Par Pascaline Lamare

Une cinquantaine de personnes ont participé le 18 mai à une soirée de présentation des premières ébauches du réaménagement des rues Saint-Olivier (entre Salaberry et Philippe-Dorval) et Philippe-Dorval (sur toute sa longueur). Pour la Ville, il s’agit de partager aux citoyen·ne·s les premières ébauches et recueillir les commentaires en vue de proposer un concept qui réponde aux aspirations des résident·e·s.

Les réaménagements visent les rues Saint-Olivier, entre Philippe-Dorval et Salaberry, et Philippe-Dorval. Il s’agit d’une première phase, rendue possible par les travaux de réfection des infrastructures souterraines (aqueduc et égouts) et de la chaussée qui sont prévus. La Ville saisit en effet désormais l’occasion des travaux d’entretien majeurs pour effectuer des réaménagements de surface. Cette soirée se fait à la suite des consultations réalisées par la Ville au cours de l’hiver 2022, dont les résultats ont d’ailleurs été présentés. Si les réaménagements sur Saint-Gabriel et Claire-Fontaine avaient fait l’objet d’une consultation au même moment, les travaux sur ces deux rues ont déjà commencé, alors que l’analyse des données et les propositions de concepts pour les rues Saint-Olivier et Philippe-Dorval ont été décalées d’une année. Pour Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère municipale du District Cap-aux-Diamants, cette soirée est l’occasion de voir « comment on est capable d’améliorer la sécurité des gens qui se déplacent en mobilité active et comment verdir nos rues ». Elle ajoute que « les choix que nous allons faire vont avoir un impact sur notre communauté et amener notre quartier à faire face aux changements climatiques ». De fait, il est important de planifier les aménagements qui seront réalisés sous peu dans une perspective à moyen et long terme et éviter des erreurs d’aménagement qui pourraient pénaliser le quartier dans 25 ou 30 ans, erreurs que le quartier n’a que trop subies.

Des consultations en faveur du verdissement et de la sécurité des usager·ère·s
La consultation menée auprès des résident·e·s concerné·e·s par le réaménagement de la rue Saint-Olivier montre un très fort appui au verdissement et à la sécurité des piéton·ne·s. En effet, le verdissement est un élément incontournable pour 74 % des répondant·e·s, les piéton·ne·s pour 67,3 %, le déneigement des trottoirs pour 45,6 %, les cyclistes pour 36,4 %. Le maintien des stationnements n’est une priorité que pour 27,5 % des répondant·e·s. En outre, 51,6 % des répondant·e·s indiquent marcher sur les trottoirs en été seulement et 60,6 % d’entre eux marchent dans la rue toute l’année. La moitié des répondant·e·s affirment qu’il existe un problème de visibilité aux intersections dans la rue Saint-Olivier, 74,2 % un problème de vitesse. Par ailleurs, ce sont 90,9 % des personnes consultées qui sont en faveur de transformer la rue en rue partagée et 81,9 % sont favorables à la perte de stationnements sur rue pour y arriver. Du côté de la rue Philippe-Dorval, les taux sont similaires. En effet, les deux tiers des répondant·e·s ont indiqué marcher sur les trottoirs en été seulement et 44,4 % marcher sur rue toute l’année. Selon 55,6 % des répondant·e·s il existe un problème de visibilité aux intersections dans la rue. Les deux tiers des personnes consultées sont en faveur de la transformation de la rue en rue partagée permanente et à la perte de stationnement pour donner plus de place au verdissement et aux piéton·e·s.

Un quartier qui a besoin d’amour
Le projet vise à mettre à niveau les aménagements piétonniers pour sécuriser les déplacements actifs et affirmer leur potentiel, alors même que dans la situation actuelle, les trottoirs sont délabrés, étroits, tout comme la largeur d’emprise, que de nombreux encombrements (poteaux, boîtes techniques, bornes incendies, poubelles, marches…) parsèment les trottoirs et impliquent que les piéton·ne·s utilisent régulièrement la chaussée pour se déplacer. Par ailleurs, le quartier étant celui dont l’indice de canopée est le plus faible de la Ville et où les îlots de chaleur sont nombreux, le projet vise également à végétaliser les rues, principalement par la déminéralisation et la plantation, pour passer d’un taux de canopée actuellement de 10 % à 15 %.

Les esquisses présentées ont pour but de répondre à plusieurs objectifs, notamment en matière d’accessibilité universelle, d’accessibilité pour tous les modes et usages (urgence, livraison, déneigement, etc.) et assurer l’équité entre les différents usager·ère·s de l’espace public. La Ville vise également à offrir un cheminement piétonnier sans obstacle, continu, confortable et quatre saisons, avec une attention particulière pour les intersections. Elle souhaite apaiser la circulation automobile afin de redonner un caractère local aux rues du quartier, augmenter la canopée, bonifier le verdissement, déminéraliser et réduire l’effet îlot de chaleur. Elle souhaite en outre maintenir les aménagements cyclables existants sur Philippe-Dorval et Sutherland et maintenir une offre de stationnement sur rue pour les résident·e·s du secteur. Cinq principes directeurs louables, que le Comité populaire invite à concrétiser réellement dans les projets de réaménagement.

Les aménagements proposés
Deux projets ont été présentés pour la rue Saint-Olivier (voir illustrations 1 et 2). Le premier correspond en quelque sorte à un statu quo, puisqu’il conserve le maximum de stationnements sur rue, mais il sécurise les intersections avec des renflements. Ceci permet du verdissement sur 40 mètres au total. Le second projet vise l’aménagement d’une rue partagée, avec le retrait des 28 stationnements sur le côté sud, un traitement différent de la chaussée aux intersections, des rétrécissements avec saillies, du verdissement sur plus de 250 mètres et un aménagement inclusif pour les personnes à mobilité réduite.

Du côté de la rue Philippe-Dorval, la Ville propose également deux scénarios. Le premier propose des saillies aux intersections mais maintient les trottoirs tels quels, tout comme le nombre de cases de stationnement. Cela permet de verdir environ 60 mètres de rue. Le deuxième scénario demeure assez conventionnel, mais vise la rue conviviale, en élargissant le trottoir ouest et en retirant 13 cases de stationnement pour verdir sur environ 135 mètres.

Des scénarios bien accueillis et des enjeux soulevés
En majorité, les scénarios ont été bien accueillis par les personnes présentes lors de la soirée, nonobstant quelques inquiétudes. La plupart des citoyen·ne·s accueillent très favorablement les changements et se prononcent pour les scénarios 2, qui proposent plus de verdissement, d’aménagements sécuritaires, de circulation apaisée. Le Comité populaire a tenu à souligner l’importance de la circulation de transit sur Saint-Olivier et son impact sur la qualité de vie des résident·e·s, tout comme la dangerosité de l’intersection Salaberry et Saint-Olivier. Il a invité la Ville à aller au bout de sa logique et à assumer pleinement l’objectif de favoriser une mobilité active et sécuritaire en développant le plus possible les rues partagées. L’argument de la circulation automobile, des voies en pentes ou autres ne devraient pas être un obstacle à la nécessité d’aménagements en faveur de la qualité de vie locale.

Au sein des groupes de travail, quelques discussions ont été plus houleuses, certaines personnes présentes ne souhaitant voir aucune modification dans leur environnement, en particulier en ce qui a trait au retrait de cases de stationnement. Mais plusieurs personnes ont également invité la Ville à aller plus loin dans ses réflexions. Il a même été proposé que l’on modifie le sens de la circulation entre Sutherland et Salaberry, pour empêcher la circulation de transit et augmenter la sécurité des usager·ère·s. La transformation en rue partagée est perçue de manière positive, et certaines personnes présentes ont encouragé la Ville à aller encore plus loin en matière de verdissement (pour s’assurer notamment que l’on puisse avoir des arbres et non juste des bacs de fleurs) et de protection des usager·ère·s vulnérables de l’espace public. Plusieurs propriétaires se sont montrés favorables à l’idée d’avoir des bacs de plantation le long de leurs immeubles.

 

Par ailleurs, la question d’une vision globale de l’aménagement se pose, pour éviter que les problèmes actuels (stationnement, transit) ne soient déplacés vers les quartiers environnants. Une des craintes exprimées vise à s’assurer que le quartier Saint-Jean-Baptiste ne se transforme pas en un quartier où les résident·e·s permanent·e·s ne peuvent se stationner, à l’instar du Vieux- Québec. Enfin, l’enjeu du stationnement est ressorti. Si une grande partie des citoyen·ne·s présent·e·s n’ont pas d’enjeu majeur avec la perte de cases de stationnement, il convient de tenir compte des besoins en matière d’autopartage, de livraisons (notamment du dépanneur au coin Philippe-Dorval et Saint- Olivier), de visites de proches-aidant·e·s ou de personnel médical), voire de s’assurer que les vignettes de stationnement répondent réellement aux besoins des résident·e·s locaux.

Les suites du projet
La Ville procèdera à l’analyse et l’intégration des commentaires et préoccupations émis par les citoyen·ne·s au cours de l’été 2023, en vue de produire des plans finalisés. Ces plans seront officiellement présentés aux citoyen·ne·s à l’automne 2023, période durant laquelle on procèdera également à la réalisation des plans et aux devis. On prévoit que les travaux débuteront au cours du printemps ou de l’été 2024, pour s’achever à la fin de l’automne 2024.

Les travaux qui seront réalisés l’année prochaine devraient être poursuivis par une deuxième phase, pour réaménager les rues Sutherland, Saint-Olivier entre Philippe-Dorval et Sutherland ainsi que la rue de la Tourelle, jusqu’à Sutherland. Les modifications apportées aux aménagements de surface sont envisagées à l’échelle plus globale du quartier, dans le cadre d’un travail de planification en vue d’offrir des cheminements piétonniers, sans obstacle, continus, confortables, quatre saisons et végétalisés. Cette planification a également pour but d’augmenter la canopée, bonifier le réseau cyclable, régulariser et uniformiser l’offre de stationnement. Enfin, une démarche d’analyse de l’offre en stationnement pour l’ensemble du quartier est prévue dans les prochaines années.

 

Vers des rues partagées sur Saint-Olivier et Philippe-Dorval ?