Par Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté

Le 18 janvier dernier, le ministre du Travail annonçait une hausse du salaire minimum de 1$, ce qui le portera à 15,25$ l’heure le 1er mai prochain. Il va sans dire que ce montant est nettement insuffisant à l’heure actuelle pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs de joindre les deux bouts, même en travaillant à temps plein.

À 35 heures de travail par semaine, une personne gagnant 15,25 $ l’heure disposera d’un revenu disponible d’environ 24500 $. Ce montant est à peine supérieur au seuil de la Mesure du panier de consommation, estimé à 23 025 $. C’est donc dire que les personnes travaillant à temps plein au salaire minimum arriveront tout juste à couvrir leurs besoins de base.

Ainsi, tout porte à croire que la tendance observée dans les banques alimentaires dans les dernières années se maintiendra. Le Bilan-Faim 2022 révélait en effet une augmentation de 37 %, depuis 2019, du nombre de personnes ayant eu recours aux services d’aide alimentaire et dont la source principale de revenus était l’emploi. Difficile de penser qu’un petit dollar d’augmentation du salaire minimum fera une différence dans la vie des gens !

Et combien faudrait-il donc pour permettre aux travailleurs et travailleuses au salaire minimum de sortir de la pauvreté ?

En 2021, la coalition Minimum 18 $ estimait le montant à 18 $ l’heure. Avec ce salaire, le revenu disponible d’une personne travaillant à temps plein (35h par semaine) se serait approché de certains indicateurs qui pourraient représenter une sortie de la pauvreté, comme le Revenu viable ou la Mesure de faible revenu à 60 % de la médiane (MFR-60). Mais c’était avant la hausse fulgurante du coût de la vie de la dernière année.

Le 1er mai prochain, même un salaire minimum à 18 $ l’heure aurait été insuffisant. D’ailleurs, en décembre dernier, le premier ministre François Legault reconnaissait lui- même qu’« il est difficile d’arriver avec 18 $ l’heure, surtout quand on a des enfants ». Après une telle déclaration, le fait que son gouvernement ait choisi de hausser le salaire à seulement 15,25 $ l’heure représente une insulte évidente aux travailleurs et aux travailleuses au bas de l’échelle.

Comme d’habitude, la principale justification du gouvernement à l’augmentation
de seulement 7 % du taux horaire est qu’il doit respecter la capacité de payer des entreprises. Mais pour le Collectif, comme pour les autres membres de la coalition Minimum 18 $, le bien-être des travailleuses et des travailleurs ne devrait jamais être négociable. Le travail au salaire minimum devrait minimalement leur permettre de vivre hors de la pauvreté et c’est au gouvernement que revient la responsabilité de leur garantir un salaire décent.

Hausse de 1 $ du salaire minimum, une insulte aux travailleuses et aux travailleurs au bas de l’échelle