Par la Rédaction
Photo: FRAPRU

Après avoir sillonné les routes du Québec, une centaine de membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et de groupes alliés se sont rejoints dans la capitale pour une manifestation qui a culminé le 7 février devant l’Assemblée nationale. C’est sous la tempête que les militantes et militants pour le droit au logement ont dénoncé les effets de la crise du logement et ont réclamé des gestes de la part du gouvernement. Organisés en une dizaine de caravanes, ils et elles sont partis d’un peu partout: Montréal, Mont-Joli, Rimouski, Sainte-Luce, Rivière-du-Loup, Montmagny, Saguenay, Trois-Rivières, Shawinigan, Sorel- Tracy, Longueuil, Châteauguay, Beauharnois, La Sarre, Val d’Or et Rouyn- Noranda. Plusieurs personnes de Québec se sont également jointes à la manifestation. Des affiches rappelant les besoins immédiats de logements sociaux, et parodiant les pancartes électorales de la Coalition Avenir Québec, ont été installées devant l’Assemblée nationale.

Pendant trois jours, les caravanes du FRAPRU ont visité vingt bureaux de ministres du gouvernement Legault. À Québec, plus tôt le matin du 7 février, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le Comité des citoyennes et citoyens du quartier Saint-Sauveur et le Comité logement d’aide aux locataires de Québec ont interpelé Jonatan Julien, le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale suppléant avec une occupation devant son bureau de Charlesbourg.

À quelques semaines du deuxième budget du gouvernement caquiste, le FRAPRU a ainsi voulu s’assurer que son message soit entendu par les membres du conseil des ministres. « Il y a une crise du logement au Québec et on ne peut pas se satisfaire des investissements actuels du gouvernement Legault », a indiqué Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement. Le FRAPRU demande à Québec de réaliser son engagement électoral de livrer rapidement les logements sociaux promis depuis dix ans et de lancer un grand chantier de 50000 logements sociaux en cinq ans, dès son prochain budget.

Une crise du logement qui a de graves conséquences

Le FRAPRU constate que, déjà, la pénurie de logement –la plus grave en quinze ans– a de graves conséquences sur les locataires et sur les milieux de vie. «La plus évidente est la hausse drastique des loyers. Les personnes les plus pauvres sont de plus en plus chassées loin de leur quartier», a souligné Véronique Laflamme. Les groupes membres du FRAPRU constatent également une recrudescence des cas de discrimination.

«Tous ces obstacles à la location d’un logement décent, à prix convenable, mènent de plus en plus de gens à la rue», a déploré la porte-parole. Elle rappelle aussi que, depuis plusieurs mois, les refuges pour personnes itinérantes font état de débordements tandis que les maisons de transition doivent garder des femmes victimes de violence conjugale plus longtemps que prévu, parce qu’elles ne trouvent pas de logement abordable au terme de leur séjour, obligeant d’autres à demeurer avec leur conjoint dangereux.

À Québec, comme à Montréal, le FRAPRU s’inquiète en particulier de la spéculation foncière entrainée par les projets de transport collectif développés dans des quartiers où les loyers étaient encore bas. «Cette spéculation provoque des dérapages, les propriétaires-investisseurs utilisent des stratagèmes douteux pour se débarrasser des locataires jugés moins payants. On ne peut plus laisser la situation dégénérer et c’est une raison supplémentaire pour qu’un nombre suffisant de logements sociaux puisse être planifié en amont », a prévenu Véronique Laflamme.

Contrairement au début des années 2000, plusieurs nouveaux logements sont mis en chantier, mais ce n’est pas suffisant pour régler la crise, selon le FRAPRU. «Les logements neufs qui se construisent sont hors de prix et ne sont pas une option pour les locataires précaires victimes d’éviction ou de reprise de logement ou encore pour ceux et celles vivant dans des logements insalubres. Si on veut trouver une réelle alternative aux logements trop chers, il faut augmenter la proportion de logements hors marché, qu’ils soient publics, coopératifs ou sans but lucratif», a affirmé Véronique Laflamme.

La caq doit se doter d’un plan de sortie de crise, maintenant