Par Hélène de Saint-Jambe

Photo : Hélène Matte

 

Le 8 septembre dernier sonnait l’anniversaire d’Alfred Jarry, le maître de tous les pata-physiciens du monde, y compris ceux qui s’ignorent. Afin de lui rendre hommage, des membres fondateurs du Protectorat de pataphysique québécoise et une poignée d’aspirant·e·s ont donné à entendre quelques lectures.

À l’automne 2019, sous l’impulsion de sa Majesté David Nadeau, complice de l’Académie québécoise de pataphysique, était mise sur pied (ce n’était pas un pied de nez) le Protectorat. La pataphysique, définie comme la science de l’imaginaire, a donc désormais ses assises dans la Capitale. Depuis, des événements infiniment petits ou grands, de la pandémie mondiale aux désordres personnels, et à l’élasticité plus ou moins vaste des énergies volontaires, n’avaient pas permis au groupe d’honorer son potentiel de littérature eupho- risante. Voilà que la situation fut rectifiée.

Le 8 septembre dernier, c’est-à-dire un absolu du calendrier pataphysique, l’auteur du fameux Gestes et opinions du docteur Faustroll aurait eu 150 ans. Soulignant la nativité de son poltron patron, le Protectorat organisait un récital à la Librairie Saint-Jean-Baptiste et à la bonne franquette. Des denrées verdoyantes étaient servies pour l’occasion. Algues croustillantes, jus de fruits vert et arachides au wasabi : il ne manquait que l’absinthe qui, bien qu’absente, hantait les esprit verbeux et décontractés.

On ne peut nommer tous les protagonistes de l’événement car leurs titres à coucher dehors dépasseraient à eux seuls l’espace réservé de cet article. Soulignons toutefois la présence de « AliceSuplice Apollinaire Guérichaos » – connue au sein du Protectorat sous le nom de Alice de Saint-Jambe de l’eau dans cave, des inondations mirifiques – qui a seriné des cantilènes de son cru. On a pu aussi entendre des morceaux choisis d’Ubu Roi, une version tronquée du poème Les Cinq sens de Jarry, un extrait critique du chroniqueur et chevalier à bicyclette Jean-François Nadeau, une proposition d’archivistique jubilatoire sur les incongruités urbanistiques caractéristiques de Québec ainsi que la chanson du décervelage. La vidéopoésie La Fable de la fille du berger, écrite par votre dévouée et animée par Alex Fatta, dit gardien de la grande sucette, était aussi du programme.

Cet automne, le Protectorat poursuit ses activités à la même enseigne. Le lancement du recueil Lieux toxiques, prévu le 26 octobre, sera suivi d’une cérémonie honorant simultanément sa Majesté et Lewis Caroll, nés sous une même étoile, le 27 novembre. Rendez-vous à la Librairie Saint-Jean-Baptiste.

La lib accueille les 5 à 7 pata