Par Pascaline Lamare Crédit photo: Pascaline Lamare Du 1er au 15 février 2019 s’est déroulée la dixième édition de la Revengeance des duchesses, un concept qui se voulait au départ un pied de nez féministe aux Duchesses du Carnaval, et qui aura finalement réussi à enterrer l’original. Fondée en 2010 par Marjorie Champagne et François Mercier, la Revengeance fait fi de l’apparence des aspirantes (et parfois des aspirants) et met à l’honneur les quartiers et les projets locaux qui les font vivre. Des quartiers qui ne sont pas nécessairement les mêmes d’une année à l’autre, et qui n’ont rien à voir avec les duchés traditionnels, allant de l’Île d’Orléans à Lévis, avec néanmoins une bonne représentation des quartiers centraux. Ainsi, Saint-Jean-Baptiste n’a pas eu de duchesse de la revengeance chaque année. Chaque duchesse est sélectionnée sur dossier. Hélène Matte, duchesse de Saint-Jambe On connaît Hélène Matte pour ses activités culturelles dans le quartier. C’est à elle que l’on doit notamment le projet d’écriture «Vies de Quartier» (2016), regroupant textes, poèmes et dessins inspirés des lieux et personnages du quartier Saint-Jean-Baptiste, créé par ses habitants et ses ses habitantes. Couronnée fin janvier duchesse de Saint-Jambe, lors d’une cérémonie un peu déjantée à la Librairie Saint-Jean-Baptiste, Hélène Matte avait projeté de donner sa cagnotte royale à l’école Saint-Jean-Baptiste pour participer au financement du réaménagement du parc-école. Adoubée par l’auteure Alice Guéricolas-Gagné (voir notre édition de décembre 2018), Hé- lène Matte rêve « que Saint-Jean-Baptiste devienne piéton, que l’église rouvre sous la forme d’une salle communautaire, que l’ancien Patro Saint-Vincent-de-Paul fasse place à un projet de logements accessibles autour d’un parc, et qu’on organise le retour du festival de l’humour noir dans Saint-Jambe». Et surtout, elle souhaitait se servir de la Revengeance pour mettre en avant la conservation de la vocation agricole des terres des Sœurs de la Charité, un projet qui lui tient à cœur depuis un moment. Carnaval et transgression Faisant fi de la norme, la Revengeance n’a rien à vendre, si ce n’est de se réapproprier l’espace public en dehors du sentier où passent les chars du Carnaval. Pas besoin d’effigie pour parti- ciper, puisque les textes des aspirantes sont mis en ligne chaque jour, et qu’il suffit d’un clic pour voter pour sa duchesse préférée, et pour le projet qu’elle porte. Les diverses activités satellites organisées par la Revengeance sont également gratuites. La reine est tirée au sort parmi les duchesses. Et un vote populaire permet à celle qui recueille le plus de voix de remettre un don en argent à un organisme ou un projet local après la soirée de couronnement. Cette année, Fre, duchesse du Vieux-Limoilou, gagnante du vote du public, a opté pour l’organisme Entraide Jeunesse Québec, dont le programme ViRAJ vise à prévenir la violence dans les relations amoureuses chez les jeunes. Un vote qui aura été très serré, puisque la duchesse de Saint-Jambe est arrivée juste derrière. Histoire d’être impertinentes jusqu’au bout, les duchesses 2019 ont choisi de partager la cou- ronne : elles seront, ont-elles déclaré, sept reines. La couronne se promènera donc de duché en duché au cours de l’année. Et c’est Marjorie Champagne, reine-mère, qui en héritera en premier. Souhaitons longue vie aux reines de la Revengeance et aux projets locaux, fémi- nistes et inspirants qu’elles portent. À l’année prochaine !

LA REVENGEANCE DES DUCHESSES QUAND LE CONTENU L’EMPORTE SUR LE CONTENANT