Par Valentin Pages

Photo : Noé Belleau

Vendredi 10 novembre 2023, plusieurs centaines de stagiaires et d’allié·e·s se sont retrouvé·e·s au parc de l’Amérique française dans une perspective de reconnaissance du travail étudiant et de reconnaissance du travail des femmes. Cette action se déroulait lors de la Journée internationale des stagiaires. Des milliers d’étudiant·e·s à travers la province étaient en grève cette journée-là pour marquer l’occasion.

Grâce à l’adroite organisation de l’événement, la participation fut bonne et active de la part des manifestant·e·s qui ont, entre autres, chanté durant toute la marche. L’itinéraire a aussi été conçu pour gêner l’heure de pointe sur René-Lévesque et Honoré-Mercier, jusqu’au parlement. Une réussite de cette protestation dynamique!

Il faut rappeler que les stages non salariés viennent aussi d’une inégalité structurelle basée sur la différence de genre et le patriarcat. En effet, les stages non rémunérés sont souvent des stages dans des domaines « traditionnellement féminins ». Infirmier·ère·s, enseignant·e·s, travailleur·se·s sociaux et sociales, criminologues et beaucoup d’autres sont inclus·e·s. Encore en 2023, ce genre de politique impacte les conditions de vie, particulièrement celles des étudiantes.

L’état, dans une vision de désengagement néo-libéral, injecte de moins en moins d’argent dans le domaine public et les stagiaires non rémunéré·e·s sont encore vu·e·s comme
des solutions de remplacement pour produire du travail à moindres coûts... Aussi, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, la non-salarisation des stages est parfois un répulsif pour certaines personnes à aller vers ces milieux.

D’un autre côté, quelques stagiaires bénévoles œuvrent pour le secteur privé; la main- d’œuvre gratuite est un régal, sur le dos de laquelle les entreprises font des profits. Même si ces cas sont minoritaires, il est important de ne pas les oublier. En effet, le
privé, comptant des métiers majoritairement « traditionnellement masculins », est souvent un milieu où les stagiaires sont rémunéré·e·s. C’est bien ce qu’on peut appeler un déséquilibre structurel basé sur le genre. Le fait que les hommes soient payés pour une tâche que les femmes font bénévolement, et ce, encore en 2023, est révoltant!

Alors oui, un stage est une opportunité d’apprendre, mais à quel prix? La charge de travail des étudiant·e·s travailleur·se·s est intense et la qualité de leurs apprentissages est parfois impactée par la quantité d’heures effectuées.

Ils et elles sont aussi obligé·e·s, pour gagner de l’argent et survivre à l’inflation, de travailler, ce qui s’ajoute à leurs stages et autres contraintes étudiantes. Les élèves dans ce cas doivent s’endetter ou ne jamais arrêter. Les factures (loyer, nourriture, transport, frais de scolarité, etc.) s’accumulent et plusieurs doivent avoir recours à des prêts qu’ils
et elles remboursent une fois sur le marché du travail. Mais les prêts sont souvent longs à rembourser et nécessitent parfois d’avoir plusieurs emplois, même une fois sur le marché du travail. Des impacts à long terme sur la santé mentale et physique sont parfois visibles. Le temps pour faire autre chose que de travailler est aussi réduit, la vie sociale en pâtit bien souvent...

En bref, l’endettement frappe donc des étudiant·e·s de plein fouet. Les stages non rémunérés y contribuent grandement, en plus du coût de la vie élevé. Les femmes sont bien souvent les premières victimes, servant de main-d’œuvre gratuite!

 

Le travail gratuit, ça suffit!