Montréal, le 15 décembre 2005
Communiqué de presse - Pour publication immédiate

Selon le FRAPRU, c’est de logements à bas loyer qu’il manque maintenant

«La crise du logement s’est transformée, mais il y a toujours une crise du logement !». C’est en ces termes que le coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, a commenté les données sur les logements locatifs publiées aujourd’hui par la Société canadienne d’hypothèques et de logement. M. Saillant en voit deux preuves. La première est la très grande rareté de logements à bas loyer qui subsiste dans des régions comme Montréal, Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières et même Gatineau où le taux général de logements inoccupés a pourtant remonté jusqu’à 3,1 %. La seconde est la hausse des loyers qui est, encore cette année, supérieure au taux d’inflation.

Une pénurie de logements à bas loyer

Le FRAPRU constate que la pénurie générale de logements a continué à s’estomper dans la région métropolitaine de Montréal où le taux de logements inoccupés est maintenant de 2,0 % et surtout de Gatineau où elle a remonté à 3,1 %. Malgré une légère amélioration, la situation générale demeure cependant très pénible à Sherbrooke où le taux de logements vacants est de 1,2 %, à Québec où il est de 1,4 % et à Trois-Rivières où il est de 1,5 %. Dans plusieurs centres urbains du Québec, le taux de logements inoccupés est très préoccupant, dont Val d’Or (0,1 %), Rimouski (0,4 %), Gaspé (0,4 %), Saint-Jean-sur-le-Richelieu (0,5 %), Cowansville (0,9 %), Magog (1,0 %) et Joliette (1,0 %).

Selon le FRAPRU, il faut cependant aller plus loin que les taux généraux d’inoccupation pour juger de la disponibilité réelle de logements pour les ménages à faible et modeste revenus. Les rapports de la SCHL permettent de constater qu’à peu près partout au Québec, ce sont les logements à plus bas loyer qui se font les plus rares.

Dans la région métropolitaine de Montréal, le taux de logements inoccupés n’est que de 1,8 % dans les logements se louant moins de 500 $, alors qu’il est le double (3,6 %) dans ceux qui se louent 900 $ et plus. La pénurie est extrême dans les grands logements familiaux à bas loyer. Le taux de logements vacants est en effet de 0 % dans les logements de trois chambres à coucher se louant moins de 500 $ et de 0,8 % dans ceux se louant entre 500 et 699 $.

À Québec, le taux de logements inoccupés est de 0,9 % dans les logements se louant entre 400 $ et 549 $, alors qu’il atteint 6,1 % dans ceux se louant plus de 1000 $ par mois.

À Sherbrooke, le taux de logements vacants est plus bas parmi les logements se louant moins de 500 $ (0,9%) et entre 500 $ et 549 $ (0,6 %).

Dans la région de Gatineau, c’est l’offre de logements à loyer élevé qui y a le plus augmenté pour atteindre 13,9 %, alors qu’elle est demeurée faible pour les logements se louant entre 500 $ et 599 $ (2,1 %).

Des loyers en hausse

Le manque de logements à bas loyer s’explique entre autres par la hausse des loyers qui depuis l’an 2000 continue d’être plus forte que celle du taux général d’inflation.

Dans la région métropolitaine de Montréal, le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher a atteint 616 $ par mois en 2005, soit 107 $ de plus par mois qu’en 2000 et 22 $ de plus qu’en 2004. Si le loyer avait augmenté au même rythme que l’Indice des prix à la consommation (IPC) depuis 2000, il serait aujourd’hui de 572 $ par mois.

Dans la région de Québec, le loyer mensuel moyen d’un 4 1/2 est désormais de 621 $, soit près de 20 % de plus qu’en 2000 et 4,2 % de plus qu’en 2004.

À Sherbrooke, le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher a augmenté de 15,6 % depuis 2000 pour atteindre 505 $ par mois.

La hausse des loyers a été freinée à Gatineau, cette année, mais le prix moyen d’un 4 1/2 y est de 660 $ par mois, ce qui représente 21 % de plus qu’en 2000.

À Trois-Rivières, le loyer moyen des 4 1/2 a augmenté de 14,8 % de plus qu’en 2000 et 3,8 % de plus qu’en 2004.

Le logement social : toujours une nécessité

À la lumière de ces chiffres, le FRAPRU estime que les autorités politiques auraient tort de considérer qu’il n’est plus nécessaire d’investir en logement social. Il faut augmenter l’offre de logements à bas loyer et le logement social demeure la meilleure façon de le faire de manière permanente. Les gouvernements doivent donc augmenter leur contribution à la réalisation de coopératives d’habitations et autres formes de logement sans but lucratif, mais aussi de HLM dont le développement est complètement arrêté au Québec depuis 1994.

Selon le FRAPRU, les hausses de loyer répétées des dernières années démontrent jusqu’à quel point il est nécessaire de renforcer le contrôle des loyers plutôt que de l’affaiblir comme le demandent les groupes de propriétaires.

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Selon le FRAPRU, c’est de logements à bas loyer qu’il manque maintenant