Par Marie-Andrée Côté, Anna Delot et Alexia Oman, membres du Jardin populaire du Faubourg 2021

Un soir de septembre, trois personnes qui se connaissent à peine échangent autour d’une bière, dans un bar à la terrasse sublime et au nom blasphématoire. Leur point commun ? Tout l’été, telles de petites abeilles, elles ont gravité autour de quelques smart pots bien garnis en végétaux : le Jardin populaire du Faubourg. Ceci est le récit d’une expérience nourrissante à bien des égards.

En dehors de nos chaperon·ne·s du Compop, nous étions neuf, presque tou·te·s néophytes en jardinage. L’expérience a pris en partie la forme d’un apprentissage : nous avons découvert des variétés de légumes et de fines herbes qu’on ne connaissait peu ou pas. Chacun·e de notre bord, nous n’aurions pas nécessairement pensé à essayer telle ou telle variété. Personnellement, je suis devenue fan de kale. Déçue par la faible production de notre menthe, Marie-Andrée a inventé un mojito où la mélisse se substitue merveilleusement à la menthe, qui l’aurait cru ?

Découvrir donc de nouvelles variétés, de nouvelles pratiques (ne jamais négliger l’importance du caca de poule pour le bon développement des tomates !) Expérimenter ou retrouver le plaisir de se mettre les mains dans la terre ; jouer dehors, au soleil, tout simplement. Utilement. Goûter des fraises à même le pied. Susciter la curiosité, les sourires et les questions des passant·e·s. Rapporter fièrement sa petite récolte chez soi, tel un trésor : en pleine rue Saint Jean, ça ne passe pas inaperçu !

Revenons à notre petit bilan sur la terrasse. Pas le choix de constater l’échec avec nos zucchinis. Comment ça, on aurait pu les polliniser nous-mêmes ? Et on aurait donc ben dû prendre cette petite bière-là avant, c’est tellement le fun ! Même si on n’a pas pu éviter quelques petits pépins (!).

L’expérience de jardin collectif n’était pas à son maximum justement en raison de la limitation des contacts sociaux. À notre avis, ce projet dépasse les intérêts écologiques. Il permet des rencontres, des échanges, tisse des liens entre les gens d’une communauté, d’un territoire autant qu’il permet d’établir un plus grand lien avec la terre. Ainsi, étant limité·e·s à des échanges numériques sur Facebook, nous n’avons pas pu saisir tous les bienfaits du travail collectif, notamment des échanges de connaissances sur le jardinage, ou même sur des idées de recettes à faire avec nos cueillettes. Même si nous sommes tou·te·s débutant·e·s, nos connaissances sont soudainement plus présentes en échangeant ensemble.

Une terrasse, une bière et de la bonne compagnie, il n’en faut pas plus pour que notre discussion sur les améliorations souhaitées pour le jardin diverge vers des projets et des rêves plus ambitieux pour la communauté du quartier.

Qu’est-ce qui amène un groupe de personnes ayant peu d’expérience en jardinage à se regrouper pour s’occuper d’un jardin urbain ? Pour Marie-Ève Duchesne du Compop, « il s’agit là d’un point positif du projet quand on réussit à mobiliser des personnes qui veulent apprendre et tester leurs compétences d’agriculture urbaine ». Peu importe ce qui nous anime individuellement, la mise en oeuvre de ce type de projet doit être accessible à la communauté de Saint-Jean-Baptiste.

Le quartier a besoin d’espaces plus grands, adaptés, accueillants, qui permettent, non seulement, de cultiver des produits frais, mais également de se rassembler. L’entraide, le partage de connaissances, l’apprentissage collectif, le partage des produits de la terre, le vivre-ensemble : un jardin collectif peut produire bien plus que des légumes lorsqu’on lui en donne l’opportunité...

Après le bouillon pour l'âme : le caca de poule pour le moral !