Par Marie-Ève Duchesne

Visuel : Campagne Non au troisième lien

Brandi comme un épouvantail depuis de nombreuses années, principalement dans les dernières par la Coalition Avenir Québec (CAQ), le troisième lien nous a finalement été présenté le 17 mai dernier. Un projet de dix milliards de dollars pour un tunnel d’un peu plus de huit kilomètres qui reliera Lévis au centre-ville de Québec. Le tout sur fond de vernis de développement durable, dans un plan qui inclut également le tramway, des dessertes pour les banlieues et pour la Rive- Sud, sous l’appellation du Réseau express de la Capitale (REC). Un projet coûteux, peu convaincant et qui suscite une vive opposition depuis déjà plusieurs semaines.

L’opposition rapidement en marche

Si la CAQ a tenté dans sa présentation d’amalgamer son projet de tunnel à un réseau plus « global », il n’en demeure pas mois que les arguments présentés pour justifier son choix n’ont pas été assez étoffés pour faire avaler la pilule. Dès le lendemain de la présentation du projet, des groupes sociaux* lançaient une campagne nationale d’opposition « Non au troisième lien ». Un site Internet** comprenant un argumentaire et de l’information sur le sujet ainsi qu’une pétition ont été aussi lancés pour l’oc- casion. D’ailleurs, selon certains articles parus dans les médias, en moins de 48heures, la pétition a obtenu plus de 25000 signatures.

Des impacts désastreux appréhendés

Les groupes porteurs de la campagne nationale d’opposition au troisième lien identifient bien les impacts désastreux appréhendés par le projet électoraliste de la CAQ. Les problématiques identifiées se résument à trois princi- paux axes de revendications: le gaspillage des fonds publics, l’infrastructure injustifiée et la menace à l’environnement ainsi qu’à l’aménagement durable des territoires.

Nul besoin de s’enfarger très longtemps, avec les crises actuelles que nous vivons, pour remettre le projet en question d’un point de vue des fonds publics. Est-ce vraiment la priorité actuellement de dépenser dix milliards de dollars en béton? N’a-t-on pas besoin actuellement d’un meilleur filet social, d’un investissement massif en santé, en éducation, dans le logement social?

Parce que l’infrastructure proposée n’est toujours pas justifiée. Difficile d’y voir autre chose qu’un projet électoraliste pour s’assurer des votes dans les banlieues et sur la Rive-Sud quand une étude parue en 2019 estimait que seulement 20 000 véhicules environ traversent de la Rive-Sud vers Québec en heure de pointe du matin, ce qui reste en deçà de la capacité de 30 000 véhicules des deux ponts déjà existants ***.

Mais surtout, les préoccupations sont nombreuses quant aux impacts sur les milieux de vie et gageons que le Fau

bourg ne sera pas épargné. L’augmentation des gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique sont nécessairement à prévoir quand on augmente les infrastructures routières. Plus de place pour l’automobile amène généralement plus d’automobiles sur les routes et dans nos quartiers. Les problèmes de nuisance et de sécurité causés par la circulation de transit dans le Faubourg ne risquent pas de s’amoindrir avec un tel projet. Et de nouvelles problématiques liées à la mobilité active pourraient bien apparaître. La qualité de vie des résident·e·s n’est définitivement pas à l’ordre du jour.

Loin d’être construit

En plus de la résistance des groupes sociaux et des citoyen·ne·s, on apprenait le 27 mai dernier, par le biais de Radio-Canada, que le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) exigerait une évaluation environnementale fédérale concernant le projet. Dur pour le moment de savoir si une telle évaluation fédérale sera obtenue, en plus de celle déjà prévue par Québec avec le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), ni quels seront les résultats de ces évaluations. Difficile également de prévoir si le fédéral répondra à l’appel ou non. Néanmoins, gageons que les mobilisations sur le sujet se feront sentir dans les prochaines semaines, les prochains mois, voire les prochaines années.

Pertinent, un troisième lien? Pas vraiment, non.

*Il s’agit d’Accès transports viables, du Conseil régional de l’environnement - région de la Capitale-Nationale, d’Équiterre, de la Fondation David Suzuki, de Trajectoire Québec et de Vivre en Ville.

**Pour visiter le site ou pour signer la pétition: www.nonautroisiemelien.quebec

***Analyse issue de la source suivante : Ministère des Transports du Québec, Réseau de transport de la Capitale, Société de transport de Lévis, Communauté métropolitaine de Québec, Ville de Québec et Ville de Lévis (2019). Enquête Origine-Destination 2017 sur la mobilité des personnes dans la région de Québec-Lévis – Sommaire des résultats de l’Enquête-ménages. https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/ministere/Planification-transports/...

 

Un troisième lien, ça ne sert à rien