Par Vincent Baillargeon En 2016, le maire de Québec évoquait qu’avec l’entrée en vigueur du Programme particulier d’urbanisme (PPU) de la colline Parlementaire, qu’il n’y avait «aucune contestation possible» dans le cas d’une expropriation pour divers immeubles dits à « valeur patrimoniale supérieure », comme le site de l’ancien Patro. En septembre 2017, le maire Labeaume annonçait que la Ville souhaitait récupérer le terrain de l’ancien Patro Saint-Vincent de Paul. Le terrain situé en haut de la côte d’Abraham a été ciblé par la Ville pour aménager un espace vert et un «lien mécanique» entre la Haute-Ville et la Basse-Ville. Le tout a été officialisé le 18 septembre 2017 par le conseil de ville. Le Service du développement économique et des grands projets a été mandaté afin d’entreprendre les démarches nécessaires pour procéder à l’acquisition, de gré à gré ou par expropriation, du lot concerné. Cependant, l’article 86 de la Charte de la Ville prévoit qu’entre le moment où la municipalité adopte une résolution lançant les procédures (dans le cas présent, le 18 septembre 2017) et celui où l’avis d’expropriation est signifié, le délai écoulé ne doit pas excéder un an. C’est donc dire que la Ville avait jusqu’au 18 septembre 2018 pour procéder à l’acquisition, de gré à gré ou par expropriation, de l’ilot Saint-Vincent de Paul. La Ville gagne, la propriétaire gagne et la population perd Entre les rôles d’évaluation de 2013-2014-2015 et 2016-2017-2018, la valeur du terrain est passée de 201 5000 $ à 3 000$. Quant à elle, la Ville est bien contente : le montant des taxes est passé de 38236 $ en 2015 à 69797 $ en 2016. Mais pour la population, depuis plus de 30 ans, la saga de l’îlot hante le quartier Saint-Jean-Baptiste. Forum participatif, pétitions, sondages, points de presse, actions artistiques ne sont que quelques moyens utilisés par la population durant ces années pour s’imposer dans le débat et avoir un mot à dire sur un endroit aussi stratégique. Une idée transversale est toujours ressortie dans les démarches citoyennes et les consultations : c’est l’importance de conserver le caractère public du site et de mettre en valeur le paysage. Par exemple, en mars 2016, le Comité populaire lançait un sondage où 380 répondants et répondantes proposaient un parc de logements sociaux et un jardin communautaire pour le site. Notons que 91% des personnes ont dit ne pas vouloir d’un projet d’hôtel sur ce terrain. Cela fait tellement de fois que l’administration Labeaume (et bien d’autres avant lui) ont fait la promesse de s’occuper de ce terrain que plus personne n’y croit. À moins que s’occuper du terrain veuille dire laisser la spéculation faire son effet au détriment d’un projet pour les résidents et résidentes du quartier...

ILOT SAINT-VINCENT-DE-PAUL : L’ESPOIR DE L’EXPROPRIATION AUX OUBLIETTES