10 000 manifestants et manifestantes un 22 juin : du jamais vu à Québec Le mythe d’un phénomène montréalais Lors de son passage à l’emission Tout le monde en parle, l’ex-ministre de l’éducation, Line Beauchamp, disait que la grève étudiante était surtout un phénomène montréalais. Elle affirmait du même souffle que la région de Québec était pour la hausse. C’était oublier un peu vite les grévistes de l’Université Laval.

Des milliers de grévistes à Laval On l’oublie souvent, mais la grève étudiante a été lancée le 13 février dernier par des associations étudiantes de l’UQAM et… de l’Université Laval. Le nombre de grévistes varie de semaine en semaine, au gré des votes des assemblées générales, mais il est loin d’être anecdotique. Au moment d’écrire ces lignes, on parle en effet de 14 811 grévistes à l’Université Laval, ce qui en fait la deuxième université québécoise en terme de nombre absolu de grévistes. Pour des raisons financières, il n’y a eu qu’une seule manifestation nationale à Québec, le 1er mars, depuis le début de la grève et elle n’a regroupé « que » 8 000 membres de la CLASSE. Évidemment, la métropole, avec ses quatre universités historiques (sans compter les campus satellites) et sa quinzaine de cégeps, a été le théâtre de manifestations nationales autrement plus imposantes. Néanmoins, plusieurs manifestations locales des associations étudiantes de Québec ont dépassé le millier de personnes, ce qui, pour Québec, est énorme. Un second souffle La mobilisation à Québec a vraiment pris un second souffle au début du mois de mai, alors que s’est installée la tradition quotidienne des manifs de soir. Comme le rassemblement est toujours au même endroit, l’Assemblée nationale, et à la même heure, 20 h, ces manifs permettent à (presque) tout le monde de participer. Même si la plupart du temps les manifestantes et les manifestants se comptent par centaines, certains soirs, en fonction de l’actualité et de l’implication ou non des associations étudiantes, leur nombre a grimpé jusqu’à 2 000. Si on ajoute les concerts de casseroles dans les quartiers, on peut dire que Québec fut le théâtre de trois ou quatre manifestations par soir de la fin-mai à la mi-juin. Notons qu’il s’agit pour l’essentiel, surtout depuis l’adoption de la loi spéciale, d’un mouvement spontané fait d’initiatives individuelles, « coordonnées » sur les réseaux sociaux, ce qui est inédit. Au moment d’écrire ces lignes, le calme semble être revenu... Personne ne sait si le mouvement de révolte s’est essoufflé ou s’il ne prend qu’une pause estivale, mais, une chose est sure, prétendre qu’il ne s’agit que d’un phénomène montréalais relève du mythe ou de la mauvaise foi. Surtout après la manifestation du 22 juin qui a rassemblée plus de 10 000 personnes à Québec au même moment qu’une manifestation nationale à Montréal. Du jamais vu ! == Extrait du numéro d'été 2012 du journal l'Infobourg

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