Par Fabien Abitbol

Photo : CHU de Québec-Université Laval

Si vous viviez déjà à Québec avant 2020, vous devez savoir que les services de l’Hôtel-Dieu de Québec (HDQ) doivent déménager à côté de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, dans un nouveau bâtiment que l’on appelle pour l’instant «méga hôpital ». Lors des consultations sur le devenir de l’actuel Hôtel-Dieu, à l’automne 2019, il était question de finir ce déménagement vers 2023. Mais... la Covid est passée par là, entraînant une façon de revoir le projet, ainsi qu’une hausse des coûts et évidemment des retards.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, un petit immeuble de bureaux sur l’îlot Charlevoix a été transféré à un promoteur qui veut faire de tout ce quadrilatère un ensemble avec entre autres des logements et une offre alimentaire. Le Pavillon Carlton-Auger (rue Charlevoix aussi) a déménagé. C’est là que se trouvait la partie cancer : tous les services préparatoires à des traitements de radiothérapie, les traitements en eux-mêmes, les médecins, les infirmières, un service de dentisterie et un service d’hébergement.

Le reste du déménagement se fera par étapes (comme prévu) mais échelonné jusqu’à 2029 selon les prévisions les plus récentes. Grâce à la Covid, diverses choses ont été repensées, comme la disposition des chambres ou l’aération.

Mais, chose qui n’avait pas été annoncée, l’accueil n’est plus comme dans les autres hôpitaux du CHU de Québec. Moins « humain », moins bruyant aussi, ce dernier point possiblement parce que pour l’instant il y a très peu de patients.

J’y ai été accompagné en novembre par une voisine et amie. Heureusement, parce qu’avec tous les travaux dans le secteur je ne sais pas si le RTC m’aurait amené dans les délais à mon rendez-vous de contrôle. Je suis donc arrivé par un sous-sol (un stationnement). Jusque-là
rien d’anormal. J’ai juste remarqué qu’il n’y avait aucune signalisation relative à la Covid, pas même de l’affichage provisoire.

Arrivé à l’étage j’ai remarqué une grande clarté. Des vitres partout. En dix ans à Québec, j’ai mis les pieds dans les cinq hôpitaux du CHU de Québec, ainsi qu’au Jeffery Hale. Le « méga hôpital » ce mois de novembre en fin de matinée était plus lumineux que le Jeffery Hale en juillet 2020 à 20h.

À peine sorti de l’ascenseur, le truc comme partout : distribution de masque de procédure. Petite joie : c’était un Humask, la marque québécoise qui s’est lancée au printemps 2020 (débuts de la Covid) pour inciter à l’achat local. Ce n’est pas fréquent à l’accueil d’un hôpital, et quand on est habitué à fréquenter les hôpitaux ça fait la différence.

Mais dans la foulée je me suis trouvé un peu perdu : pas d’indication pour aller se faire établir une carte d’hôpital, pas non plus de bureau d’information ni de bureau d’accueil, j’entends par là des comptoirs avec des êtres

humains qui vous attendent. Non, juste des bornes avec une employée pour vous apprendre à vous en servir. Je n’avais jamais remarqué que la carte « soleil » pouvait être décryptée par un engin à lecture optique, je l’ai découvert à cette occasion.

La machine délivre un ticket avec dessus uniquement des numéros. C’est peut-être mieux pour le respect
de l’anonymat, mais je préférais nettement quand on m’appelait par mon nom. Et de toutes façons, question anonymat quand on entend une annonce et qu’on voit une personne se lever (ou deux) ça ne change pas grand- chose.

La vaste et lumineuse salle d’attente, ce sont des sièges séparés d’une plaque transparente. Rien n’a été prévu pour celles et ceux venant accompagnés. Je me suis assis sur le radiateur, avec mon accompagnatrice, et personne ne nous a rien dit, néanmoins.

Pour couronner le tout, les numéros des salles ne sont pas dans un ordre logique. Nous avions pris place en pensant que nous allions être appelés vers notre droite (à cause du numéro) mais ce fut l’inverse.

Le box dans lequel j’ai été reçu m’a semblé plus petit que lorsque j’allais à l’HDQ. Bien plus petit. Et sans lumière naturelle. Pire : lorsque mon médecin a dû s’absenter quelques instants par une autre porte, j’ai remarqué qu’il entrait dans une grande salle avec plein d’employé·e·s enfermé·e·s derrière leur écran et éclairé·e·s uniquement par le plafond.

Moi qui suis habitué à l’accueil humain (parfois même à ce qu’on m’explique un chemin déjà pris la veille), j’ai été surpris. Tellement surpris que je n’ai pas pris en photo l’engin qui me demandait ma carte...

L’hôpital étant en cours de construction, on peut oser espérer que le tir sera rectifié par la suite. Un petit accueil général puis une personne par étage, ce ne serait pas superflu.

Note : même si le « méga hôpital » et l’Enfant-Jésus sont tout proches, l’accès RTC à l’Enfant-Jésus est inchangé. Le 44 qui dépose à l’hôpital et le 800 qui laisse à 400 mètres sont en service au bon endroit malgré tous les travaux et les barrières de ciment qui perturbent la circulation et désorientent un peu.

VERS UNE DÉSHUMANISATION DE L’HÔPITAL?