Par Fabien Abitbol

Le 12 mars 2020, dans la foulée d’une annonce de l’organisation mondiale de la santé (OMS), le premier ministre Legault annonçait un premier confinement. Le Québec devenait ainsi la première région d’Amérique du Nord à se mettre au rythme des restrictions et de l’isolement, six jours avant que le Canada ne filtre ses frontières aériennes.

Au cours de ces deux années, le Québec en a vu de toutes les couleurs, comme divers pays, d’une consigne à son opposé, prenant des décisions souvent peu expliquées, parfois pas étayées, et seulement en février 2022 a laissé entrevoir un début de souplesse pour la mi-mars. Certes les élections d’octobre approchent, mais annoncer le 22 février la fin du port du masque à l’école le 7mars (alors que se termine la semaine de relâche) n’est peut-être pas la plus belle idée... surtout que les 5-11 ans n’étaient que 40 % à être doublement vacciné·e·s au 21 février, une paille par rapport aux 93 % dans la tranche d’âge 12-17 ans.

De même, un couvre-feu extrêmement long en 2021 (du 9 janvier au 28 mai) était-il efficace pour autre chose que faire baisser mécaniquement le nombre d’accidents de la route?

Lors de la « première vague », le Québec a affiché un nombre impressionnant de mort·e·s. Essentiellement dans la grande région de Montréal, essentiellement des personnes âgées, essentiellement dans des lieux clos (CHSLD). Paradoxalement, la ministre de la Santé a pris la porte et la ministre responsable des Aîné·e·s a conservé son portefeuille.

L’industrie du tourisme a dû supporter le choc de l’absence de touristes étranger·ère·s, mais aussi les fermetures à répétition des restaurants par le gouvernement Legault. D’autres commerces aussi ont dû fermer. Puis ont pu rouvrir mais avec diverses conditions, et ainsi de suite. La méthode yoyo.

À l’arrivée, des anti-mesures sanitaires s’attribuent (ou tentent de le faire) une victoire par rapport à la levée de certaines mesures de restrictions. Alors que 86 % des 5 ans et plus avaient leurs deux doses de vaccin en date du 21 février.

Parmi les mesures toutes fraîches, on peut citer la fin du passeport vaccinal lors des offices religieux, l’abolition du plafond de 500 personnes dans les spectacles, ou la simple recommandation de ne pas être plus de dix dans un domicile. Alors qu’au Jour de l’an il était impossible de manger au restaurant ou d’aller boire un verre entre ami·e·s. Est-ce que le système de santé va tenir le choc, après deux ans sous une tension extrême?

En voulant, comme un geste symbolique, lâcher du lest deux ans après les premières restrictions, alors que le petit frère de Omicron se développe, reste à espérer que le gouvernement ne mettra pas à mal le réel effort de la majorité de la population. Le nombre de chirurgies retardées va prendre des années à se résorber, les appels au GAP (guichet d’accès aux soins de première ligne) risquent de saturer les lignes lorsque ce service sera généralisé, à la fin du mois de mars, si le gouvernement tient les délais. Autres signes de l’épuisement de beaucoup : le délai d’attente pour recevoir la visite d’un·e travailleur·se social·e s’est allongé même pour les personnes ayant peu d’autonomie, tout comme celui de traitement des demandes d’aide sociale.

La situation est très loin du « Ça va bien aller » qui nous était seriné sans nuance presque chaque jour voici deux ans.

COVID : deux ans, et après?