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Par Andrée O’Neill
Crédit photo : FRAPRU
On ne parle plus beaucoup de lutte des classes. C’est regrettable, et l’une des illustrations les plus éloquentes de cette lutte est sûrement la situation du logement : évictions, habitations insalubres, hausses de loyer abusives, taux d’inoccupation frôlant le 0 %, etc. Mais cette situation est tout sauf une « crise ».
Dans La classe locataire, Ricardo Tranjan, chercheur principal au Centre canadien de politiques alternatives (un peu l’équivalent canadien anglais de l’Institut de recherche et d’information socioéconomique au Québec) nous démontre, statistiques et archives à l’appui, que cette « crise » est plutôt un état permanent amplement facilité par les mécanismes d’un marché immobilier bien huilé, conçu sur mesure pour la classe dominante, celle des propriétaires.
Le logement n’est pas une marchandise, malgré que c’est bien cette idée qui est véhiculée dans la culture populaire et représentée comme une porte d’accès au rêve américain, un gage d’enrichissement rapide et facile. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la popularité des sites comme Les mordus de l’immobilier ou des émissions de télé-réalité comme Flip de filles ou Passion poussière.
Ricardo Tranjan détricote le mythe soigneusement tissé de la bonne volonté des promoteurs immobiliers qui, devant la « crise », brandissent la construction de complexes d’habitation (trop chers mais rebaptisés « abordables »), comme une solution « équitable » ou « gagnant-gagnant », ou encore le mythe des « propriétaires en difficulté » qui comptent sur la location d’un bien immobilier pour leur subsistance. La vérité est plutôt que la classe propriétaire s’enrichit sur le dos de la classe locataire, et que locataires et propriétaires se trouvent de part et d’autre d’une très haute palissade.
Il n’y a aucune révélation fracassante dans cet ouvrage pour quiconque milite pour le droit au logement ou, simplement, se trouve en état de précarité résidentielle. Mais Ricardo Tranjan invite tout le monde à choisir son camp : la pénurie de logements abordables demande une solution politique; accepter de dépolitiser le débat sur cette question, c’est accepter de faire perdurer cette pénurie.
Ricardo Tranjan, La classe locataire, Montréal, Éditions Québec-Amérique, 2025.