En novembre 2013, le Comité populaire avait mené une action symbolique sur le site de l'ancien patro Saint-Vincent-de-Paul

Texte : Mathieu Houle-Courcelles

Photo : Véronique Laflamme

Patro Saint-Vincent-de-Paul, Place Québec : depuis quelques semaines, les annonces se multiplient sur ces sites stratégiques situés aux abords de notre quartier. Pendant que les promoteurs s’agitent, les citoyens et les citoyennes se mobilisent.

Les conséquences du PPU
En 2010, la Ville de Québec a adopté dans la controverse son Programme particulier d’urbanisme pour la colline Parlementaire. Plusieurs promoteurs ont ainsi obtenu d’importantes modifications au zonage leur permettant de réaliser des projets immobiliers hors normes, qui autrement auraient pu être soumis à des processus de contestation référendaire. C’est notamment le cas pour le complexe Europa, dont la construction s’achève actuellement au coin de la rue d’Aiguillon et de l’avenue Honoré-Mercier.

Depuis quelques semaines, de nouveaux projets sortent des cartons des promoteurs immobiliers. Les nouveaux co-propriétaires de Place Québec, de la compagnie d’assurance Industrielle Alliance, prévoient construire une tour à bureaux de 15 étages au coin de la rue Saint-Joachim et de l’avenue Honoré-Mercier. Son PDG, Yvon Charest, s’est montré très clair sur ses intentions : « Il va sûrement y avoir des développements majeurs dans la prochaine année, car si on l’a acheté, c’est pour aller de l’avant. On n’achète pas une bâtisse comme ça à 50 % pour ne pas utiliser son plein potentiel » (Le Soleil, 9 mai 2014).

On se demande comment la compagnie pourra atteindre ses objectifs de croissance « dans le meilleur intérêt de la population environnante », comme elle l’affirme dans ses communiqués de presse, sachant ce qu’implique l’ajout d’un gratte-ciel sur la qualité de vie des résidantes et résidants (perte d’ensoleillement, pollution visuelle et sonore, volume automobile accru, etc.) La compagnie est-elle prête à rencontrer directement les citoyennes et les citoyens pour leur présenter son projet et ses retombées pour le quartier ?

Jaro débouté en cour
La nouvelle était attendue depuis longtemps. Le 2 mai, la Cour suprême du Canada rendait sa décision dans la cause opposant la Ville de Québec à Jacques Robitaille, propriétaire depuis 1997 de l’ancien Patro Saint-Vincent-de-Paul. On se souviendra que le promoteur s’était vu imposer une amende de 200 $ en 2008 pour avoir opéré illégalement un stationnement commercial sur ce site. Robitaille a choisi de contester l’amende jusqu’en Cour suprême, où il a finalement été débouté. Contre toute attente, la Ville a décidé de faire appliquer la décision rapidement, entraînant la fermeture du stationnement moins d’une semaine après la décision du tribunal. Le Comité populaire est intervenu pour réclamer l’expropriation du site, pour y développer un projet mixte (logement social, commerces de proximité, espaces verts, etc.) répondant aux besoins de la population résidante du quartier. Dès le lendemain, le maire Labeaume emboitait le pas, affirmant que la Ville « avait un plan » et allait enclencher le processus d’expropriation. Mais comme il fallait s’y attendre, le promoteur a tout de suite pris la balle au bond, en affirmant avoir un projet « très sérieux » dans ses cartons. Il n’en fallait pas plus pour que notre maire enterre la hache de guerre… On nous promet maintenant « un gros projet »  qui sera dévoilé à la mi-juin. Mais comme pour Place Québec, il semble que les résidantes et résidants soient les derniers informés de ce qui se trame en coulisse. Quoi qu’il en soit, le Compop entend maintenir la pression afin que le développement immobilier ne se fasse pas au détriment du caractère résidentiel et populaire du quartier.

 

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Extrait de l'édition d'été 2014 du journal l'Infobourg

Développement immobilier : aurons-nous notre mot à dire?