par Yves Gauthier Après une année d’existence, faute de moyens financiers, l’Accès est menacé de fermer ses portes. Les jeunes de 14 à 25 ans dont l’orientation sexuelle est hors norme peuvent s’y rencontrer pour échanger avec leurs pairs. C’est l’organisme Gris-Québec (Groupe régional d’intervention sociale) qui met l’Accès à la disposition de ces jeunes qui veulent vivre des valeurs de respect, d’ouverture, d’alternative, d’accueil et de solidarité face à leur orientation sexuelle.

L’Accès est situé dans un endroit facilement accessible et ouvert à toutes les différences ou orientations sexuelles. Les jeunes y trouvent un milieu accueillant, de nouveaux et nouvelles amiEs, des gens avec qui dialoguer sans se sentir jugéEs, et surtout des activités de groupe. Ces jeunes sont accompagnéEs par des animateurs et animatrices dynamiques. Fragile Les dirigeantEs appréhendent l’arrivée du mois de janvier 2006, car c’est à ce moment que les dés seront jetés. « Janvier est la date limite : nous saurons alors si nous continuons ou si nous fermons les portes du seul endroit qui est en mesure d’offrir de l’aide adaptée aux jeunes alltersexuels. L’Accès est fragilisé à cause de son sous-financement », de souligner Jean-Denis Marois, coordonnateur à Gris-Québec. Alors que les différentes maisons des jeunes reçoivent des subventions récurrentes de l’Agence de développement de réseaux de santé et de services sociaux de la Capitale nationale [ouf!] (ci-après : l’Agence), l’Accès crie famine, ne répondant pas aux critères caractéristiques des maisons des jeunes. Portrait global « Non seulement les problématiques des jeunes altersexuels demeurent et iront même en s’accroissant, mais elles surviendront à un âge de plus en plus précoce », de préciser Karine Côté, intervenante sociale. C’est donc dire que ces jeunes subiront les avatars de l’homophobie à un âge où ils et elles sont encore moins capables de les vivre. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune étude exhaustive ne peut tracer le portrait de la situation des jeunes altersexuels de la région de Québec. Aucune stratégie d’intervention ne peut donc être élaborée, puisque les membres de l’Agence ne connaissent pas la clientèle visée et ne peuvent pas davantage reconnaître le bien-fondé des interventions de l’Accès. Il est urgent que les responsables de l’Agence se familiarisent en toute objectivité avec les problématiques des jeunes altersexuels, afin de pouvoir travailler en amont des problèmes et non en aval. Pour Jean-François Therrien, bénévole à l’Accès, « beaucoup de jeunes altersexuels se retrouvent à la rue et subissent deux genres de discrimination : la première à cause de leur situation d’itinérantEs, et la seconde en raison de leur orientation sexuelle. L’Accès est donc un endroit important pour eux et elles car ces jeunes s’y retrouvent dans un milieu qui refuse toute discrimination. » De l’avis de tous ceux et celles qui sont proches de ces jeunes, la fermeture de l’Accès ne serait rien de moins qu’une tragédie. Depuis un an, quelque 125 jeunes ont développé un sentiment d’appartenance et se sont approprié ce lieu ouvert à leurs différentes réalités. Sans une telle ressource, « plus de jeunes se retrouveront dans le cercle vicieux de l’itinérance, de la drogue et de la prostitution, sans aucune ressource adaptée à leurs besoins », affirment carrément les responsables de l’Accès. En conséquence, Gris-Québec demande à l’Agence de dresser un portrait actuel des réalités altersexuelles sur son territoire qui pourra déboucher sur un plan d’action assorti d’une enveloppe budgétaire adéquate. Sinon, comment assurer une intervention de qualité auprès de la population altersexuelle des 15-25 ans, qui en a grandement besoin? La question, maintenant, est de savoir comment l’Agence répondra à cette demande. == Extrait du numéro d'automne 2005 du journal l'Infobourg.

Milieu de vie pour les altersexuels - L’Accès menacé de fermeture