne·s du territoire sont toujours sur place, à bloquer au jour le jour les nouveaux camions qui essaient de rentrer sur les territoires protégés, et continuent de demander du renfort, que ce soit sous forme de dons de matériel ou en tant qu’effectif humain. Si vous ne pouvez pas vous rendre sur place, il est tout à fait possible de résister d’autres façons, que ce soit en allant à des manifestations ou des événements bénéfices, en faisant directement des dons aux campements, ou juste en continuant de vous garder informé·e·s sur l’évolution de la situation, en partageant le mot autour de vous et en écoutant et mettant de l’avant les voix des communautés directement touchées. Ce texte ne présente que la pointe de l’iceberg, il y a tellement d’enjeux que j’ai à peine touchés et je vous invite à consulter les ressources énumérées plus bas et à en lire et voir plus sur le sujet !
La forêt, c’est la maison, la maison, on la protège. La lutte continue !
RESSOURCES
Mes explications du projet de loi viennent majoritairement du site de la SNAP (Société pour la nature et les parcs), qui va plus en détails sur les enjeux environnementaux du projet. https://snapquebec.org/campagne-foret-je-te-soutiens/
Pour comprendre plus en profondeur les enjeux soulevés par les gardien·ne·s du territoire et les questions de souveraineté des territoires ancestraux, le récit numérique de Radio-Canada « Projet de loi 97 : les solitudes de la réforme du régime forestier » par Shushan Bacon et Simon Filiatrault et publié le 25 juin 2025 est une excellente lecture : https://ici.radio-canada.ca/ recit-numerique/13273/reforme-foresterie-quebec-autochtones
Pour des images des campements et des entrevues avec les gardien·ne·s, la chaîne YouTube Rad de Radio-Canada a fait un reportage vidéo assez intéressant où la journaliste Julia Pagé est allée passer une nuit sur un campement : https://youtu.be/ CViBgU2jHOU?si=om6F8vfyXsojrOb1
Comptes à suivre sur les réseaux sociaux pour être tenu·e·s au courant :
Front de Résistance Autochtone Populaire, @frap_autochtone sur Instagram
Camp Souveraineté km134, @checkpointparent sur Instagram
Collectif Appui aux Mouvements des Premiers Peuples, @collectif_ampp sur Instagram
Emily Fleming-Dubuc, activiste Inuk qui partage énormément sur les campements et fait beaucoup d’éducation populaire, @emily_
 
       Facebook
 Facebook Google+
 Google+ LinkedIn
 LinkedIn Twitter
 Twitter


