Par Agathe Légaré
Photo: couverture du livre du plomb dans les ailes du Centraide Québec, Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent
 

En 2002, l’Assemblée nationale adoptait la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Presque vingt ans plus tard, on peut constater que le Québec se traîne les pieds. Selon une étude de Statistique Canada, publiée en février 2020 – juste avant la pandémie –, quelque 812 000 personnes au Québec n’ont pas les revenus suffisants pour se loger, se nourrir, se vêtir, se déplacer. Ainsi, presque un million d’individus se retrouvent fragilisés davantage par chaque hausse du coût de la vie: augmentation de loyer, prix des aliments, tarifs d’électricité, de téléphone, de transport en commun, etc.

Cette constatation et bien d’autres (voir les exemples tirés du livre dans l’encadré suivant) se trouvent au cœur d’un important avis de Centraide Québec,Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent, Du plomb dans les ailes, publié en octobre dernier.

L’organisme y présente six formes d’inégalités sociales à partir d’études et de chiffres, souvent ceux de Statistique Canada. Les voici :

  • les inégalités de revenu et de richesse qui peuvent être renforcées ou réduites par l’impôt, les politiques fiscales;

  • les inégalités en emploi, ici l’accès à l’emploi des per- sonnes peu scolarisées, plus âgées, immigrantes, marginalisées, etc. ; les disparités des conditions de travail et la montée du travail atypique et non syndiqué;

  • les inégalités en éducation, ici l’inégalité d’accès des élèves aux ressources spécialisées comme l’orthopho- nie, la littératie et les compétences numériques des adultes peu scolarisés;

  • les inégalités en santé, ici l’espérance de vie, le loge- ment inadéquat, les îlots de chaleur, les dommages causés par le stress subi pendant une longue période, le cas des jeunes enfants vivant et grandissant dans la pauvreté, les inégalités dans l’accès aux soins, à la prévention et au traitement des maladies;

  • les inégalités en matière de justice, ici l’aide juridique, les petites créances, la médiation et l’accompagnement des plaignants, plaignantes devant les tribunaux, le profilage des personnes itinérantes et des personnes racisées;

  • les inégalités en environnement, ici les épisodes de chaleur extrême en été, les précipitations de pluie in- tenses en hiver, l’insécurité alimentaire.

La COVID pourrait avoir creusé, aggravé les inégalités. Centraide prévoit déjà une mise à jour de l’avis. L’organisme affirme dès maintenant : on a le pouvoir et le devoir de changer les choses, de réduire les inégalités sociales. Comment ?

L’Assemblée nationale doit adopter trois grands principes pour encadrer les actions gouvernementales en matière de fiscalité, d’éducation, de santé, de justice, d’emploi et d’environnement : « La réduction des inégalités est prioritaire. L’amélioration du revenu du cinquième le plus pauvre de la population prime sur l’amélioration du revenu du cinquième le plus riche.Les personnes les plus touchées par les inégalités sociales doivent être au cœur de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des actions gouvernementales qui les concernent. » (p.159)

Une loi ne suffira pas. Il faudra des indicateurs mesurant les inégalités, des rapports à l’Assemblée nationale et... bien des manifs pour faire avancer les choses. De ça, Centraide ne parle pas.

 

Du plomb dans les ailes: avis sur les inégalités sociales