Par Gabrielle Verret

9 novembre 2023

Je tiens tout d’abord à souligner ma solidarité au peuple palestinien ainsi qu’aux civil·e·s Israélien·ne·s touché·e·s de toutes les façons par les événements du 7 octobre 2023 et la suite des atrocités qui ont suivi. En écrivant cet article qui se doit d’être bref, je ne prétends aucunement arriver à retracer la chronologie détaillée et le cycle de violence ayant mené à l’action du Hamas, le 7 octobre dernier. Par le fait même, je vous invite à lire davantage sur cette catastrophe humanitaire qui survient inévitablement après de longues années de politiques coloniales instaurées par l’État d’Israël, tolérées et parfois même supportées par plusieurs grandes puissances mondiales. Bien que je me tienne aux faits, il m’est impossible d’être totalement impartiale devant une si grande injustice. Pour moi, un peuple opprimé, vivant dans des conditions inhumaines et sous la menace constante de l’une des armées les plus puissantes au monde mérite un traitement médiatique beaucoup plus juste, de l’aide humanitaire de grande envergure et un appui international à son autodétermination.

Désastre humanitaire dans la bande de Gaza

Du côté israélien, on compte 1 200 décès depuis le 7 octobre dernier et plus de 200 otages ou personnes disparues. De l’autre côté, la bande de Gaza est décrite comme la plus grande prison à ciel ouvert selon plusieurs organisations non gouvernementales. Il s’agit de l’un des territoires les plus densément peuplés au monde avec un total de 2 millions d’habitant·e·s sur 360 km2, dont 40 % d’enfants âgé·e·s de moins de 14 ans. Le 15 novembre, au moment d’écrire ces lignes, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont fait plus de 11 320 morts, dont 4 650 enfants et 3 145 femmes. Plus de 28 000 Palestinien·ne·s ont été blessé·e·s, 3 250 personnes sont portées disparues et 1,6 million de Palestinien·ne·s ont été déplacé·e·s. Les bombardements comptabilisent à ce jour 25 000 tonnes d’explosifs, soit L’équivalent de deux bombes nucléaires larguées en 41 jours, détruisant complètement ou partiellement 45 % des habitations. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH), 135 établissements de santé et 289 milieux éducatifs ont été touchés par ce conflit armé. Le Hamas est un mouvement islamiste et nationaliste administrant la bande de Gaza depuis l’élection de 2006. À noter qu’après 2007, aucune autre élection n’a eu lieu et que le président de l’autorité palestinienne est Mahmoud Abbas, du Fatah. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on recense plus de 10 0000 cas de maladies développées depuis la mi-octobre à cause des coupures d’eau, de carburant et des bombardements incessants sur les installations sanitaires. En plus de toute cette  terrible désolation, il faut ajouter toutes les chirurgies, césariennes et amputations subies, notamment sur des enfants, sans la moindre anesthésie.

La mésinformation des médias concernant l’historique du conflit

Les médias ont vivement été critiqués face à la couverture de ce conflit. En effet, il est possible d’observer l’utilisation d’un vocabulaire orienté lorsque des reportages sont faits sur la situation, en privilégiant, de toute évidence, les Israélien·ne·s. Le 4e pouvoir omet trop souvent de rappeler le contexte dans lequel a émergé l’événement du 7 octobre, qui est une réponse violente à plus de 100 ans de mesures colonialistes tout autant violentes et oppressives. C’est en traçant l’historique derrière la création de l’État d’Israël, sur les terres palestiniennes, qu’il est possible de mieux saisir la réalité à laquelle le peuple palestinien est soumis, et ce, tous les jours.

En 1897, une Organisation sioniste mondiale est créée et elle a pour but la création d’un centre spirituel, territorial ou étatique pour le peuple juif en terre d’Israël, soit sur les terres palestiniennes. En 1917, la Grande-Bretagne conquiert la Palestine et promet
d’y instaurer un foyer juif. Avec la déclaration Balfour, 10 000 migrant·e·s juif·ve·s s’installent sur le territoire notamment pour fuir les oppressions vécues en Europe. Après la défaite de l’Empire Ottoman qui administrait la Palestine, c’est le Royaume-Uni qui devient le gestionnaire de ce territoire. Dans les années qui suivent, plusieurs violences entre les deux communautés éclatent. En 1948, la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël est adoptée et est suivie de la guerre israélo-arabe, au cours de laquelle environ 800 000 Palestinien·ne·s quitent leurs terres. Cet événement tragique se nomme la grande Nakba.

S’en suivent plusieurs séries de violences et de déplacements forcés : la guerre des Six Jours entre Israël et l’Égypte, où 500 000 Palestinien·ne·s ont fui (la grande Naksa), la guerre du Kippour en 1973 et les deux intifadas, soit des révolutions palestiniennes (de 1987 à 1993 et de 2000 à 2005). En 1993, la signature des accords d’Oslo est le résultat des discussions autour de la résolution du conflit israélo-palestinien. Sauf qu’en 2007, le Hamas est élu à Gaza. Israël instaure un blocus terrestre, maritime et aérien, ce qui est une violation du droit international, selon Oxfam. Le blocus fait notamment en sorte que la pêche ne peut pas être faite au-delà de 3 à 6 miles des rives de la bande de Gaza, où très peu de poissons se trouvent. Le taux de chômage augmente drastiquement, notamment à cause de plusieurs entreprises qui doivent fermer leurs portes. En 2022, le taux de chômage se situait à 55 %, selon Palestine Trade Union Federation. Il est à noter qu’avant les événements du 7 octobre, 80 % des victimes de ce conflit étaient palestiniennes, selon le BCAH. Il s’agit d’actes génocidaires dénoncés par une grande partie de la communauté internationale.

Réponse populaire mondiale devant le manque d’actions gouvernementales

Au moment d’écrire ces lignes, le Canada et les États-Unis n’ont toujours pas demandé
un cessez-le-feu. Le président brésilien a, quant à lui, dénoncé un génocide. Encore une fois, le Canada et les États-Unis, ainsi que cinq autres pays ont voté contre une résolution de l’Organisation des nations unies (ONU) qui condamnait les colonies israéliennes sur des terres palestiniennes occupées, soient Jérusalem-Est, et le Golan syrien, alors que 145 États membres ont voté en faveur de cette résolution, le 9 novembre dernier. À Québec, le 1er novembre, une motion a été déposée par Québec solidaire et appuyée par le Parti libéral et le Parti québécois pour demander l’arrêt des bombardements pour les deux parties dans le conflit, mais la Coalition Avenir Québec a refusé d’en débattre.

Des mobilisations et des actions de protestation ont lieu partout à travers le globe où des personnes de tous les horizons soutiennent la libération de la Palestine. À Londres, près de 80 0000 personnes, selon les organisateur·rice·s étaient dans les rues le 11 novembre dernier. Le 4 novembre au Canada, une vingtaine de rassemblements ont eu lieu à Toronto, Montréal, Halifax, Fredericton, Winnipeg, Calgary et Edmonton. Ici à Québec, le 21 octobre, le 29 octobre, le 4 novembre et le 12 novembre, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pour demander un cessez-le-feu. Ajoutons que plusieurs militant·e·s, artistes, député·e·s et organisations comme OXFAM, Amnistie internationale, Médecins sans frontière et l’ONU réclament un cessez-le-feu pour éviter d’empirer la catastrophe humanitaire ayant lieu.

Soutien au peuple palestinien

Il est temps plus que jamais de témoigner notre soutien au peuple palestinien, dont l’autodétermination est brimée depuis plus de 75 ans. Chaque geste et action de solidarité peut faire une différence : demandez un cessez-le-feu immédiat par l’intermédiaire de pétitions, partagez les informations et témoignages des journalistes sur le terrain, partagez les informations de la situation et participez à des manifestations. Ne restons pas silencieuses et silencieux devant une situation inhumaine. Il s’agit d’un privilège de pouvoir montrer notre indignation, tandis que d’autres personnes sont soumises à la censure ou restreintes dans leur droit de manifester.

La libération du peuple palestinien est un levier pour le droit à l’autodétermination de plusieurs autres peuples subissant diverses formes de violences au nom du colonialisme, du capitaliste et de tout autre système d’oppression.

 

Mouvement de solidarité mondial en soutien à la palestine