Par Fabien Abitbol Photo: Fabien Abitbol Depuis juin, le vaste chantier des rues Saint-Augustin et Sainte-Madeleine, qui touche en réalité de nombreuses rues, est assez surprenant et pénible. Cela a permis néanmoins de tisser quelques liens entre résidentes et résidents. Comme dit le proverbe : « À chaque chose malheur est bon ». Depuis quelques mois, une partie du faubourg ressemble à l’exposition permanente Stitkalis, dont L’Infobourg vous avait parlé en 2015 et 2019. La nuance, c’est que –en théorie – l’expo n’est supposée durer « que » trois saisons estivales . Mister Hyde Du fait de la pluie, on ne sait pas trop à un ou trois jours près combien de temps durent les déviations, les coupures d’eau, ou la mauvaise accessibilité à son domicile. Fin juin, une coupure d’eau supposée être de 8h à 17h, a duré au moins jusqu’à 20h, selon le témoignage d’une néo-résidente de la rue Richelieu, qui venait de déménager de la rue Saint-Jean. Une jeune résidente de la rue Saint-Augustin, qui travaille de nuit, a eu une sacrée surprise d’avoir dans les oreilles du bruit cinq jours par semaine dès 7h du matin, puis de la poussière à n’en plus finir dans son logement. Sans compter les frayeurs par rapport au chat. L’un de ses voisins, un homme âgé ayant quelques problèmes de marche, avait du mal à entrer ou sortir de chez lui, malgré sa canne. Et aller dans les commerces de la rue Saint-Jean était pour lui un calvaire. En août, certaines coupures étaient annoncées pour tel jour ou pour le lendemain (pas évident de s’organiser) et les dates de la rue d’Aiguillon n’étaient pas nécessairement les mêmes que celles de la rue Saint-Augustin. Qui plus est, fin août, du 26 au 28, trois affichages différents ont été faits sur chaque porte. Manifestement des reports de coupures, mais dont le deuxième puis le troisième avis n’étaient déposés que la veille en fin d’après-midi. Au garage Roch-Guillot, situé entre la côte Sainte-Geneviève et la rue Saint-Augustin, il a fallu composer. Le garage ouvre à 7h, les coupures d’eau commencent à 8h : cela laissait un petit délai pour remplir des chaudières. Parce que travailler sur des voitures, c’est tout de même pour le moins salissant... Néanmoins, ce commerce a subi une baisse d’achalandage et s’est remis mi-septembre à appeler les clients et clientes qui avaient annulé leur rendez-vous, en espérant qu’ils ne seraient pas allés voir ailleurs. Les usagers du RTC ont pu faire une drôle d’expérience durant les trois semaines qui étaient supposées finir le vendredi 6 septembre. Rue d’Aiguillon, il était écrit que les parcours 807 et 907 étaient déviés sur René-Lévesque. Mais techniquement, parmi les arrêts indiqués, on en trouvait un pas toujours accessible, du fait des travaux devant l’hôtel Delta, et un autre bien trop loin, carrément à Des Érables. En fait, il était préférable de monter Claire-Fontaine et attendre le 807 à hauteur de l’ancien hôpital Jeffery Hale, mais cet arrêt –pourtant réel– n’était pas matériellement signalé. Des affichettes n’auraient sincèrement pas été superflues. Probablement aurait-il été trop simple de dévier le bus par Turnbull pour le faire reprendre à l’arrêt Turnbull qui, depuis août 2018, se trouve devant la caserne no1 des services d’incendie. La météo aoûtienne ayant été capricieuse, le RTC envoya une alerte indiquant que la déviation allait durer jusqu’au vendredi 13... mais les bus ont emprunté la rue d’Aiguillon dès le 11 au soir. Toujours impossible à la mi-septembre de se rendre de d’Aiguillon à Saint-Jean à pied. Pour certaines personnes âgées, notamment les résidents et résidentes de l’immeuble pour aînés, se rendre à l’Intermarché était toute une aventure. Les prévisions étaient qu’au début d’octobre, les piétonnes et piétons pourraient de nouveau passer. Or, les travaux de revêtement de surface et les trottoirs neufs étant prévus pour novembre entre Saint- Jean et Saint-Olivier, il est plus que probable qu’il faille (au moins occasionnellement) faire encore le grand tour. Rue Saint-Olivier, en revanche, le resurfaçage est prévu plutôt pour décembre. Ceci ex- plique peut-être pourquoisur la rue Richelieu, coexistaient à l’heure où nous écrivions ces lignes deux sortes de panneaux: certains mentionnaient une interdiction de station- nement du 16 au 18 septembre (trois jours), d’autres du 18 septembre au 20 décembre (avec donc une probabilité de neige de l’ordre de 100%). Docteur Jekyll Tous les employés des divers chantiers que nous avons pu rencontrer étaient très arrangeants. L’Infobourg en a été témoin lorsqu’un commerçant de la rue Saint-Jean a fermé définitivement et a pu se permettre de passer son matériel par la rue d’Aiguillon, entre autres. Pareil lorsque l’on demandait des renseignements sur la durée de tel ou tel chantier : la réponse était soit très précise, soit valable à deux ou trois jours près, mais jamais erronée. Les problèmes ne viennent donc pas des employés sur le terrain, mais de ceux qui ont conçu ce chantier, avec simplement une présentation à la population résidente en avril 2018. N’ont été informés que ceux et celles directement concernés car vivant à telle ou telle adresse. Comme si, entre juillet 2018 et juillet 2019, il n’y avait personne qui, amoureux du faubourg, déménageait d’une rue à une autre.. Parmi les bons côtés, la réduction du trafic de transit (sauf les premières semaines sur la rue Sainte-Marie et le reste de l’été sur la rue Saint-Jean) était très appréciable. Pour ça, vraiment, on n’a pas à se plaindre, même si on sait que cela reprendra un jour ou l’autre. Et aussi des relations de voisinage se sont nouées. Des têtes qui se croisaient ont commencé à devenir des êtres humains qui se saluaient dans la rue, où se demandaient des nouvelles quand ils avaient un peu plus le temps de jaser. C’est aussi cela, Saint-Jean-Baptiste : un quartier où le mot entraide revêt un certain sens ! On verra au fil des saisons ce que cela donnera. Même si au final on ne se fait pas trop d’illusions : la rue Saint-Augustin en rue partagée, comme de nombreux riverains l’ont demandé en avril 2018, ce n’est hélas pas pour 2021.

Secteur saint-augustin : un chantier pénible