Par Marie-Ève Duchesne

Le Centre ressources pour femmes de Beauport, le Centre Femmes d’aujourd’hui et la Maison des femmes de Québec ont organisé, le 2 avril dernier, une action citoyenne contre les féminicides et la violence conjugale. Ce rassemblement s’est déroulé devant l’Assemblée nationale et plus de 200 personnes y étaient réunies pour dénoncer l’inaction gouvernementale devant la hausse fulgurante des féminicides des derniers mois.

Depuis le début de l'année 2021, dix féminicides liés à la violence conjugale ont eu lieu au Québec, dont huit dans les dernières semaines. À la suite de ces événements, quatre regroupements nationaux en violence conjugale (l’Alliance des maisons d’hébergement de deuxième étape, le Regroupement des centres de femmes du Québec, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes ainsi que le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale) se sont réunis afin de faire front commun contre les féminicides en contexte conjugal et lancer un appel à la mobilisation dans toutes les régions du Québec. C’est à cet appel que les groupes féministes de la ville de Québec ont répondu en organisant ce rassemblement.

Pour les organisatrices du rassemblement de Québec, la violence conjugale n’est surtout pas un problème individuel : il s’agit d’un enjeu de société global qui nous concerne toutes et tous. Pour y mettre fin, des changements radicaux sont nécessaires et nous avons besoin de la participation de tout le monde pour y arriver. Mélissa Cribb, co-porte-parole de l’action, explique : « Il importe notamment de démontrer à toutes les victimes de violence conjugale, qu’elles ne sont pas seules. Il y a urgence de tisser un filet de sécurité autour d’elles en impliquant non seulement les acteurs et les actrices psycho-sociaux-judiciaires, mais également l’ensemble de la population. »

Pour y arriver, il est nécessaire de sensibiliser la population à reconnaître la violence conjugale et à entendre les femmes qui dénoncent. Pour Linh Nguyen-Biron, également co-porte-parole de l’action, il importe d’insister sur ce point : « Nous demandons au gouvernement de se mettre en action dès maintenant pour l’implantation des mesures recommandées par le comité d’expert·e·s sur l’accompagnement des victimes de violence conjugale et sexuelle.» Rappelons que ce comité avait déposé son rapport* en décembre 2020, comprenant au total 190 recommandations. Ces recommandations vont du tribunal spécialisé en matière d’agressions sexuelles et de violence conjugale, à la formation spécialisée, en passant par l’accompagnement sous toutes ses formes.

Les organisations féministes souhaitent également mettre en lumière les réalités vécues par les femmes vivant à l’intersection des différents systèmes d’oppression comme le capitalisme, le patriarcat, le racisme ou le colonialisme, par exemple. Pensons aux femmes autochtones ou inuites, à celles que la société racise, en situation de pauvreté, en situation d’itinérance, d’handicap ou aux personnes s’identifiant à la diversité des genres. Parmi les féminicides survenus dans les derniers mois, ces femmes sont surreprésentées.

* Pour en savoir plus sur le sujet, vous pouvez consulter le rapport ici : www.justice.gouv.qc.ca/victimes/violence-conjugale/consultation/

Rassemblement pour mettre fin aux féminicides