Par Hélène Matte 

Votre conseil de quartier s’est réuni le 25 août. L’ordre du jour était bien garni et Anthony Cadoret, qui préside avec une diligence exemplaire, a proposé de devancer l’un des points pour lequel beaucoup de citoyen·ne·s s’étaient spécifiquement déplacé·e·s : l’épidémie de vols dans le quartier. Les témoignages se sont succédés, aux classiques vols de vélos ou de colis, s’ajoutaient des infractions chez les gens, jusque pendant la nuit, en présence des résident·e·s. Le voisinage a constaté que des personnes, capuchons sur la tête, venaient régulièrement « tester » les portes, de véhicules ou d’entrée dans les immeubles, afin de vérifier si elles pouvaient s’y introduire. Quoi faire devant de tels agissements ? 

Nous avons appris que le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a arrêté deux individus en rapport aux vols. Néanmoins les craintes ne sont pas dissipées. D’abord parce que pour plusieurs, il est évident que ces personnes ne sont pas responsables de l’ensemble du brigandage, mais aussi parce que les méfaits révèlent beaucoup plus que des actes individuels. Il est clair que la situation sociale s’aggrave. Des citoyen·ne·s, inquiet·ète·s, ont démantelé elleux-mêmes un camp de fortune qu’un itinérant avait installé dans une cour du faubourg. 

Force est de constater que la pauvreté et la dépendance créent de plus en plus de détresse et que l’itinérance ne concerne pas seulement Saint-Roch. Tous les quartiers centraux, et au-delà, font de plus en plus face au problème. La hausse faramineuse du coût des loyers a été pointée du doigt. 

Que la Ville annonce un renforcement des forces policières n’est pas pour réjouir tout le monde. À quoi ces nouveaux éléments seront-ils voués ? La répression n’est pas une solution. De la conversation, a émergé la réticence de plusieurs personnes à émettre un signalement au 911, soit parce qu’elles avaient de la difficulté à en évaluer la pertinence, soit parce qu’elles craignaient la violence policière envers les personnes marginalisées ou envers elles-mêmes. Le service de police n’inspire pas confiance. 

Parmi les pistes d’actions soulevées, en voici en vrac : faire livrer ses colis au bureau de poste ; inscrire les vélos au programme Garage 529 ; utiliser des détecteurs de mouvement ; être vigilant·e et ne pas hésiter à appeler le 911 ou la ligne non urgente (418 691-6911) ; enfin, exiger un service de sécurité adapté au contexte et aux nécessités d’une approche communautaire. Nous devons réclamer un service à notre mesure et une « police de proximité » serait bienvenue. 

En somme, le sentiment d’insécurité et le besoin d’en appeler à une vigilance citoyenne sont peut-être les symptômes d’une défaillance sur le plan de la sécurité, mais le manque d’effectifs n’est pas seul en cause. Ces symptômes soulignent l’échec des gouvernements à prévenir et pallier une misère que leurs politiques, en matière de logement notamment, alimentent. À retenir : le « filtrage », une notion usée en immobilier pour camoufler la gentrification, déchire en fait le « filet social ». Créons plutôt du lien.

Plus de police ? Misère !