17 mars 2011 - Le FRAPRU ne cache pas sa colère face au budget présenté par le ministre des Finances, Raymond Bachand. Non seulement celui-ci viole-t-il un engagement électoral du premier ministre du Québec, Jean Charest, mais il rend la construction de logements sociaux dépendante de nouveaux modes de financement présentement élaborés par la chaire de recherche CIRANO qui, l’été dernier, a mené une charge à fond de train contre le logement social.

Le FRAPRU rappelle que, lors de la campagne électorale qui a mené à sa réélection en décembre 2008, le premier ministre Charest s’était engagé par écrit à prolonger « le programme AccèsLogis pour 5 ans à raison d’un minimum de 3000 nouvelles unités par année, pour un total de 15 000 nouveaux logements sociaux et communautaires ».

Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, se scandalise qu’après avoir livré la marchandise minimale en 2009 et 2010, le gouvernement Charest diminue de 1/3 sa contribution pour la baisser à 2000 logements : « Comment pourrions-nous accepter que le gouvernement renie la parole donnée aux plus mal pris de la société et qu’il retranche 70 millions $ dans les budgets accordés aux mal-logés et aux sans abri ? ». Il précise que le respect intégral de l’engagement de 3000 logements n’aurait eu qu’un impact financier mineur en 2011-2012 et 2012-2013.

Le FRAPRU n’est pas rassuré que le gouvernement lie, pour les années à venir, son « intention de poursuivre le programme de construction de logements sociaux et communautaires » à l’amélioration de « l’ingénierie financière des investissements dans le logement social et communautaire » . « Confier à la néolibérale firme CIRANO le mandat d’élaborer de nouveaux modes de financement du logement social, comme le gouvernement l’a fait récemment, c’est comme confier la banque de sang à un vampire », s’exclame François Saillant. Le FRAPRU entend donc poursuivre ses pressions pour le financement de 50 000 logements sociaux en cinq ans, ce qui permettrait de répondre plus adéquatement aux besoins des 261 000 ménages locataires qui, selon les chiffres mêmes des gouvernements, ont des besoins pressants en matière de logement.

Le FRAPRU salue la légère amélioration du programme Allocation-logement dont l’âge d’accès sera abaissé graduellement de 55 à 50 ans. L’organisme croit cependant que cette amélioration n’enlève rien à la nécessité de réformer en profondeur ce programme dont les principaux paramètres n’ont pas été modifiés depuis 1997, ni à celle de doter le Québec d’une véritable politique de soutien au revenu.

Du pareil au même

Le FRAPRU constate par ailleurs que le gouvernement s’accroche à ses grandes orientations budgétaires et fiscales, même si elles ont été dénoncées tout au long de l’année par les milieux syndicaux, communautaires, féministes et étudiants. « Le budget 2011-2012 continue sur la voie de la fragilisation et de la tarification des services publics. Il consacre l’abandon presque total de la lutte contre la pauvreté. Il ignore les nombreuses alternatives fiscales qui auraient permis de rendre la fiscalité plus juste, en mettant davantage à contribution les personnes à plus haut revenu et les grandes entreprises. C’est ça l’avenir que le gouvernement est en train de nous préparer ! », conclut François Saillant, en promettant que la riposte ne tardera pas. Le FRAPRU poursuivra la lutte au sein de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics dont il est membre fondateur.

Le FRAPRU accuse Raymond Bachand d’avoir renié la parole donnée aux locataires à faible revenu