Crédit photo : Suzie Genest 

Par Pascaline Lamare 

Le 4 septembre dernier, le 556, Carré Lépine a résonné d’une effervescence particulière. CKIA, la radio communautaire du centre-ville de Québec, inaugurait officiellement sa Maison de la radio, un projet qui témoigne d’une volonté ferme : ancrer la radio comme outil d’intervention sociale et culturelle dans le quartier. 

Une histoire de persévérance 

Fondée en 1984, CKIA a longtemps dû naviguer d’un local à l’autre, au gré des déménagements forcés et des ressources limitées. L’achat d’une maison au coeur de Saint-Roch et sa transformation en lieu pérenne pour les studios de la station marquent un véritable tournant. Pour un organisme à but non lucratif, devenir propriétaire est bien plus qu’un geste immobilier : c’est assurer une stabilité à long terme, se libérer de la précarité locative et consolider un ancrage durable dans la communauté. 

L’acquisition a été rendue possible grâce à un montage financier combinant emprunt bancaire, obligations communautaires et soutiens publics. CKIA a pu compter sur près de 500 000 $ de subventions, dont une subvention majeure du Programme d’immobilisation en entrepreneuriat collectif (PIEC) d’Investissement Québec, ainsi que sur l’appui de la Ville de Québec, qui a contribué tant à l’achat qu’aux travaux de rénovation, en plus d’un soutien spécifique pour rendre le rez-de-chaussée accessible. Ce coup de pouce institutionnel, conjugué à l’implication directe des partenaires communautaires et des citoyens, illustre à quel point la Maison de la radio est l’affaire de tout un milieu. 

Des obligations communautaires pour une radio communautaire 

Pour financer les travaux de rénovation, la station a lancé une campagne d’obligations communautaires, un outil de financement innovant et solidaire qui permet aux citoyen·n·es de prêter de l’argent à un organisme, avec la garantie d’un remboursement et d’un intérêt modeste. En quelques semaines, 75 000 $ ont été réunis grâce à l’appui de dizaines de personnes de tous âges et de toutes conditions. Le Fonds l’Ampli a ensuite doublé la mise, donnant ainsi un souffle déterminant au projet. Cette réussite illustre que la radio appartient à sa communauté, qui a su démontrer sa solidarité. 

Une inauguration à l’image du milieu 

L’événement d’inauguration a rassemblé une mosaïque d’acteurs politiques, sociaux et culturels. Jean-Yves Duclos, député fédéral de Québec-centre, et Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal de Saint-Roch–Saint-Sauveur, ont pris part aux célébrations, aux côtés d’alliés de longue date de la vie communautaire, comme Emeline Le Guen (Fonds l’Ampli), Marie-Noëlle Béland (Engrenage Saint-Roch), Roseline Roussel (Pignon bleu) et Caroline Boivin (Lanterne architectes), qui a piloté la rénovation. 

À 16h30, un moment d’émotion a marqué la cérémonie avec l’inauguration du studio Mario Germain, en hommage à ce membre fondateur de CKIA, en présence de sa conjointe Sylvie Bernier et de Monique Lapointe, également fondatrice et toujours active au conseil d’administration. 

Une radio qui donne la parole 

Fidèle à sa mission, CKIA a célébré son inauguration en direct, avec une émission spéciale animée par Rémi Giguère, la nouvelle voix de Québec, réveille !. De 17 h à 19 h, il a reçu plusieurs producteurs et productrices de la saison 2025-2026, donnant ainsi le ton : la Maison de la radio sera un espace vivant, ouvert à la pluralité des voix et des luttes. 

La soirée s’est conclue par deux prestations gratuites et festives de Margaret Tracteur et Lecoq, confirmant que la radio n’est pas seulement une fréquence, mais un carrefour culturel et social. 

Un acteur du quartier 

En s’installant au coeur de Saint-Roch, CKIA réaffirme son rôle : celui d’une radio citoyenne qui défend les droits et intérêts des classes populaires, qui amplifie les voix trop souvent marginalisées et qui participe activement à la vie du quartier. La Maison de la radio n’est pas seulement un lieu : elle devient un symbole de résistance et de solidarité, à l’image de la communauté qui l’a rendue possible.