Par Marie-Ève Duchesne

Photo : Charles Beaudoin-Jobin*

Une coopérative tissée serrée

Avec 18 logements, la coopérative est décrite par Charles comme un milieu de vie tissé serré où l’on se connaît vraiment bien et où les rencontres sont faciles et conviviales. La cour intérieure permet d’ailleurs ces rencontres entre voisins et voisines. Cette proximité entre les résidents et résidentes est décrite comme une force par le président. En effet, l’implication y est concrète et à échelle humaine, on peut donc plus facilement avoir le goût de donner un coup de main. La coopérative joue également un rôle de filet social localement avec sa préoccupation de donner un milieu de vie sain et sécuritaire aux personnes qui vivent avec une problématique en santé mentale.

Plus largement, toujours selon les propos de Charles, les coopératives ont un rôle important au niveau du sentiment d’appartenance à une vie de quartier. C’est en y vivant qu’on peut développer un esprit de communauté, des objectifs et des projets communs. On y retrouve également une forme de partage de valeurs communes, puisque la coopérative, c’est une expérience d’entraide financière et sociale. De plus, c’est une façon concrète de briser l’anonymat des grandes villes et de redonner un autre sens au mot « habiter ». Habiter son milieu de vie, habiter son quartier, ce n’est pas simplement payer son loyer. C’est aussi une mise en commun des expériences et des bagages collectifs, c’est faire partie d’une histoire commune, c’est vivre une expérience de démocratie locale.

Spéculation et marchandisation, des enjeux de taille

Dans une société basée sur le système capitaliste et reposant sur la préséance des marchés, lesrénovictions, les expulsions locatives ainsi que la marchandisation et la privatisation du logement sont de plus en plus importantes. Pour Charles, les coopératives d’habitation sont des remparts. Elles permettent de sortir les milieux de vie et le logement des aléas du marché. Elles sont des îlots contre la spéculation immobilière et les crises du logement.

Les coopératives d’habitation permettent de maintenir un quartier vivant où il y a de la place pour toutes les personnes, peu importe leur revenu, leur situation familiale ou leurs réalités sociales. Et sentir qu’on y a sa place, qu’on a voix au chapitre peut nous donner le goût de s’y impliquer davantage, de s’engager dans sa communauté.

Cet engagement sera d’autant plus nécessaire, nous rappelle le président, que d’autres luttes collectives seront à mener pour le droit au logement. En ces temps difficiles où le prix des loyers monte en flèche, dans un marché en surchauffe, et où plusieurs logements sont de véritables «taudis» laissés aux logiques du marché privé de l’immobilier, il nous faut plus de coopératives d’habitation. Il faut continuer de contrer l’effritement du tissu social, dans une période où nous en avons cruellement besoin.

« Chaque problème existe uniquement parce que quelqu’un en tire profit. Les taudis cristallisent à eux seuls cette exploitation économique » - Martin Luther King Jr.

 

*Une murale réalisée par l’artiste Phelipe Soldevila orne l’un des murs de la coopérative Berthelot.

** Pour en apprendre plus sur l’histoire de l’îlot Berthelot c'est par ICI

Portrait de coops : un petit tour à l’Ilot Berthelot