Par Vincent Baillargeon Alors que plus personne ne croyait que l’administration Labeaume (et bien d’autres avant lui) allait s’occuper de l’îlot Saint- Vincent-de-Paul, un cadeau des Fêtes est arrivé en retard. Dès les premiers jours de 2019, la Ville de Québec a enfin mis sa menace à exécution et a exproprié la société d’immeubles de Jacques Robitaille afin de prendre possession du site du Patro laissé à l’abandon de- puis des années. Mieux vaut tard que jamais, comme dit le dicton. Ceci étant dit, la loi prévoit un délai de 30 jours au propriétaire pour contester l’avis d’expropriation devant la Cour supérieure. Cette demande a été produite et a été déposée le 17 janvier dernier. Une nouvelle saga judiciaire s’enclenche maintenant entre les deux parties. Nous nous serions bien passés de ces nouveaux délais. Cependant, la Ville ne doit en aucun cas abandonner ce dossier, l’enjeu étant trop important pour les résidents et résidentes du secteur. Le règlement permettant l’expropriation du terrain (plan directeur d’aménagement et de développement relativement au pro- gramme particulier d’urbanisme (PPU) pour la colline Parlementaire, en vigueur depuis le 8 juillet 2017, prévoit que la Ville peut exproprier certains sites spécifiques en vue de les détenir, de les administrer ou de les offrir en vente à des promoteurs désireux de poursuivre la mise en œuvre du PPU dans des délais impartis. La Ville ne doit en aucun cas aller vers la dernière option. L’avenir du site Une fois l’expropriation effectuée, espérons le plus tôt possible, la Ville doit mettre en place les conditions pour la réalisation d’un projet répondant aux besoins des citoyens et des citoyennes plutôt que d’aller vers un promoteur privé et prendre le risque d’une nouvelle saga immobilière. Le prochain projet doit palier les manques actuels du quartier. L’arrondissement de la Cité-Limoilou a un indice de canopée de 17%*, comparativement à 32% pour la ville de Québec. Cette statistique n’est pas sans rappeler que le quartier Saint-Jean-Baptiste n’a toujours pas de jardins communautaires. Évoquons également le manque de logements sociaux dans le quartier. En effet, 1755 ménages locataires consacrent plus de 30% de leur revenu pour se loger. Encore pire, 390 ménages payent plus de 80% de leur revenu. Le quartier a grandement besoin d’un projet de logement social. Le site du Patro peut répondre à ce besoin. Environnement immédiat Nul besoin de rappeler que l’îlot Saint- Vincent-de-Paul est situé au carrefour de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Roch et du Vieux-Québec, ce qui en fait la porte d’entrée de la Haute-Ville, en plus d’être une zone protégée de l’UNESCO. Le site, de par son lieu géographique, doit prévoir différents aménagements, en commençant par un lien mécanique entre la Basse-Ville et la Haute-Ville pour encourager les transports actifs. De plus, il faut voir à assurer la sécurité et la fluidité pour accéder au site, notamment la traverse sur la côte d’Abraham, qui donne sur la rue Saint-Augustin. Rappelons que la Ville prévoit des travaux majeurs dans ce secteur. Pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour améliorer la circulation des personnes à pied et à vélo? Le futur réseau structurant de transport en commun sera aussi un élément clé à réfléchir pour le secteur. Pour répondre aux différents besoins du secteur et parce que les gens des quartiers centraux méritent un projet qui leur ressemble, la Ville doit continuer dans sa volonté d’ex-propriation et mettre en place les mesures nécessaire afin d’en faire un dessein à la hauteur du potentiel du site. * L’indice de canopée est un indicateur reconnu pour exprimer l’importance de la forêt urbaine dans une ville et conséquemment la qualité de vie. Il permet de déterminer les secteurs où le couvert arborescent est jugé insuffisant, de fixer des cibles à atteindre et, finalement, de quantifier les efforts à déployer pour le renforcement de la forêt urbaine

ÎLOT SAINT-VINCENT-DE-PAUL : L’ESPOIR DE L’EXPROPRIATION EST REVENU