Par les Tyroliennes saint-jambiennes
(Alice Guéricolas-Gagné et Mélina Kerhoas)

Ce projet en plein bouillonnement aboutira en une exposition dans les fenêtres du quartier Saint-Jean-Baptiste en septembre 2020. Voici quelques nouvelles.

Collecte de témoignages

Dans le cadre de la dernière édition du festival Québec en toutes lettres, en octobre 2019, nous sommes allées à la rencontre de la population dans divers établissements de la rue Saint-Jean (Librairie Saint-Jean-Baptiste, Fou-Bar, bibliothèque Claire-Martin). Nous collections des témoignages, ou en tout cas des paroles. Dans une tonalité utopique, comment se déroulerait la vie quotidienne si le quartier était devenu une île? Quelles facettes de l’existence nous faudrait-il valoriser dans ce contexte? Des questions de ce genre ont alimenté les discussions entre concitoyens et concitoyennes. Nous sommes ressorties de ces nombreuses rencontres avec le sentiment que la population ressent un besoin très fort de surpasser son cynisme et d’imaginer un futur agréable, aux antipodes des fictions dystopiques dont nous sommes abreuvées. «On ne m’a jamais demandé de faire une utopie!» a même déclaré un participant; ainsi constate-on que rien n’est plus banal que d’élaborer une dystopie.

Collecte de points de vue

Au cours de cette même période, l’artiste français Sébastien Brunel, illustrateur de la page couverture du roman Saint-Jambe, était en visite dans le quartier. Nous avons fait une simulation numérique afin d’établir jusqu’où iraient les eaux après une montée de 30 mètres (marée basse), de 40 mètres (marée haute) et de 50 mètres (grandes marées). À partir de ces informations, nous avons arpenté le quartier avant de choisir une quinzaine de points de vue intéressants. Pour chaque lieu, nous choisissions un angle et nous inventions une petite histoire. Nous avons pris plusieurs photographies afin de documenter ces points de vue et de permettre à l’artiste de représenter la ville de façon très réaliste. Nous avons imaginé que des baleines pourraient circuler entre les bretelles de l’autoroute Dufferin- Montmorency, ou encore qu’un port de pêche bordé de vignes s’était établi autour des jardins de la tour Martello. Sébastien travaille actuellement à produire les premières esquisses des images.

La suite en septembre 2020 : une exposition et un vernissage déambulatoire

Cette exposition dans les fenêtres sera acompagnée d’un vernissage-déambulatoire. Le public déambulera dans le quartier, passant d’une fenêtre à l’autre en suivant la guide Alice, qui leur racontera toutes sortes d’histoires. Les spectateurs et spectatrices croiseront sur leur route des performances intégrées à la ville (balcons, impasses, cours et parcs seront mis à profit). Mélina et ses acolytes magnifieront façades et rues par des rétroprojections. Ce sera donc un rendez-vous nocturne! La déambulation sera accompagnée par quelques musiciens et musciennes. Pour mener à bien ce grand rêve, nous rencontrons actuellement des citoyens et citoyennes qui aimeraient accueillir une image dans l’une de leurs fenêtres ou une performance dans leur cour. Cela dessine, presque naturellement, un parcours entre les fenêtres. Nous rencontrons aussi des artistes afin de mettre en place les performances qui égayeront les rues lors de la déambulation.

Nous rêvons ainsi la suite, au gré des rencontres et des découvertes, avec tout notre émerveillement pour les beautés cachées du quartier et les gens qui l’habitent. Nous rêvons à nos retrouvailles collectives, prémisses de la solidarité et de l’action.

Projet « la montée des eaux » : rêver les possibles autour de l’île de saint-jambe