Par Naélie Bouchard-Sylvain du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches

Records de chaleur, sécheresses, inondations, récoltes décimées, tornades, feux de forêts ou pandémies : les conséquences du saccage de l’environnement se font sentir tous les jours, ici et à travers le monde. Les impacts sur les populations sont tout aussi nombreux et fragilisent les droits humains (droit à la santé, à la sécurité, à l’alimentation saine, à l’eau et même le droit à la vie). Malgré tout, les gouvernements du Québec et du Canada continuent de faire passer les profits avant le bien-être de la population. Pensons par exemple à la hausse des normes de nickel, à la privatisation de la santé, à la destruction des milieux naturels ou au forage autorisé pour Bay du Nord.

Devant l’urgence d’agir, une Coalition régionale s’est formée

Devant ce constat d’échec des gouvernements, de l’urgence climatique qui s’accélère et de l’augmentation des inégalités sociales, des groupes communautaires, écologistes, féministes, étudiants et syndicaux ont formé une Coalition régionale pour la justice climatique et sociale. « À l’instar des différentes initiatives de luttes aux changements climatiques qui existent déjà dans la région, notre coalition souhaite bâtir un véritable mouvement populaire afin de s’assurer que la transition énergétique (désormais inévitable) ne soit l’occasion pour l’élite de continuer de s’enrichir sur le dos de la population », explique Judy Coulombe du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.

Accélérer la lutte et l’adaptation aux crises climatiques et de la biodiversité

Les groupes membres de la Coalition ont inscrit tout en haut de leurs priorités d’action l’accélération de la lutte et l’adaptation aux crises climatiques et de la biodiversité, notamment par la sortie des énergies fossiles. Pour Marie-Soleil Gagné, directrice générale d’Accès transports viables, « il est clair que la transition écologique ne pourra pas se faire à temps pour éviter le pire si nos gouvernements ne font pas preuve de courage politique dès maintenant. Les transports et l’industrie représentent la part du lion de nos émissions de GES, il faut donc inévitablement un changement en profondeur de notre rapport à ces secteurs ».

Rebâtir le filet social et réduire les inégalités

Les organismes communautaires travaillent au quotidien avec les personnes les plus à risque de subir les conséquences des changements climatiques sur la santé, le logement, l’alimentation, etc. « On sait pertinemment que l’impact de la hausse du panier d’épicerie causée par les ravages sur les cultures affecte plus durement les personnes en situation de pauvreté, mais ça va beaucoup plus loin que ça. En période de crise, par exemple, les femmes sont plus à risque de subir des violences, qu’elles soient physiques ou économiques », rapporte Judy Coulombe du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.

Une transition juste qui ne laisse personne derrière

Nos gouvernements doivent de toute urgence réinvestir dans les services publics et réduire drastiquement les inégalités économiques qui ne cessent de se creuser. « De plus, la transition énergétique implique de grands changements qui vont inévitablement affecter nos milieux de travail et nos communautés. Les travailleuses et les travailleurs sont sur le terrain, ils et elles savent comment ça marche et ont des idées pour changer les choses pour le mieux, on n’a pas les moyens de se priver de leur expertise et de leur savoir. On doit s’assurer que la transition soit juste et qu’on ne laisse personne derrière », a déclaré François Proulx-Duperré du Conseil central Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

Grande mobilisation le 22 avril

Les sondages le disent, près des trois-quarts de la population canadienne craignent les conséquences des changements climatiques. À peu près la même proportion de la population estime que les gouvernements n’en font pas assez. « Notre défi, c’est de convaincre le monde de se mobiliser, de leur rappeler qu’on a le pouvoir de changer le cours des choses pour le mieux. C’est dans des projets de société comme la justice climatique et sociale et la transition énergétique qu’on peut avoir, en tant que nation, une mainmise sur le futur dans lequel nous voulons vivre », a rapporté Thomas Harton, de l’Association étudiante de Sciences sociales de l’Université Laval.

Une coalition régionale s’organise sur les enjeux de justice climatique et sociale