Dimanche le 2 septembre, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) donnera le coup d’envoi, dans la capitale fédérale, à une marche de 550 km qui prendra fin à Québec, la veille des élections générales. Sous la bannière De villes en villages pour le droit au logement, de 35 à 100 personnes de différentes régions et de tous les âges marcheront chaque jour, pendant 28 jours.

Portrait d’une marcheuse du Compop

1. Nom et prénom ?

Marie-Christine Gagnon

2. Depuis quand t’intéresses-tu aux questions logement?

Je m’intéresse aux questions logement depuis une vingtaine d’années, lorsque j’ai fait mon baccalauréat en travail social. Je m’implique activement dans cette cause depuis une dizaine d’années. J’ai travaillé quelques années dans des groupes de défense des droits des locataires, et maintenant, c’est à titre personnel que je m’y implique. Pour moi, le logement, c’est à la base de tout, surtout dans notre climat. Si tu n’as pas de logement décent, c’est difficile de penser à autre chose et de te projeter plus loin dans la vie. Ça prend un toit décent sur la tête pour te sentir en sécurité, pour bien manger, être en santé, travailler, étudier, t’épanouir. Quand tu es toujours à te demander si tu pourras payer ton loyer, si on viendra t’agresser, si tu vas geler, si tu pourras manger à ta faim, etc., c’est difficile de penser à autre chose, comme retourner à l’école, par exemple, ou à être en forme pour te chercher du travail. Pour ma part, je suis sans domicile fixe depuis près d’un an, avant, j’ai habité deux ou trois ans chez mes parents. Malgré que je travaille, je ne gagne pas un assez bon salaire pour pouvoir me payer un appartement toute seule et les listes d’attente pour les logements sociaux sont très longues parce qu’il n’y en a pas assez. Je peux me compter chanceuse, j’ai quand même tout un réseau autour de moi qui peut m’aider et qui fait en sorte que je ne me retrouve pas à la rue. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, il y a des gens qui ont beaucoup moins de ressources que moi. Je trouve ma situation désastreuse, alors je ne peux que m’imaginer faiblement le calvaire que ces gens-là vivent. Je pense que nous avons touTEs le droit à une vie décente, à un logement décent, et c’est pourquoi je me bats pour faire entendre notre voix et faire en sorte que la lutte pour le droit au logement obtienne des gains.

3. Pour quelle raison as-tu décidé de t’inscrire à un aussi gros projet?

J’ai décidé de m’inscrire à la marche « De villes en villages pour le droit au logement » parce que je crois profondément en la cause, et que je pense que c’est tout un défi personnel. Ça sera difficile de marcher en moyenne 20 km par jour, pendant près d’un mois, mais j’ai envie de me pousser au maximum et de mettre mon corps à l’épreuve. Ça sera un défi social aussi, parce que vivre avec 20 à 100 personnes à tous les jours, ça ne sera pas toujours facile. Mais on est là pour apprendre et s’améliorer à tous les jours dans la vie, alors j’espère que cette expérience m’apportera beaucoup au niveau personnel. Et puis, ça me fera au moins un mois où je saurai que j’aurai un toit sur la tête à chaque soir et de quoi me nourrir. Et enfin, ça me fera un entraînement puisque j’espère gravir le Kilimanjaro en décembre.

4. Un des objectifs de la marche est d’obtenir des gouvernements fédéral et québécois des investissements suffisants pour réaliser 50 000 nouveaux logements sociaux, en 5 ans, au Québec.Qu’aimerais-tu dire aux politiciens et politiciennes qui s’occupe du financement de ces 50 000 logements sociaux?

Il faut investir et construire plus de logements sociaux et vite! On parle souvent du système de santé qui va mal, des difficultés dans nos écoles, des problèmes de santé mentale qui augmentent… Le logement, et surtout le logement social, c’est LA réponse de base à toutes ces problématiques! C’est prouvé scientifiquement, si tu as la sécurité d’un logement décent à la base, tu seras moins malade, tu réussiras mieux dans tes études ou dans tout ce que tu veux entreprendre et tu souffriras moins de problèmes de santé mentale. Avec les condos qui se construisent à une vitesse vertigineuse, avec les prix des loyers qui ne cessent de grimper, et les revenus qui ne bougent pas beaucoup, nos gouvernements doivent agir rapidement avant que la problématique ne s’aggrave encore plus. Il en va du bien-être des gens, mais aussi de notre société.

5. En conclusion, qu’aimerais-tu exprimer aux groupes alliés du droit au logement et à la population, en ce qui concerne le projet “De villes en villages” ?

Joignez-vous à nous! Signez pour appuyer la marche, venez marcher quelques kilomètres avec nous, donnez de l’argent ou de la nourriture, encouragez-nous si vous nous croisez sur votre chemin, parlez-en autour de vous! Bref, il y a différentes manières d’appuyer la marche, faites-le!!!

550km de marche pour Marie-Christine Gagnon