Par: Pascaline Lamare

Photo: Pascaline Lamare

Début février, la Ville de Québec a annoncé que les rues résidentielles allaient voir leur vitesse diminuer à 30 km/h. Une mesure réclamée depuis des années par le Comité populaire, et qui devrait se concrétiser au cours du printemps.

Si les rues principales resteront à 50 km/h, cela ne devrait plus concerner que 25 % des artères de la Ville. Concrète- ment, pour le faubourg, cela signifie que la rue Saint-Jean, le boulevard René-Lévesque et l’avenue Honoré-Mercier vont rester à 50 km/h, et que toutes les autres rues vont descendre à 30 km/h. Cela est plutôt bienvenu, considérant l’étroitesse des rues du quartier, dont l’urbanisation s’est faite avant l’avènement de l’automobile et le problème de la circulation de transit.

Le Comité populaire a documenté cette problématique et s’engage depuis plusieurs années pour que de telles mesures soient mises en place. On se souviendra par exemple de la campagne «Dans Saint-Jean-Baptiste... Wô les moteurs!» en 2017-2018, qui exigeait la réduction de la vitesse automobile à 30 km/h pour l’ensemble du faubourg Saint-Jean-Baptiste, sauf pour les rues partagées déjà réduites à 20 km/h.

Dans notre quartier, majoritairement résidentiel, cette limitation est un enjeu de sécurité pour les résidentes et résidents. Les nombreux obstacles parsèment nos trottoirs en toutes saisons, et marcher sur la rue ne devrait pas nous exposer à une mise en danger simplement parce que nous nous déplaçons sur la chaussée faute de mieux.

Rien qu’en 2020, six accidents mortels sont survenus sur le territoire de la ville de Québec, dont cinq concernaient des cyclistes, piétons et piétonnes. Les données des accidents, compilées et cartographiées par Accès transports viables, indiquent clairement que les quartiers centraux (Saint- Roch en tête) sont plus dangereux pour les cyclistes et les piétons, piétonnes que d’autres quartiers plus résidentiels. La récente mise à jour de la carte des accidents routiers avec piéton(s), piétonne(s) ou cycliste(s) sur le territoire des villes de Québec et Lévis, de 2005 à 2018, permet de constater que nous subissons notre lot d’accidents plus ou moins graves.

Depuis 2006, plus d’une centaine d’accidents, dont sept graves et un mortel, ont été répertoriés dans le quartier. Certaines zones accidentogènes sont bien connues, et la palme revient sans nul doute à l’avenue Honoré-Mercier, où l’on relève plus de trente accidents sur la période, ou sur René-Lévesque, qui a connu une vingtaine d’accidents, dont un mortel. Et la seule zone à 30 km/h, à proximité de l’école, n’est pratiquement jamais respectée.

De fait, quand la Ville a annoncé sa Stratégie de sécurité routière cet automne, et des investissements de 60 millions de dollars sur cinq ans, on a pu pousser un soupir de soulagement. Et quand, la semaine dernière, Régis Labeaume a déclaré que « la vitesse [était] l’ennemie principale de la sécurité routière», après avoir pourtant dit en 2017 que la diminution de la vitesse à 30 km/h ne fonctionnait pas, on s’est dit que l’idée avait enfin fait son chemin, autant au niveau politique qu’au sein des services techniques de la Ville.

Onze sites accidentogènes doivent être corrigés en priorité cette année sur tout le territoire de la Ville. Dans Saint- Jean-Baptiste, la zone de l’avenue Honoré-Mercier et des intersections avec les rues Saint-Jean et Saint-Joachim fera l’objet d’interventions cette année. Nous espérons simplement que la Ville aura pris en compte les usages des piétons, piétonnes avant de faire les travaux, afin de ne pas répéter certaines erreurs, comme mettre une seule traverse piétonne sur Salaberry au niveau de Richelieu, alors que la moitié des gens traversent plus bas, au niveau de Saint- Olivier, pour rejoindre Lucien-Borne.

La Ville consulte

Heureuse coïncidence, la Ville consulte actuellement sur les enjeux de mobilité active. Par « mobilité active », on entend la marche, le vélo, les fauteuils roulants, la

trottinette et tout autre mode de déplacement nécessitant l’effort humain, y compris ceux demandant l’assistance d’un moteur électrique (bicyclette assistée, par exemple).

Pandémie oblige, la Ville consulte en ligne, grâce à des cartes interactives, sur lesquelles les citoyennes et citoyens sont invités à indiquer les endroits problématiques et les solutions potentielles. Trois sujets, trois cartes : la Ville veut notre avis sur la mobilité des piétons, piétonnes et cyclistes, et de l’intermodalité.

Pour la carte sur les vélos, on peut par exemple proposer l’ajout de supports à vélo à tel ou tel endroit, la nécessité de déneiger tel ou tel corridor, ou signaler un aménagement dangereux. Pour la carte des piétons, piétonnes, on peut signaler un défaut de sécurisation, un passage piéton dont le délai ne permet pas de traverser si on est à mobilité réduite, des problèmes de déneigement de trottoir... On peut signaler des liens à ajouter, des liens informels à formaliser, proposer d’améliorer des liens existants, signaler les endroits dangereux (nommés « points d’inconforts »), ou encore les liens à déneiger.

Les consultations sont ouvertes jusqu’au 31 mars. Pour accéder aux cartes, on peut se rendre sur le site suivant: https://participationcitoyenne.ville.quebec.qc.ca/mobilite-active

Par la suite, la Ville devrait déposer son projet de Vision de la mobilité active à l’été 2021. Elle prévoit également d’autres consultations, par le biais de l’application Mon trajet Québec en septembre, sur le projet de Vision à l’automne, et enfin déposer son rapport de consultation et adopter officiellement la Vision de la mobilité active à l’hiver 2022.

 

Des rues résidentielles à 30 km/h, enfin !