Par Valentin Pages

Tout a débuté lorsque le gouvernement canadien a décidé de faire payer aux géants du web le contenu des médias. Meta a alors décidé de s’opposer à cette décision démocratique en bloquant tout simplement l’accès aux différents médias sur ses réseaux. Les canadien·ne·s n’ont donc plus accès à des contenus journalistiques sur Facebook et Instagram.

Pourquoi un déni de démocratie?

Si vous avez un peu suivi les actualités autour du sujet, vous savez probablement qu’au départ, l’action de Meta est le refus d’une loi. La multinationale a décidé de sanctionner les médias canadiens à la suite d’une loi fédérale qui lui demandait de payer des droits de diffusion aux médias. Cette loi ne sera en vigueur qu’en décembre 2023. L’accessibilité aux informations est rendue plus complexe, car il faut utiliser différentes plateformes que les réseaux sociaux les plus fréquentés pour s’informer. Il faut rappeler que ces plateformes sont régies par un code déontologique de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. La Fédération favorise notamment la liberté d’expression et encadre les bonnes pratiques journalistiques. L’accès à une pluralité et des informations obtenues suite à de bonnes pratiques journalistiques est donc compromis, car Meta contrôle un peu plus l’information.

Les plus petits médias pourraient aussi souffrir d’une forte baisse d’achalandage, comme les réseaux sociaux sont parfois le principal vecteur de diffusion pour eux. Il y a des risques pour les revenus des médias, puisqu’une baisse d’achalandage résultera en une diminution du nombre de commanditaires prêts à payer pour apparaître dans le journal. « Meta et Alphabet (société mère de Google) accaparent dorénavant 80 % des revenus publicitaires numériques au Canada pendant que les revenus traditionnels des médias disparaissent », précise le communiqué de presse de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec*.

Comment résister?

Il parait difficile et même impossible pour un individu de gagner face aux géants du web. Les militant·e·s que vous êtes vous demandez sûrement quoi faire à notre échelle...

Les médias peuvent encore diffuser des infolettres, abonnez-vous pour les aider et continuer à vous informer. Il existe aussi des alternatives, X (anciennement Twitter) ou des agrégateurs entre autres** qui rassemblent, à un seul endroit, des articles de différents médias, comme une playlist de nouvelles, pour s’informer sur une seule plateforme autre que Facebook.

Le 15 septembre dernier, les médias canadiens ont demandé que rien ne soit partagé sur Facebook et Instagram, symboliquement pour la Journée de la démocratie. Les 23 et 24 août, un boycott complet des réseaux a été demandé de la part du groupe Les AMIS de la radiodiffusion. Suivre ces actions peut aider à soutenir nos médias. Demandez à votre employeur, vos ami·e·s, votre famille et le reste de votre cercle de respecter ces journées, transmettez l’information!

Pour faire diminuer le revenu de Meta au Canada, il est aussi possible d’éviter l’achat d’espaces publicitaires, puisque c’est comme cela que les réseaux sociaux font la plus grande partie de leurs revenus. Encore une fois, faites passer l’information autour de vous, c’est seulement avec la force du nombre qu’une résistance sera viable.

Enfin, une mobilisation serait peut-être pertinente de la part des médias, reste à voir la suite des choses...

* Pour lire le communiqué complet : https://www.fpjq.org/fr/prises-de-position/les-journalistes-et-les-profe...

** Certaines alternatives sont des agrégateurs de feed RSS. Pour plus d’informations : https://blog.hubspot.fr/marketing/agregateur-de-flux

Meta met en danger la démocratie