Par Gabrielle Verret, du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches

Photo : Répac 03-12

Les 1, 2 et 3 novembre derniers a eu lieu, à Québec, le colloque du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ) : Pour en finir avec les inéga- lités, sortons du capitalisme! Comme son nom l’indique, celui-ci permettait, grâce aux divers ateliers et conférences, de comprendre les causes des multiples crises sociales qui nous touchent de plein fouet (crise climatique, du logement, de l’appauvrissement généralisé, etc.) Quand je dis « nous », j’exclus évidemment la poignée d’individus qui détiennent le pouvoir politique et économique.

Cerner la cause de nombreuses inégalités

Le colloque s’insère dans une série d’actions en éducation populaire pour contrer, par le passage à l’action, la crise climatique actuelle et l’augmentation grandissante
des inégalités qui ont une cause commune : le système capitaliste. Celui-ci, dans sa tentative de croissance illimitée, brime plusieurs droits humains tout en anéantissant les écosystèmes. Néanmoins, si celui-ci perdure, c’est qu’il profite à une classe privilégiée de la société, celle qui par son accaparation des ressources mondiales ne cesse de s’enrichir et de voir ses privilèges croître, au détriment des personnes marginalisées qui vivent dans une précarité autant sociale que matérielle. Selon le rapport d’OXFAM, en 2020, le 1% de la fortune des personnes les plus fortunées correspondait au double de celle des 92% des personnes les moins fortunées (OXFAM, 2020).

Déconstruire les mythes

La première journée a été marquée par une conférence des auteurs du livre Pour une écologie du 9 %. Cette conférence ouverte à toutes et à tous a permis de déconstruire les mythes entourant le capitalisme qui nuisent à la mobilisa- tion de par la désinformation qu’ils génèrent au sein de la société. Par exemple, on pense trop souvent que la Chine est le plus gros pollueur et que si ce pays ne fait rien, tous les efforts des autres sont vains. Souvent utilisé pour justifier l’inaction gouvernementale, ce mythe nous fait oublier que le Canada est le seul pays du G7 n’ayant pas ré- duit ses émissions de gaz à effet de serre (Bilodeau, 2021) tout comme il est le deuxième pays du G20 qui finance le plus les industries fossiles selon un rapport d’Oil Change International.

Comprendre les impacts sociaux et environnementaux

La deuxième journée a permis de vivre une prise de conscience collective à l’aide de différents panels sur les origines du capitalisme, les mythes entourant celui-ci et les injustices qu’il génère. Premier constat : ce système prend racine grâce à l’exploitation d’une classe sur une autre depuis plus de 500 ans. Il a comme objectif de favoriser la croissance économique et créer une richesse qui profitera à tous et toutes. Or, à travers le temps,

les écarts de richesse se creusent de façon violente : pendant la pandémie, les milliardaires sont devenus encore plus riches alors que 150 millions d’individus ont plongé dans l’extrême pauvreté. Une preuve de plus que le système capitaliste joue un rôle d’accélérateur des inégalités pendant les crises. Les ateliers ont également apporté une perspective intersectionnelle plus que nécessaire, car certains groupes (femmes, autochtones, personnes racisées) sont désavantagés face à l’adaptation que demandent les multiples crises engendrées par le capitaliste.

S’organiser et lutter contre ce système

Pour finir, les personnes présentes au colloque ont été invitées au passage à l’action en apprenant davantage sur les moyens d’action à envisager pour revendiquer
un changement structurel du système économique actuel. Passant par l’action dérangeante, la construction d’un rapport de force et par l’art-action, les personnes participantes sont ressorties de cette journée l’esprit rempli de matière et de moyens pour lutter contre cette exploitation meurtrière qu’oblige le capitalisme. Un exemple concret de lutte gagnée a même été abordé, soit celui de Pointe-Saint-Charles. Menée principalement par la Table Action-Gardien, cette lutte a mis fin au projet de 1 milliard de dollars de Loto-Québec!

Finalement, la troisième journée a permis aux personnes présentes de rêver d’un monde sans capitalisme où respect de la dignité humaine, des droits les plus fondamentaux
et des écosystèmes sont possibles. Sculptures, peintures et poèmes ont été utilisés pour mettre des mots et des images à cet idéal collectif qui guidera les prochaines luttes sociales.

Bibliographie

Bilodeau, M. (2021, 17 octobre). Climat : Le Canada est le cancre du G7? Trois choses à savoir. Le Soleil. https ://www.lesoleil. com/2021/10/17/climat--le-canada-est-le-cancre-du-g7--trois- choses-a-savoir-4595b0344b7d31ce663028b983201e62

Reporterre (2020, 9 octobre). Avec la pandémie, les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent. Reporterre. https:// reporterre.net/Avec-la-pandemie-les-riches-s-enrichissent-les- pauvres-s-appauvrissent

POUR EN FINIR AVEC LES INÉGALITÉS : LE COLLOQUE DU MÉPACQ