Les locataires représentant 51% de la population de Québec, leurs préoccupations ne devraient-elles pas être au cœur des engagements des partis qui se disputent leur vote? Ce n’est malheureusement pas le cas, la plus part des candidat-e-s étant avares de précisions sur la question du logement. Les locataires de Québec sont pourtant aux prises avec une crise du logement qui entraîne de fortes hausses de loyers et une pénurie grave de logements abordables. Que fait la Ville? Alors que les terrains se font rares, des projets de condominiums pour les « nouveaux riches » du quartier Saint-Roch sont subventionnés à coup de millions tandis que la municipalité est beaucoup plus frileuse quand il s’agit de projets de logement social…

Québec peut faire mieux! La Ville doit voir au développement de logement social dans tous les quartiers où il y a des besoins. Pour faciliter cela, la Ville possède DÉJÀ un moyen à sa disposition : l’utilisation de sa réserve foncière, qui comprend des terrains vacants et des bâtiments. La Ville doit aller plus loin que ce que prévoit sa toute nouvelle politique d’habitation. Non seulement la réserve foncière de la municipalité «peut» (comme le dit la politique) mais «doit» servir à du logement social.

Dans le contexte de crise du logement, la Ville ne peut plus continuer à octroyer ses terrains au plus offrant. La réserve foncière a été accumulée à même les deniers publics : un usage socialement utile va de soi! La Ville de Québec doit consacrer la majeure partie de ces terrains à la construction de logements sociaux. De plus, la Ville a la capacité d’agrandir sa réserve foncière en osant enfin utiliser son pouvoir d’expropriation contre les propriétaires qui laissent pourrir leurs immeubles vides et délabrés à des fins spéculatives. Pouvoir qui existe bel et bien, mais qui n’est jamais utilisé.

Finalement, pour protéger la qualité de vie des locataires et conserver le parc de logements locatifs en bon état, la municipalité doit adopter un nouveau code du logement couvrant tout le territoire de la ville. Les locataires aux prises avec des problèmes de salubrité ont besoin de ce levier pour forcer des propriétaires qui se traînent les pieds à agir. Ce code du logement doit permettre l’harmonisation de la réglementation dans l’ensemble des arrondissements de la Ville et son nivellement vers le haut dans un esprit d’accessibilité et de gratuité des services d’inspecteurs.

Seul Claude Larose a jugé bon de répondre aux questions à ce sujet posées par plus de 20 organisations et quelques 260 locataires. Les rares fois où Andrée Bouchée a abordé le sujet, ce fut pour dénigrer le logement social et proposer de détourner les fonds prévus à cette fin vers les poches de propriétaires privés (alors qu’il est prouvé que cela coûte plus cher aux contribuables !). Et les autres? Lors d’un débat organisé par la Fédération des coopératives d’habitation, ils en restait à la pétition de principe sans pouvoir s’avancer concrètement.

Parce qu’un toit, c’est un droit et non une marchandise, nous exigeons des candidats qui ne l’ont pas encore fait qu’ils se prononcent sur ces question dans les plus brefs délais. Les autres apprendront bien assez tôt que, contrairement à certains politiciens, les groupes populaires ne disparaîtront pas dans la nature le 7 novembre et qu’ils ont bien l’intention de poursuivre leur lutte de toujours.

Nicolas Lefevbre-Legault pour la Coalition pour le droit au logement*

*La Coalition pour le droit au logement regroupe le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le Comité des citoyen-nes du quartier Saint-Sauveur, le Bureau d’animation information logement, le Comité logement d’aide aux locataires et le Regroupement d’aide aux itinérants et itinérantes de Québec

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Texte d'opinion publié dans Le Soleil le 4 novembre 2005.

Lettre d’opinion - Le logement en campagne