Par Marie-Ève Duchesne

Photo : Rebecca Hennigs

Lors de sa dernière assemblée générale annuelle, le Comité populaire s’est doté d’un mandat de soutien aux besoins des coopératives du quartier et a créé un nouveau comité de travail pour réfléchir aux enjeux. De ce comité est née l’idée de faire des portraits de coopératives de quartier. D’autres projets se feront éventuellement autour de ces portraits, mais on vous lance ici le premier portrait d’une (espérons-le) longue série: celui de la coopérative Chloé, fondée en 1983. Entrevue réalisée avec Rebecca Hennigs, vice- présidente et responsable de la vie associative de la coop.

L’histoire de la coop Chloé

En janvier 1983, le bâtiment de cette coopérative d’habitation sur la rue Saint-Jean était à vendre. Deux résidents de l’époque, André Harton et Martin Côté, décident de se mettre au porte-à-porte auprès des autres résidents et résidentes pour sonder l’idée d’en faire une coopérative. La majorité des personnes y résidant à cette époque ont envie d’embarquer dans un tel projet afin de pouvoir garder des logements à un prix abordable. Après de nombreuses démarches auprès des organismes gouvernementaux, la coop Chloé est fondée en août 1983 par sept femmes et cinq hommes, accompagnés et soutenus par une organisatrice communautaire de la Fédération des coopératives d’habitation de Québec et Chaudière-Appalaches (FECHAQC). Le bâtiment est ensuite transformé en coopérative d’habitation (par l’architecte Jacky Deschêne) et les membres fondateurs, fondatrices s’impliquent dans les rénovations majeures.

La vie à la coop

Pour Rebecca, ce qui caractérise sa coopérative aujourd’hui, c’est la diversité des personnes réunies sous un même toit, et la créativité et l’entraide qui animent ses murs. Les parcours de vie multiples amènent les seize membres à s’impliquer à différents niveaux, que ce

soit pour essayer d’obtenir une nouvelle subvention, prêter une perceuse, garder le chat du voisin, organiser un 5 à 7, partager les coûts pour Internet ou bien se lancer dans l’organisation d’ateliers et une plateforme pour toutes les coops du quartier! D’ailleurs, la coopérative vient de recevoir le prix «Les bons coups de 2020» de la FECHAQC pour son initiative de réseautage et de partage* avec les autres coopératives du quartier.

Bien que la question des logements abordables demeure centrale pour une coopérative d’habitation, l’importance d’un milieu de vie comme la coop Chloé ne se limite pas seulement à cela. Pour Rebecca, il s’agit également d’une opportunité extraordinaire de créer un milieu d’entraide à petite échelle, de bâtir une micro-communauté permettant à ses membres de mettre en commun leurs idées, leurs passions et leurs talents. Bien sûr, des défis demeurent, comme celui lié à l’implication de ses membres pour garder le mouvement en vie ou de maintenir une diversité tant au niveau de la parité hommes/femmes que de la question des revenus.

La coopérative Chloé cache aussi un grand mystère dans son histoire : mais d’où lui provient son nom? Serait-ce l’inspiration de la mythologie grecque et porterait-elle alors le nom d’une déesse protectrice des jeunes pousses? Ou serait-ce plutôt l’idée d’une membre fondatrice souhaitant nommer un animal de compagnie du même nom? Actuellement, ces deux histoires opposées cohabitent très bien sous le toit de Chloé, autant que ses membres avec leurs aspirations et modes de vie différents, mais qui se chevauchent par ci et par là Et qui sait ce que l’avenir réserve à cette coopérative?

* Un groupe Facebook de réseautage des coopératives du quartier a été créé à l’hiver 2020 pour partager les bons et les mauvais coups, partager des outils et renforcer le mouvement coopératif dans le quartier. Si vous souhaitez y adhérer, vous pouvez le faire en cherchant le nom «Les coops d’habitation de Saint-Jean-Baptiste (Québec)».

Portraits de coops : la coopérative chloé