Par Joseph Michaud

Photo : Pascaline Lamare

Le confinement! En voilà un mot qui met tout le monde en désaccord. Pour plusieurs, c’est soit une opportunité de se recentrer et de s’occuper de soi-même, de découvrir une nouvelle passion, mais pour d’autres, c’est quelque chose d’ennuyant, long et pénible. Pour moi, c’est à la fois les deux et ni l’un ni l’autre. Bien sûr, accompagné de ma mère, qui est quasiment le seul reste de ma vie sociale, je me suis trouvé des nouvelles occupations pour lesquelles je n’avais pas assez de temps auparavant: je me suis sérieusement entraîné à faire à manger, je lis davantage et, malgré le risque que cela représente, il m’arrive de sortir pour trouver des nouveaux endroits tranquilles. Oh et à deux mètres de distance, ça va de soi.

La cuisine est devenue mon loisir préféré; avant le confinement je n’y aurais jamais cru. Regarder des vidéos de « fails* » représente pour moi un superbe moyen de divertissement. Mais notre chance la plus notable reste le fait d’habiter dans une coopérative nous laissant ainsi un petit bout de lopin idéal pour le jardinage. Ma mère et moi en avons donc profité pour répéter une tradition qu’on a instaurée depuis l’année dernière, consistant à préparer des semences qui, d’ici le milieu de l’été, nous donnerons d’excellents légumes. Ma mère et moi, on va pouvoir se regarder et se dire : «Tu vois ça, ça vient de nous !» Mon dernier passe-temps est de flatter et de jouer avec ma chatte. Elle n’a jamais été aussi colleuse et j’en profite bien : ça nous rend les deux de meilleure humeur.

Jamais mes journées parurent si longues, je ne vois plus personne. La simple vue de la file d’attente devant un commerce me donne envie de partir sur mars. Là, au moins, y’a pas de COVID-19 et le deux mètres de distance est bien plus facile à tenir que sur des trottoirs d’un mètre et demi de largeur. Sinon, mes journées se limitent à l’école à la maison, une sortie aux deux jours, une douche et un plumard.

Pour être tout à fait honnête, quand le confinement a fait son apparition, j’imaginais une répartition du temps ressemblant à 25/100 bouffe, 25/100 plumard, 25/100 temps libre, 25/100 social et 100/100 fun. Mais hélas, cela ressemble plus à 25/100 faim (vous savez cette faim quand on s’ennuie), 25/100 insomnie, 25/100 école à la maison, 24/100 ennui et 1/100 fun. Mais je voudrais souligner que ce confinement a aussi des effets très positifs sur les relations parents/enfants (du moins ici, car on peut comprendre que ce n’est pas partout pareil). Comme c’est une personne que vous devez côtoyer quotidiennement et quasiment 24 heures par jour, 7 jours par semaine, cela vous force à développer cette relation et à trouver des moyens de vous amuser en famille et limiter les querelles. Ma mère et moi en sommes un bon exemple. Bien sûr, ce ne sera pas facile au début, mais après, croyez-moi ça se fera tout seul. Cela tient aussi pour d’autres relations familiales.

Comme pour beaucoup de gens, mon ordinateur est devenu un outil essentiel à la fois pour le social et le temps libre. D’ailleurs, je ne pense pas être le seul à l’avoir remarqué car, avant la pandémie, j’entendais beaucoup de fausses études et de clichés sur les écrans et les ados. Comme ce genre de critiques sont en silence radio ces temps-ci, j’en conclus que les gens ont finalement compris qu’il y avait aussi de grands avantages et possibilités aux écrans et, qu’en ce temps de confinement, sans ordinateur, ils seraient dans de beaux draps.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que comme beaucoup de gens, ce qui me manque le plus, c’est mon entourage, les commerces et l’époque où on pouvait sortir sans autant de restrictions variables à tous les jours et difficilement réalisables. Bref, on espère tous que toute cette histoire deviendra vite du passé, moi y compris. D’ici là, je ne peux que vous souhaiter un bon confinement, même si les mots « bon » ou « mauvais » sont devenus des notions plutôt vagues !

* Vidéo propagée sur internet, portant sur un élément tel une chute, et ayant un aspect humoristique ou spectaculaire.

 

 

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