Par Pascaline Lamare

Dans le cadre de la campagne municipale, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste a rencontré les candidats et candidates du district Cap-aux-Diamants lors d’un « débat en plein air » qui s’est tenu au parc Berthelot le 2 octobre dernier.

Plus d’une centaine de personnes ont assisté aux échanges, qui ont permis d’aborder les enjeux jugés essentiels pour le quartier : crise du logement, aménagement urbain, circulation automobile, îlots de chaleur ont ainsi été au cœur des débats.

Les cinq candidat·e·s dans le district de Cap-aux- Diamants se sont prêté·e·s à l’exercice en répondant aux questions préparées collectivement au sein du Compop. Prenant appui sur les diverses déclarations publiques des candidat·e·s ou des programmes officiels des partis au cours des dernières semaines, ces questions ont permis aux candidat.e.s de s’exprimer chacun·e pendant une quinzaine de minutes. Peu importe les enjeux abordés, tou·te·s ont mis de l’avant l’importance du dialogue et de l’écoute, ainsi que de consulter les citoyennes et citoyens du Faubourg sur les problèmes vécus au quotidien, même si parfois ces problèmes ont déjà été documentés amplement par le Compop.

Pour Marie-Ève Duchesne, permanente du Compop, il était important de donner un espace pour entendre les engagements des candidat·e·s en lice pour le district : « Au- delà des grands principes énoncés par les différents partis, nous voulions écouter concrètement ce que les candidat·e·s prévoient faire à l’échelle locale pour améliorer la qualité de vies des résident·e·s ».

Cynthia Laflamme – Québec 21

Première candidate à prendre la parole, Cynthia Laflamme, pour Québec 21, a pu s’exprimer sur l’engagement du parti à planter 115000 arbres sur le territoire de la ville de Québec d’ici 2030, notamment dans la Cité-Limoilou. Mettant de l’avant l’importance de l’acceptabilité sociale en la matière, elle s’est montrée ouverte à ce que l’on enlève des stationnements pour y planter des arbres (semblant ainsi indiquer une évolution par rapport aux déclarations de Jean- François Gosselin sur l’importance de conserver des cases de stationnement en 2017), ainsi que de verdir mieux et plus les parcs actuels, comme le parc Berthelot.

Interrogée sur la vie de quartier et les commerces de proximité, Mme Laflamme a précisé que ces commerces doivent permettre de couvrir les besoins de base des citoyen·ne·s, et que ces services permettent de maintenir les résident·e·s dans les quartiers comme Saint-Jean-Baptiste ou le Vieux-Québec. Quant à l’hôtellerie illégale, « on n’est pas contre AirBnb, mais contre l’hébergement illégal » a-t-elle indiqué, précisant qu’il fallait obtenir plus de données, investir dans des solutions rentables, mettre plus d’inspecteurs sur les dossiers et enfin rendre la délivrance de permis (pour les logements Airbnb) plus facile.

Selon Québec 21, l’enjeu essentiel de cette élection municipale se joue sur le projet de tramway, qui devrait être remplacé par un métro. Pour le Comité populaire, cela soulève plusieurs enjeux en termes de gentrification et de circulation de transit, ce que Mme Laflamme a rapidement démenti sans pour autant préciser sa pensée.

Enfin, sur la question du logement social, Mme Laflamme dit être consciente du besoin croissant de la population en termes de logement abordable. Revenant sur le projet d’utiliser le terrain de la centrale de police Victoria pour y faire du logement social, elle a précisé qu’il s’agissait là d’un site exceptionnel, à proximité des services et qu’un projet en harmonie avec le milieu pourrait y voir le jour.

En guise de conclusion, Mme Laflamme a précisé que « Saint-Jean-Baptiste a clairement manqué d’amour dans les dernières années. Vos trottoirs sont désuets, les installations pour enfants sont peu actualisées, les parcs mal entretenus. Je veux des gens qui soient heureux de vivre dans ce quartier. Améliorer la vie de quartier est notre priorité. Plus vous allez être heureux, plus vous allez rester ici ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Boufeldja Benabdallah - Équipe Marie-Josée Savard

Boufeldja Benabdallah, représentant de l’Équipe Marie- Josée Savard, est associé à la volonté de l’administration sortante d’instaurer une politique du vivre-ensemble. Interrogé sur le projet   d’acquérir l’église Saint-Jean- Baptiste pour «assurer sa pérennité et en faire un espace communautaire», M. Benabdallah a indiqué que le projet visait à « redonner à cette bâtisse sa vocation première, qui est une vocation sociale. Nous voulons l’acquérir et ensuite avec les citoyens monter un programme pour savoir quoi en faire » tout en précisant qu’il s’agirait d’un lieu « de débat, d’échange, mais aussi convivial ».

En ce qui à trait à la poursuite de la mise en œuvre de la Vision de l’habitation – qui prévoit augmenter le nombre d’unités de logement social et abordable et favoriser les projets situés dans un rayon de 800 mètres du réseau structurant de transport en commun – M. Benabdallah a indiqué que l’équipe était en plein travail et mis de l’avant la réserve foncière de 15 millions de dollars dont s’est dotée la Ville. En ce qui concerne le projet porté par le Compop sur le terrain de l’ancien Patro, le candidat a précisé qu’il faudrait faire l’évaluation du projet, en prenant en considération les exigences du programme Accès Logis, celles du patrimoine et les enjeux de stationnement.

Quant aux prochaines étapes pour l’aménagement d’un quartier à échelle humaine, notamment via des rues partagées, M. Benabdallah a indiqué vouloir sécuriser les rues et souhaite s’assoir avec les citoyen·ne·s pour quantifier les actions à mener. Il s’est également engagé à augmenter le nombre de rues partagées une fois que les résultats de l’enquête de satisfaction auront été analysés et à ne pas donner « un quitus au troisième lien sans que le citoyen ne soit d’accord ».

Pour conclure, Boufeldja Benabdallah a déclaré : « Nous n’avons pas la quintessence des réponses rapides et précises, mais nous avons le désir et le souhait de faire le bien à cette ville ». S’adressant aux autres partis en lice, il a déclaré « vous n’êtes pas mes adversaires. Vous êtes des gens qui avez une vision pour faire avancer le bonheur et la beauté de cette ville. Nous on a une vision, nous pensons qu’elle sort de la mêlée, qu’elle est meilleure. [...] Mais si la vôtre est intéressante, soyez-en sûr que je vous supporterai ».

 

Alexia Oman – Transition Québec

Interrogée sur les mesures concrètes qui pourraient être appliquées au Faubourg en matière d’aménagement urbain, Alexia Oman a indiqué qu’il était important de garder le quartier à échelle humaine. « On est chanceux ici, on a pensé nos quartiers en fonction des individus. L’affaire, c’est qu’on est venus mettre un paquet de chars à travers ça » a-t-elle indiqué, avant de préciser que « pour le centre-ville, on veut d’abord et avant tout verdir », au détriment des cases de stationnement. « Il faut revoir notre dépendance à la voiture. Une de nos priorités, c’est de se donner du transport en commun et actif agréable, sécuritaire et gratuit pour tous et toutes » a précisé Mme Oman.

Questionnée sur la proposition de Transition Québec visant à accorder plus de pouvoir aux sociétés de développement commercial, de les inclure dans les décisions relatives à l’aménagement, Mme Oman a tenu à préciser que « peu importe les acteurs, il faut que les gens soient écoutés, et pas juste par des sondages », que les conseils de quartier devraient également « avoir beaucoup plus de pouvoir» et qu’il fallait « décentraliser le plus possible, dans une optique de transition écologique ».

Quant aux enjeux de logement, la proposition de Transition Québec d’instaurer une politique exigeant 20% de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux dans tous les nouveaux développement de cinq logements et plus a permis à la candidate de répéter la volonté de « vraiment s’attaquer à la crise du logement». Elle met également de l’avant les coopératives d’habitation, car il « est important que les gens puissent s’organiser, autant pour leur logement que pour leur garderie, et que l’argent revienne dans leurs poches ».

En guise de conclusion, Alexia Oman a indiqué être « vraiment fière de pouvoir [se] présenter » cette année avec Transition Québec. On amène des idées innovantes, courageuses. « On a envie d’avoir une ville à l’échelle humaine, qu’on parle à nos voisins voisines, nos arbres ». Elle souhaite que l’on « puisse s’organiser en ayant en tête les différences, les différentes réalités des individus, de la collectivité. C’est vraiment important de redonner du pouvoir aux organismes, aux personnes qui sont concernées mais qui ne se sentent pas écoutées ».

 

Mélissa Coulombe-Leduc- Québec Forte et Fière

Interrogée sur les mesures que comptait mettre en place Québec Forte et Fière pour lutter contre les inégalités sociales, Mélissa Coulombe-Leduc a dû réserver sa réponse étant donné qu’une annonce officielle du parti à ce sujet était prévue le lendemain du débat. Le plan de réduction des inégalités, présenté le 3 octobre, comprend notamment l’instauration d’une tarification sociale pour le réseau de transport collectif de Québec, une fiducie foncière dédiée au logement social ainsi qu’un meilleur soutien, notamment financier, aux organismes communautaires de la région.

Revenant sur les possibles infrastructures sécuritaires et efficaces pour chaque mode de déplacement dans un espace aussi densifié que le quartier, la candidate a indiqué vouloir augmenter le nombre de rues partagées, voire piétonnes pour Saint-Jean-Baptiste. « On veut pérenniser les rues partagées expérimentées cet été. On parle de vrais aménagements physiques, des saillies de trottoirs, pour ralentir la circulation ». La candidate a également précisé vouloir bonifier le réseau de pistes cyclables et que la limitation de la rue Saint-Jean à 30km/h demeurait un objectif, notamment pour décourager la circulation de transit.

Interpellée sur le fait que, contrairement au maire sortant, Bruno Marchand (chef de QFF) ne couperait pas les placements publicitaires de la Ville sur les ondes de CHOI Radio X, Mme Coulombe-Leduc a indiqué que dans la mesure « où on veut être une administration municipale qui parle à tous les segments de la population, dans la mesure où on sait que la Ville de Québec est l’une des plus divisées et si on part du principe que les fusions municipales ne sont pas terminées, il faut parler à tout le monde, et ça passe par ces radios-là ».

En conclusion, Mélissa Coulombe-Leduc a indiqué que lorsque QFF a été créée, « on faisait le constat que dans l’offre politique actuelle il y avait un manque en termes de leadership d’équipe, mais également en matière de véritable écoute, de dialogue citoyen. Pour nous le dialogue citoyen devrait être au cœur de l’action politique d’une action municipale responsable. Une administration municipale, pour bien gouverner, doit parler avec tous les segments de la population, prendre le temps de dialoguer et d’écouter. On a misé sur la division pour se garder au pouvoir, et ce n’est pas notre façon de faire ».

David Johnson - Démocratie Québec

Pour David Johnson, si la campagne est le moment où les enjeux sortent, « le vrai travail commence après les élections. On espère élire des gens conscients des enjeux, qui sont capables d’être diplomates et de trouver des solutions ». Il a également indiqué que le rôle des groupes sociaux était de rester mobilisés et de «mettre la pression pour s’assurer que les élus tiennent leurs promesses ».

En matière de circulation de transit, le candidat a précisé vouloir travailler principalement sur les rues partagées, afin de réduire la circulation des véhicules, améliorer la sécurité et le confort des déplacements à vélo et verdir les rues. Citant en exemple les aménagements de la rue Père-Marquette dans Montcalm, il souhaite prioriser cette approche pour sécuriser le transport actif. Interpellé sur le besoin de « police de proximité » exprimé dans les propositions de Démocratie Québec, le candidat vise « une meilleure relation entre la police et les citoyens » et précise qu’il faut « donner plus de ressources aux services sociaux » étant donné les problèmes vécus par les personnes interpellées.

Reprenant la proposition élaborée par Marc Boutin et le comité aménagement du Compop pour le terrain du Patro, David Johnson a indiqué que l’idée de transformer le projet en coopérative d’agriculture urbaine, avec notamment des serres sur les toits des bâtiments venait d’exemples montréalais et internationaux. Ce type de projet permet de réduire les îlots de chaleur, de diminuer l’insécurité alimentaire et de produire à l’année longue. Quant au financement, le candidat a indiqué vouloir se référer à l’expertise du ComPop en la matière, tout en rappelant que nous étions dans une ville très riche, financièrement capable d’assurer les surcoûts entraînés par un tel projet.

Pour conclure, M. Johnson a souhaité rappeler que «c’est un vrai privilège d’être ici et de pouvoir [se] présenter lors de cette campagne ». « Je trouve qu’on est dans une période de changement, à Québec, dans le quartier. De gros changement se passent, on veut que ça soit pour le mieux. Ça prend du courage, de l’audace, il faut arrêter de vouloir gérer la ville comme une business, une ville est d’abord et avant tout un lieu social, un environnement ».

 

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