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Par Hélène de Saint-Jambe
Dessin : Hélène Matte
En coulisse, une saga se joue devant la justice : histoire de poursuites abusives intentées par des entreprises richissimes, qui s’en prennent à des individus pour les faire taire et veulent découvrir publiquement leurs noms pour en découdre et leur donner du fil à retordre. L’affaire Radio X contre la Coalition sortons les radios-poubelles, vous connaissez? Longue histoire d’une suite de requêtes menées par les avocats de RNC Médias et danslaquelle sont impliqués Vidéotron Rogers Telus et Norwich. Pour faire bref, rappelons qu’en juin 2021, la dite coalition est accusée de harcèlement et de diffamation, est poursuivie en dommage punitif et contrainte de fermer le site où elle archivait les extraits des discours honteux proférés par des animateurs — que nous pouvons, certes jusqu’ici, qualifier d’innocents (sauf ceux effectivement condamnés pour leur propos. Il y en a plusieurs).
Voilà que, deux ans plus tard, le 31 mars 2023, un citoyen, Simon-Olivier Gagnon, vient se prévaloir du droit d’une « intervention à l’amiable » afin d’instruire les parties de faits qui, une fois considérés, remettent en question la poursuite initiale. En bref, la radio-poubelle prétend que la coalition a nui à sa réputation, mais force est de constater que la radio-poubelle n’a besoin de personne pour ce faire. Elle excelle en ce domaine. Notamment, son directeur s’est vanté lui-même dans les pages du journal Le Devoir en octobre 2020 avoir invité des complotistes sur ses ondes. C’est entre autres ce que venait souligner Simon-Olivier Gagnon, doctorant en archivistique.
Or, la partie représentant les radios en cause, s’est alors sentie en danger. Et il n’y a pas que ses grossiers animateurs pour user d’emphase : en évoquant la dizaine de personnes venues assister à la séance, dont deux qui prenaient tranquillement des notes, l’un des avocats a parlé d’une foule et d’un cirque médiatique. L’intervention, malgré le calme plat des échanges, a alors été jugée agressive. C’està- dire que les faits présentés ont été préjugés comme des opinions, même s’ils relevaient de sources journalistiques et de recherches. On est allé jusqu’à dire que « monsieur fait une thèse, il s’agit donc de ses intérêts personnels ». C’est dire que maître Lévesque, avocat pour RNC Médias, déconsidère l’expertise développée aux études supérieures et envisage l’éducation comme une affaire de goûts. Surtout, en n’ayant de cesse de parler lui-même, il empêchait qu’on entende l’avis de celui qui se présentait à la cour. Le juge a suspendu la séance avant d’affirmer qu’il s’agissait d’un débat non-annoncé, que la chambre était en mode « gestion » et que c’est « en pratique » que le témoignage devait être déposé. Au sortir du local 3.14 du Palais de justice, l’avocat à la solde de RNC a pris soin d’expliquer au citoyen de quoi il en retourne : s’il veut présenter ses documents, les démarches seront lourdes et longues. Il doit les déposer au greffe et payer pour ce faire. Il sera alors appelé à un contre-interrogatoire et avant, à un pré-interrogatoire mené par lui-même. Voilà comment l’audition amicale s’est retournée en une condescendante menace. « S’enfarger comme cela dans des codes de procédures, c’est enrageant. D’autant plus lorsqu’on agit pour une chose aussi noble que l’intérêt public », conclut Simon-Olivier Gagnon.
Tandis qu’on s’est refusé à entendre un spécialiste venu volontairement, RCN mêle pourtant dans la cause ses propres « experts en enquête informatique », sans les identifier ou faire état de leur rémunération. La balance de la justice penche donc d’un bord. Qui pourra renverser le mouvement? La Ligue des droits et libertés, investie de l’affaire, invite la population à s’y intéresser. L’épisode est à suivre. Et gageons que les médias en parleront davantage quand ils pourront, comme des vautours, mettre leur caméra sur des visages plutôt que de sonder les éléments fondamentaux d’une cause qui depuis 2021 déjà ébranle le droit de critiquer un média qui cumule les propos diffamatoires et pense que la désinformation est de son mandat.